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lundi, 04 avril 2011

Figures de type syntagmatique

Une figure de type syntagmatique consiste en une altération du signifiant et porte sur l'axe syntagmatique. 

L'apocope est la suppression d'un ou plusieurs phonèmes à la fin d'un mot : M... au lieu de Merde. La P... respectueuse de Sartre.  Tous les sigles correspondent à des apocopes : CGT, SNCF, BTS...

Lorsque les phonèmes supprimés sont à l'intérieur d'un mot (M'sieur) on parle de syncope. Lorsque, cas plus rare, ils sont au début, on parle d'aphérèse : ... man (pour maman)

L’anagramme (substantif féminin), du grec ανά, « en arrière », et γράμμα, « lettre », anagramma : "renversement de lettres", est une construction fondée sur une figure de style qui inverse ou permute dans le syntagme les lettres d'un mot ou d'un groupe de mots, pour en extraire un sens ou un mot nouveau. Jeu littéraire, il peut aussi avoir une valeur ésotérique. Il a fait l'objet de l'attention autant des linguistes - à l'instar de Ferdinand de Saussure - que des psychanalystes et des poètes contemporains. 

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Le palindrome (substantif masculin), du grec πάλιν / pálin (« en arrière ») et δρόμος / drómos  (« course ») est une figure de style  appelée aussi palindrome de lettres, c'est-à-dire un texte ou un mot dont l'ordre des symboles (lettres, chiffres, etc) reste le même qu'on le lise de gauche à droite ou de droite à gauche comme dans l'expression « Ésope reste ici et se repose. »  «In girum imus nocte et consumimur igni » 

Une paronomase consiste à rapprocher dans le syntagme des mots comportant des sonorités semblables, mais qui ont des sens différents. On appelle paronymes des mots qui se ressemblent par leurs sons : La tapisserie de la pâtisserie. L’horreur de l’erreur… 

 

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samedi, 26 mars 2011

Anne Méaux

BIOGRAPHIE : Anne Méaux est née en 1954. En 1968 (elle a 14 ans) elle monte un comité antigrève au lycée Jules Ferry. Bachelière à seize ans, elle est diplômée de sciences Po à 19, et lauréate du concours générale en version latine. Elle milite au GUD (groupe union défense) et se postionne à droite parcqu'à l'époque, « tout le monde était à gauche ou mao », fait de nombreux petits boulots. En 1974, elle se range dans le camp du président Giscard, nouvellement élu. et commence à militer. 

En 1976, Giscard, qui ne s'entend plus avec son premier ministre Chirac, craint la déroute et choisit le terrain de la communication pour réagir. Il établit une cellule de communication à l'Elysée (jusqu'alors ne s'y trouvait qu'un service de presse assez classique) qu'il confie à Bernard Rideau. Ce dernier engage Anne Méaux qui reste 

« La commpunication politique apprend beaucoup, explique Anne Méaux. En politique, par définition, vous avez 50 % de la population contre vous. Donc il faut faire passer des messages à des gens hostiles. On apprend à parler à un éléctorat flottant. »  

Après 1981, elle s'occupe de Jean CLaude Gaudin, Alain Madelin, dont elle intègre le cabinet lorsqu'il devient ministre de l'industrie. Elle rencontre François Pinault et les grands patrons français. A partir de 1988, elle se détourne de la communication politique pour s'occuper de la communication d'entreprises Avec Marie Hélène Descamps, elle a créé Image 7 en 1988 (visiter le site de l'agence).

Aujourd'hui, l'entreprise compte une soixantaine de salariés, tous recrutés pas ses soins. Elle a 120 clients à l'année, parmi lesquels toute la galaxie Casino, PPR, Bouygues Télécom... C'est elle qui conseille la Société Générale lorsqu'eclate l'affaire Kerviel. Le chiffre d'affaires de sa société est estimé à plus de 15 millions d'euros

En 2011, Anne Méaux et Michel Calzaroni coachent les deux tiers du Cac 40. Avec Stéphane FOuks ou Michel Calzaroni, elle est considérée comme l'un de ces gourous de la communication qui conditionnent l'opinion.

 


Anne Méaux : "J'aime pas les faux culs" par Cadremploi



vendredi, 25 février 2011

France info

 

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Advertising Agency: Euro RSCG C&O, Suresnes, France
Creative Directors: Olivier Moulierac, Jérôme Galinha
Art Director: Julien Saurin
Copywriter: Nicolas Gadesaude
Photographer: Marc Gouby
Production: Jeanne Halfon, Guillaume Talon
Agency Manager: David Millier

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dimanche, 20 février 2011

Edward Bernays (1891-1995)

 

Né à Vienne en 1891, Edward Bernays est le double neveu de Freud (1856-1939) : son père est le frère de la femme de Freud tandis que sa mère (Anna Freud)  est sa sœur. Cette filiation lui permit de connaître les théories de la psychanalyse (le moi, le surmoi, le ça) et d’utiliser le prestige de cette filiation comme moyen de se faire connaître.

Sa famille quitta Vienne en 1892 pour s’installer à New York où son père exerça le négoce du grain. Le jeune homme fit des études d’agriculture, puis se détourna vers le journalisme et devint, à partir de 1912 publiciste. C’est lui qui promeut le ténor Enrico Caruso (1873-1921) et le danseur Nijinski (1890-1950), ainsi que les ballets russes.

En janvier 1919, il participe en tant que membre  de l’équipe de presse à la commission Creel à la conférence de la paix de Paris. La commission Creel était un laboratoire de propagande moderne, qui avait en 1917 inventé le célèbre oncle Sam (« I want you for US Army ») et mis sur pied la technique des « four minute men ».

De retour à New York en 1920, E. Bernays ouvre un bureau « de relations publiques » qui va connaître un tel succès qu’on le considère comme le fondateur des relations publiques. En 1928 il publie Propaganda comment manipuler l'opinion en démocratie, ouvrage dans lequel il décrit les mécanismes de la propagande moderne, et qui fut détourné par Goebbels.

Son succès le plus considérable fut d’amener les femmes à la cigarette en associant la cigarette à leur désir inconscient d’égaler les hommes.

Voir les deux videos suivantes : 

 

Lire en suivant ce lien le livre Propaganda ainsi qu'une préface sur Bernays de N. Baillargeon

 

vendredi, 18 février 2011

Rober Ezra Park (1864-1944)

 

Si William I. Thomas doit être considéré comme l'inspirateur de l'école sociologique de Chicago, c'est Robert Park qui en devient la figure la plus marquante au cours des années 1920. Ce dernier n'entra pourtant à l'université de Chicago qu'à l'âge de quarante-neuf ans, après un parcours mouvementé. D'abord journaliste pendant une dizaine d'années, il avait éré ensuite l'élève de William James à Harvard, puis de Georg Simmel à Berlin. De retour aux États-Unis, il avait pris une part active au débat sur les relations raciales en devenant l'assistant du leader noir Booker Washington. Le problème des minorités ethniques demeura l'un des thèmes majeurs de son œuvre sociologique, et sa vision du monde urbain portait la marque des multiples expériences qu'il avait accumulées à la faveur de ses enquêtes-reportages.

Deux ans après son arrivée à l'université de Chicago, Park publia en 1915 son premier article (The City. Propositions de recherche sur le comportement humain en milieu urbain). Ce texte célèbre définit les grandes orientations théoriques et le programme scientifique de ce qui deviendra très vite l'école de l'écologie humaine.

« Laboratoire social » par excellence, la ville est pour Park l'objet d'étude privilégié du sociologue. En continuité plutôt qu'en rupture avec le travail du journaliste, les enquêtes ethnographiques doivent être multipliées pour en saisir l'infinie diversité. Simultanément, l'intelligence de ses principes d'organisation appelle une approche de type écologique, sur le modèle de l'écologie naturelle qui étudie les relations entre les différentes espèces animales et végétales présentes sur un même territoire. L'intention de Park est en effet de saisir dans toute leur complexité les rapports que les citadins entretiennent avec un milieu à la fois matériel et humain qu'ils ont eux-mêmes façonné, et qui se transforme en permanence.

Communauté humaine élargie qui se nourrit en permanence de nouveaux apports, la ville « est à l'homme civilisé ce que la maison est au paysan », selon le mot que Park reprend de Spengler. Elle doit être analysée à la fois comme un système d'individus et d'institutions en interdépendance, et comme un ordre spatial. Elle se compose d'une « mosaïque » de communautés et de groupes ayant chacun sa culture, son histoire et ses intérêts propres. Les citadins se distribuent dans l'espace de l'agglomération en fonction de processus de filtrage, de regroupement, de ségrégation, qui tout à la fois se fondent sur les diversités d'origines et d'appartenances, les réaménagent et produisent de nouvelles différenciations. La compétition économique pour l'espace produit ainsi des zones, des quartiers, des aires que Park qualifie parfois de naturelles  dans la mesure où elles se forment et se transforment indépendamment de tout plan concerté d'aménagement urbain.

Les unités de voisinage servent de cadre à de nouvelles formes d'enracinement, même précaires, dans des territoires et des réseaux. Aussi le quartier peut-il être considéré dans certains cas comme un véritable milieu de vie, justiciable d'une analyse proprement écologique. Tel est notamment le cas des ghettos et, d'une façon plus générale, de tous les quartiers où une minorité ethnique ou religieuse préserve ses liens communautaires et son identité à la faveur de processus qui mettent en jeu simultanément la recherche du semblable et l'exclusion par autrui. Il en va de même, dans une certaine mesure, pour les secteurs résidentiels suburbains où l'agrégation de ménages aisés, l'aspiration à un même mode de vie et le développement d'un fort contrôle social local tendent à réactiver les appartenances héritées tout en produisant de nouvelles identités collectives.

Toutefois la ville n'est pas seulement une mosaïque de micro-milieux et ne se réduit pas à la somme de ses quartiers. Elle est faite de tensions permanentes entre la mobilité et la fixation, entre le cosmopolitisme et l'enracinement local, entre la centralité et la vie de quartier. À la manière des espèces animales et végétales en situation de concurrence sur un même territoire, les espaces urbains et les communautés humaines qui les occupent se redéfinissent continuellement, selon des processus analogues à ceux identifiés par l'écologie naturelle (invasion, succession, symbiose, etc.). Seule une observation ethnographique des conduites et des mentalités permet de comprendre pleinement le sens de ces changements. Par exemple, les itinéraires résidentiels des immigrants sont la traduction spatiale du « cycle des relations raciales » qui, selon Park, conduit progressivement les nouveaux venus à l'assimilation. Tout en suscitant de nouvelles identités et de nouvelles appartenances, la grande ville tend à placer les relations sociales sous le signe de la mobilité, de la réserve et de la distance.

Aussi Park accorde-t-il une attention particulière aux figures de l'étranger, de l'immigrant, de l'« homme marginal » (titre d'un article de 1923), qui lui servent d'analyseurs privilégiés pour une anthropologie du citadin.

Comme le devenir de la ville est scandé par les ruptures et les crises, sa compréhension passe aussi par l'étude de pathologies urbaines. Dans le prolongement des travaux de William Thomas, Park et ses collaborateurs ont ainsi été les pionniers d'une sociologie de la déviance et des petites gens, qui occupe une place importante dans leurs études empiriques et a ouvert la voie à une analyse interactionnelle des pratiques culturelles et des mentalités —

 

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Les petites gens 

 


 

jeudi, 10 février 2011

La double contrainte

On nomme double contrainte (double-bind) une paire d'injonctions paradoxales  consistant en une paire d’ordres explicites ou implicites intimés à quelqu’un qui ne peut en satisfaire un sans violer l’autre. To bind (bound) signifie « coller », « accrocher » à deux ordres impossibles à exécuter avec un troisième ordre qui interdit la désobéissance et tout commentaire sur l’absurdité de cette situation d’ordre et de contre-ordre dans l’unité de temps et de lieu. Sans cette troisième contrainte, ce ne serait qu’un simple dilemme, avec une indécidabilité plus-ou-moins grande suivant l’intensité des attracteurs.

La double contrainte existe seulement dans une relation d’autorité qui ordonne un choix impossible et qui interdit tout commentaire sur l’absurdité de la situation. Dans une situation d’indécidabilité, le dilemme est une nécessité de choisir (Comme dans le Cid de Corneille où les aléa de la vie place le héros face à un choix difficile), tandis que l’injonction paradoxale est une obligation (un ordre) de choisir.

L’injonction paradoxale est bien illustrée par l’ordre sois spontané(e), souvent utilisé par Paul Watzlawick comme exemple, où devenant spontané en obéissant à un ordre, l’individu ne peut pas être spontané. Autre exemple qu'il cite souvent : 

Une mère rend visite à son enfant et lui offre deux cravates, une bleue et une rouge. À la visite suivante, l’enfant se présente avec la cravate rouge. La mère lui dit : « tu n’aimes pas la cravate bleue » ?
À la visite suivante, l’enfant se présente avec la cravate bleue. La mère lui dit : « tu n’aimes pas la cravate rouge » ?
À la visite suivante encore, l’enfant se présente avec les cravates bleue et rouge à la fois au cou et sa mère lui dit : « Ce n’est pas étonnant que tu sois placé en pédopsychiatrie » !

 

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Effets sur l’individu :

  • La double contrainte empêche toute prise de décision adaptée.
  • Elle génère des sentiments diffus de malaise, d’impuissance, de confusion des idées ou des affects. Elle donne le sentiment d’être en faute ou incompétent, d’être de trop ou spectateur de ce que l’on fait.
  • Elle entraîne la perte de confiance dans son ressenti.
  • Elle provoque des impasses relationnelles, un vécu de castration et des situations non gagnantes.
  • Elle peut rendre a-réactionnel (sans réaction).
  • Elle rend la situation « a priori » insoluble, inextricable.
  • Elle pourrait même bloquer l’énergie de vie.

Comment s’en sortir ?

La capacité à se sortir d’une double contrainte dépend bien évidemment de l’âge et des ressources personnelles de l'individu qui y est soumis, comme de la nature de la relation entre les deux individus. Selon G. Bateson, la conséquence positive de la double contrainte est d’obliger l’individu à développer une « double perspective créative ». En clair, pour s’en sortir, l’individu est invité à :

  1. Réduire l'intensité ou changer la nature de la relation qui provoque la double contrainte.
  2. Repérer la double contrainte, en prenant conscience des messages contradictoires qu'elle induit.
  3. Métacommuniquer et recadrer, autrement dit, communiquer sur la communication en dévoilant les non-dits, en relisant la situation à un niveau différent. Par exemple, communiquer sur l’absurdité d’une demande peut être une façon de la dépasser.
  4. Adopter un comportement différent : oser l’humour, la métaphore, la créativité, la spontanéité, s’impliquer, oser se révéler, oser être qui l’on est, faire différemment plutôt que davantage, etc… C’est une véritable prise de risque identitaire qui encourage à être créatif plutôt que réactif.

 

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Asterix chez les Corses - exemple de double contrainte

 

 

 

 

mardi, 25 janvier 2011

Qui a peur de Virginia Woolf (2)

qui-a-peur-de-virginia-woolf-franck-perrogon-01.jpgL'un des huis clos les plus féroces du répertoire théâtral contemporain, Qui a peur de Virginia Woolf, dans une nouvelle traduction de Daniel Loayza, est mis en scène par Dominique Pitoiset, qui en est également l'interprète aux côtés de Nadia Fabrizzio.

 

Quatre personnages y partagent la scène, deux couples de deux générations différentes.  Sur le campus universitaire de la Nouvelle Carthage, un samedi soir. Les enseignants et leurs épouses sont invités comme chaque semaine chez le président de l’Université, le père de Martha, pour y faire la connaissance des nouveaux venus.

 

Quand Martha et son mari George rentrent chez eux à deux heures du matin, ils sont saouls et épuisés, mais Martha annonce à George qu’elle a invité  un jeune enseignant et sa femme, nouveaux sur le campus. Lorsque Nick et Honey arrivent, ils sont entraînés dans des jeux et des règlements de compte, dont ils ne se contentent pas d’être les arbitres, mais des joueurs à part entière, malgré eux, sans connaître les règles complexes et mouvantes fixées par George et Martha.

 

C’est le début d’une guerre des mots où tout est permis. Au cœur de cette guerre, il y a l’allusion au fils de George et Martha, qui doit rentrer le lendemain pour son anniversaire, et que les deux personnages utilisent comme arme l’un contre l’autre. Mais il est aussi question des parcours de vie de ces deux couples que tout oppose, et des spécialités respectives de George et Nick, l’Histoire et la Biologie. C’est d’abord George qui fait les frais des attaques, humilié par Martha qui décrit son incapacité à reprendre la direction de l’Université et son manque de virilité, puis c’est contre les invités que la violence se retourne, quand George raconte l’histoire d’un jeune couple arriviste et sans amour ressemblant trait pour trait à Nick et Honey.

 

Quand George annonce à Martha que leur fils a été tué et qu’il ne rentrera pas, on comprend avec les invités que ce fils n’était qu’une invention une illusion construite tout au long de leur vie commune par les deux personnages, et dont ils doivent à présent se passer. Les masques tombent et chacun va se coucher au petit matin, seul avec ses peurs.

 

La guerre ? Oui, on dirait la guerre, celle qui n’en finit pas de revenir, sous toutes ses formes : guerre des sexes, des générations, des clans, des savoirs ; guerre aussi entre soi et soi-même. Une guerre aux mille facettes, ou mille lignes de front qui s’enchevêtrent, mille stratégies mouvantes, mille et une ruses tactiques qui ne cessent de transformer l’aspect du terrain.

Une question d’humanité : À chacun de s’y reconnaître comme il pourra, d’être sensible à tel ou tel enjeu. L’essentiel, c’est que cette guerre soit ressentie comme étant la nôtre, et donc comme actuelle, encore et toujours.

Comment faire pour que la pièce, jouée en 2009, n’apparaisse pas comme une pièce historique, sans plus ? Edward Albee lui-même semble s’être posé la question. En 2005, à l’occasion d’une reprise à Broadway, il a en effet retouché en ce sens son texte sur certains points (les allusions à un avortement de Honey ont été fortement atténuées : de fait, depuis la décision de la Cour Suprême américaine dans le cas Roe vs Wade en 1973 qui a décriminalisé l’interruption de grossesse, le choix de Honey ne porte plus la même charge de scandale).

Comment faire, donc, pour que le public d’aujourd’hui accède à la profonde actualité de l’œuvre? En jouant le texte dans un décor qui se fasse oublier – lumière nocturne, grand canapé, bouteilles – et en le jouant dans tout son tranchant, dans une traduction nouvelle, scrupuleusement fidèle, de sa version la plus récente. À titre personnel, et peut-être parce que je vais me charger de ce rôle-là, je suis particulièrement sensible à la lutte qui oppose George, l’homme des lettres et du «passé» (qui se rêve plus ou moins consciemment en père de son jeune hôte), à Nick, l’homme des sciences et de l’«avenir» (qui tient fugacement lieu de fils imaginaire de son aîné).

C’est-à-dire au conflit entre ceux qui n’ont pas su ou voulu se mesurer au pouvoir et ceux qui trouvent tout naturel d’être ambitieux et de réussir à tout prix. Car il me semble que cette bataille-là fait rage aujourd’hui. Mais les autres ne sont pas moins importantes. Et si je parvenais à faire éprouver, l’espèce de paix désespérée qui demeure, par-delà le fracas de toutes les armes, comme l’ultime secret unissant George et Martha – si je parvenais à faire entendre comment ils parviennent à se tendre la main et à se toucher à travers toutes les ruines, j’aurais vraiment atteint mon but.

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lundi, 24 janvier 2011

Qui a peur de Virginia Woolf ? (1)

220px-Edward_Albee.jpgPour le grand public, Edward Albee reste avant tout l'auteur de Qui a peur de Virginia Woolf ? (Who's Afraid of Virginia Woolf ?). Cette pièce fut précédée de quelques autres, plus brèves (Zoo Story, Le Tas de sable [The Sandbox], La Mort de Bessie Smith [The Death of Bessie Smith] et Le Rêve de l'Amérique [The American Dream]). Elle fut la première à être montée à Broadway, en 1962. Par son succès, elle assura à son auteur la célébrité. Qui a peur de Virginia Woolf ?, dont le titre saugrenu est emprunté à une inscription murale, devait tenir l'affiche quinze mois, être enregistrée sur disques, tournée en film et présentée un peu partout dans le monde (à Stockholm dans une mise en scène d'Ingmar Bergman, ou à Paris dans une mise en scène de l'Italien Franco Zeffirelli).
Edward Albee est un auteur dramatique américain né le 12 mars 1928 à Washington, D.C. (États-Unis). Adopté deux semaines après sa venue au monde par Reed et Frances Albee, un couple ayant fait fortune dans le monde du spectacle, il eut l’occasion de côtoyer très jeune le monde des théâtres dont son père adoptif était propriétaire. Malgré une scolarité plutôt chaotique, Edward Albee commence rapidement à écrire des poèmes, des pièces et des nouvelles, puis se met à fréquenter des artistes et des intellectuels, malgré le désaccord de sa mère. Cette dernière le met à la porte et l'exclut de son testament lorsqu'il a 18 ans, en raison de son homosexualité. En 1990, Edward Albee exprime ses sentiments vis-à-vis d'elle dans Three Tall Women en s’assumant comme comme « figlio-di-nessuno » (fils de personne). Il sera récompensé pour cette pièce par un troisième Prix Pulitzer en 1994, les deux premiers lui ayant été attribués en 1967 pour A Delicate Balance et en 1975 pour Seascape.
Il est également l'auteur de Zoo Story montée à Berlin en 1959 avant de l’être à Broadway l’année suivante par Alan Schneider. La pièce se rattache à l'absurde par la situation de base – deux hommes se rencontrent sur un banc – et par l'ambiguïté symbolique de la fin – l'un des deux s'empale volontairement sur le couteau qu'il vient de donner à l'autre.
The Sandbox, pièce dédiée à sa grand-mère maternelle (1960), Qui a peur de Virginia Woolf ? (1963), et The Play about the Baby (2001). Par le biais de l'absurde, de l'existentialisme et de métaphysique, Edward Albee critique dans ses pièces la condition moderne et la vie américaine.
En 2005, Edward Albee reçoit un prix Special Tony Award pour Lifetime Achievement.

Who's Afraid of Virginia Woolf ? a été crée en 1962 par Melinda Dillon et Artur Hill à Broadway, puiq adaptée au cinéma en 1966, avec Elizabeth Taylor et Richard Burton (1925-1984) par Ernest Lehman (le scénariste de la Mort aux Trousses), dans une mise en scène de Mike Nichols. Les deux acteurs s’étaient épousés le 15 mars 1964, ont divorcé le 26 juin 1974, se sont remariés le 10 octobre 1975 et ont à nouveau divorcé le 1er août 1976.

Paul Watzlawick, philosophe et psychanalyste est l’un des auteurs les plus prolifiques et les plus reconnus de l’équipe du Mental Research Institute de Palo Alto en Californie. Cette célèbre école, fondée par Gregory Bateson, bouleversa la psychologie par la richesse de ses recherches sur la communication. Elle fonda les thérapies brèves, l’approche systémique en particulier, et révolutionna les thérapies familiales, en particulier par sa théorie de l’interaction entre les individus, de la double contrainte (double bind) comme contexte étiologique de la schizophrénie. Dans un livre paru en 1979, Une logique de la communication, c’est sur la longue scène de ménage dont Qui a peur de Virginia Woolf fournit le modèle que Watzlawick s’appuie pour expliquer au public cette notion, faisant de la pièce de Albee un support de son analyse systémique de la communication.

Virginia Woolf (25 janvier 1882 - 28 mars 1941) est une femme de lettres anglaise et une féministe, qui introduisit dans la littérature la technique du monologue narrativisé (Mrs Dalloway - 1925). Elle est considérée comme l'une des romancières du XXe siècle les plus grandes innovatrices dans la langue anglaise. Dans ses œuvres, elle expérimente avec acuité les motifs sous-jacents de ses personnages, aussi bien psychologiques qu'émotifs, ainsi que les différentes possibilités de la narration et de la chronologie morcelées. Pendant l'entre-deux-guerres, elle fut une figure marquante de la société littéraire londonienne et un symbole de la modernité. L'étude de sa vie et de ses œuvres par les psychiatres contemporains conduit à penser qu'elle présentait tous les signes de ce qu'on nomme aujourd'hui « trouble bipolaire » (anciennement psychose maniaco-dépressive), maladie mentale alternant des épisodes de dépression et d'excitation, souvent associée avec une grande créativité mais conduisant bien des personnes au suicide. Dans la pièce d’Albee, les personnages jouent sur son nom (Woolf) pour parodier la chanson « Qui a peur du grand méchant loup » durant une soirée trop arrosée...

 

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samedi, 22 janvier 2011

Palo Alto

logo2.jpgL'Ecole de Palo Alto, aussi appelé Collège Invisible parce que regroupant des idées et théories, plus que des individus installés dans la ville, est une école dont le centre d'intérêt est de comprendre comment fonctionnent les interrelations entre individus et groupes, et particulièrement les interactions malades dans le cadre d'opérations thérapeutiques.  En observant comment les individus réussissent leurs actions, et aussi, pour reprendre une expression humoristique de Paul Watzlawick comment ils réussissent à échouer, l'école de Palo Alto a pu déterminer un certain nombre de règles régissant les individus entre eux. La plupart de ces règles sont respectées à leur insu, seul le manquement aux règles les fait apparaître. La théorie de la communication qu’ils élaborent est ainsi différente de celle présentée par les ingénieurs Shannon et Weaver  en raison de leur  approche pragmatique de la communication. Ce groupe de chercheurs innovant et, avec entre autres Gregory Bateson, Jay Haley, et Don Jackson, Paul Watzlawick va faire de cette Ecole de Palo Alto une référence dans les domaines des théories de la communication, de la psychothérapie et de la thérapie familiale.

Le fondateur : Gregory Bateson (1904-1980) et son groupe.

batesong.jpgAnthropologue d’origine anglaise, Bateson parcourait le monde dans le cadre de recherches en biologie.  En 1951, il publia, avec le psychiatre Jurgen Ruesch un livre intitulé Communication : The social matrix of psychiatry dans lequel il développait plusieurs concepts qui constituaient autant d’ébauches d’un tournant majeur dans l’appréhension des phénomènes de communication.

L’idée centrale de l’ouvrage consiste à concevoir la communication comme la matrice dans laquelle sont enchâssées toutes les activités humaines. Aussi, il élargit le champ de la communication à tous les processus par lesquels les individus s’influencent mutuellement et distingue 4 niveaux de communication : intrapersonnel (avec soi-même), interpersonnel (entre deux personnes), groupal (entre plusieurs personnes) et culturel  (entre de nombreux individus). ALors que dans les travaux mathématiques de type Shannon, la communication reposait sur l'émetteur et son intention d'envoyer un message (à un autre individu), Ruesch et Bateson partent du récepteur et sa perception d'impressions en provenance de lui-même, d'autres individus, de l'environnement. Ils en conclut que les êtres humains sont biologiquement contraints de communiquer.

En 1952, il reçoit une subvention de la fondation Rockfeller pour étudier les « paradoxes de l’abstraction dans la communication » : c’est la naissance du premier groupe de Palo Alto avec le « projet Bateson ».

Le projet débouche ainsi sur l’élaboration de la théorie du double-bind ou double contrainte formulée en 1956 dans leur article intitulé Vers une théorie de la schizophrénie. Pour eux, « Le paradoxe est un modèle de communication qui mène à la double contrainte ». C’est cette situation qu’ils trouvèrent dans les familles de schizophrènes sans conclure cependant qu’il s’agissait d’une causalité linéaire vers la maladie mentale. La théorie affirme l'existence de relations conflictuelles entre le malade psychotique et son entourage, le dernier donnant au premier des ordres absurdes et impossibles à exécuter (en résumé caricatural: je te donne l'ordre de me désobéir, sinon...). Ces ordres impossibles à respecter étant, forcément, toujours suivis de sanctions, ils entraîneraient ainsi l'apparition de la psychose. Autre ex : C’est le cas lorsque l’on vous dit « soyez naturel ». Car on vous invite à "être" ce que précisément la même invitation empêche : d’être naturel. Ce projet, dirigé par Bateson va durer jusqu’en 1962, date à laquelle celui-ci part pour poursuivre ses propres recherches dans le domaine de la communication : la psychiatrie n’a jamais été pour lui qu’une application parcellaire de ses théories. Jackson, qui a toujours été intéressé par les applications pratiques du projet fonde en 1959 le Mental Research Institute (MRI), constituant le second groupe de Palo Alto.

Le Mental Research Institute ou le second groupe : En 1959, le psychiatre Don Jackson, déjà lié au groupe autour de Bateson à l’invitation de ce dernier, fonda à Palo Alto le MRI avec l’ambition avouée d’étudier dans le détail la schizophrénie et d’en extrapoler des éléments théoriques sur la communication interpersonnelle.

Watzlawick-Paul.jpgDès 1960, il fut rejoint par Paul Watzalawick, psychiatre d’origine autrichienne.

Leurs travaux s’inscrivaient explicitement dans la foulée des théories du groupe de Bateson, mais il convient de noter que les deux groupes demeurèrent distincts et affichèrent régulièrement leurs divergences.

Watzlawick et Jackson, rejoints par Weakland, Fisch, Hall et d’autres encore crée la psychothérapie systémique basée notamment sur la notion d’homéostasie familiale qui suppose que soigner une pathologie psychiatrique chez un membre de la famille passe par la prise en compte de toute la famille, la personne malade n’étant qu’un symptôme de la pathologie du système (famille).

il s’agit d’une perspective empreinte de systémique et cybernétique.

En 1967, dans leur ouvrage Pragmatics of Human Communication (une logique de la communication), Paul Watzlawick, Jeanet Beavin et Don Jackson entendaient présenter une synthèse des travaux du groupe de Watzlawick et de Betson.

Dans le second chapitre « Propositions pour une axiomatique de la communication » ils énoncent 5 axiomes qui s’inscrivent dans la pragmatique, que l’on a nommé les axiomes de Watzlawick qui sont des propriétés fondamentales de la communication, des sortes de principes fondateurs de la pragmatique de la communication.

Cliquer sur chaque numéro pour lire la suite du développement :

1- On ne peut pas ne pas communiquer.

2- Toute communication présente deux aspects : le contenu et la relation, tels que le second englobe le premier et par suite est une méta-communication.

3- La nature d’une relation dépend de la ponctuation des séquences de communication entre les partenaires.

4- Les êtres humains usent simultanément de deux modes de communication : digitale et analogique.

5- Tout échange de communication est symétrique ou complémentaire, selon qu’il se fonde sur l’égalité ou la différence.