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mercredi, 08 septembre 2010

Musée de l'imprimerie à Lyon

Au début du XVIème siècle, Lyon devient la grande place commerciale et financière du royaume. Deux artisanats particulièrement luxueux vont s’y développer à la faveur des privilèges accordés par les rois  (Louis XI puis François Ier) et assurer pour de longues années sa prospérité : autour du quartier Saint-Georges (rive droite de la Saône), la fabrique de la soie. Et autour de la rue Mercière qui est alors l’artère principale permettant de joindre l’unique pont de Saône et l’unique pont du Rhône, l’imprimerie.

Dès le XVe siècle, l'édition lyonnaise représente le tiers de l'édition française : on a conservé 1140 éditions pour ce siècle, et 2400 pour le premier tiers du siècle suivant.

D'autres métiers apparaissent : fournisseurs de papier et d'encre, fondeurs de caractères, relieurs, enlumineurs et illustrateurs.

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I. Les supports :

 

Le papyrus :

Depuis l'aube des temps, l'homme préhistorique peignait des signes sur la pierre ou sur l'os. Plus tard, l'homme utilisa aussi le bois, le métal et l'argile sous forme de plaques.

Mais ce sont les Egyptiens qui, vers 2400 av. JC, substituèrent à ces encombrants supports le rouleau de papyrus. Plus léger, plus maniable, la matière première est extraite d'un roseau des marécages du Nil appelé Cyperus Papyrus. Ils découpaient la tige en tranches fines qu'ils assemblaient, aplatissaient et faisaient sécher. L'utilisation du papyrus devait se ralentir progressivement du fait de la concurrence d'un nouveau matériau : le parchemin utilisé par les Perses et les Hébreux.

Le parchemin :

Mis au point dans la ville de Pergame en Asie Mineure, ce nouveau support d'écriture à base de peaux de veau et de chèvre, lavées et polies à la pierre ponce, permit d'écrire des deux côtés. Les feuilles étaient assemblées en cahiers puis en codex, première forme du livre.  Le velin (peau de veau avorté) est un parchemin particulièrement fin, et donc particulièrement adapté. Mais il est très cher (puisqu’avec un veau, on fait deux pages, il en faut cent pour écrire un livre de deux cents pages).

Le papier :

Aux alentours de l’an 100, les Chinois inventèrent le papier à base de fibres de lin, de chanvre ou de mûrier pour obtenir la pâte à papier. Etymologiquement, le mot papier vient de papyrus. Le papier parvint en France au Moyen Age, rapporté par les Croisés à leur retour de Terre sainte. Le premier moulin connu fut installé près de Troyes en 1348. On trouve d'autres moulins à Essonnes (1354) et Saint Cloud (1376). Peu à peu, cette nouvelle industrie se développa partout en Europe et l'invention de l'imprimerie par Gutenberg, en 1445, lui donna un essor de plus en plus grand. Jusqu'au début du 19e siècle, le papier était fabriqué à la main. Les feuilles étaient produites une à une à la forme, ce qui limitait la quantité de papier. Avec le choc de l'imprimerie, le besoin de fournir davantage de papier - et moins cher - devient impératif. Vers 1800, la première machine à papier apparut près de Rouen et produisait 80 feuilles de papier par jour, d'une longueur de près de 6 mètres.

 

 

II. L’impression :

II. a Le texte :

Vers 1450, Gutenberg met au point la première presse à imprimer typographique. On sait peu de choses des presses utilisées par les tout premiers imprimeurs typographes. On suppose toutefois que les presses de Gutenberg s’inspiraient des presses à vin, lesquelles remontent à la Rome antique. S’il existe des illustrations très anciennes de presses à imprimer, aucune presse conservée aujourd’hui n’est antérieure au milieu du XVIe siècle. Au XVIIIe siècle, les presses typographiques ont connu des améliorations, mais pour l’essentiel, elles demeurèrent identiques durant trois siècles.
Ces presses étaient fabriquées presque entièrement en bois. Quelque soixante-dix d’entre elles ont survécu, dont sept sont conservées au musée Plantin-Moretus d’Anvers.
Les deux presses présentées au Musée de l’imprimerie à Lyon ont été reconstituées à des fins pédagogiques. La première, pour l’ouverture du Musée, a été confectionnée par les Compagnons du Tour de France en 1959. Elle évoque la presse telle qu’elle devait être utilisée par les imprimeurs européens du XVe siècle. La seconde vient d’être construite par Alan May d’après les plans d’une presse du XVIIIe siècle conservée à la Smithsonian Institution aux États-Unis.

 

 

Si Gutenberg n’a pas inventé l’imprimerie, qui vient d’Extrême-Orient, il a bel et bien mis au point la typographie, c’est-à-dire l’impression au moyen d’une presse à imprimer de textes composés avec des caractères mobiles (types). Ces caractères sont fondus un à un, en alliage de plomb, avec un moule à main. Pour obtenir le texte, le compositeur dispose de plusieurs casses où sont disposés les caractères. Une police de plomb totalisait environ 120 signes : lettres ( haut de casse - les capitales et les petites capitales ; bas de casse, plus facile d'accès, les minuscules), chiffres, ligatures, signes de ponctuation, espace, symboles, lettres accentuées...

Il place les caractères à l’envers, sur une règle métallique, le composteur. Il obtient des lignes qu’il assemble sur une planchette de bois, la galée, puis il les fixe solidement sur un châssis appelé forme.

Cette forme est encrée à l’aide de tampons recouverts de cuir en peau de chien, les balles. L’imprimeur dispose le papier sur les caractères encrés. Le pressier abaisse le levier pour que la platine appuie fortement sur la feuille. À l’origine, la platine est plus petite que la forme, il faut donc deux pressions pour imprimer la feuille, d’où le nom de « presses à deux coups » utilisé pendant toute la période de l’imprimerie artisanale.

Les ouvriers qui travaillent chez un maître-imprimeurs au XVIème siècle ont des degrés de culture différents : si les compositeurs et les relecteurs ou correcteurs (fonction exercée par François Rabelais) doivent évidemment savoir lire, ce n’est pas le cas des pressiers qui accomplissent un travail de force et qu’on surnomma « l’ours », parce qu’ils étaient souvent illettrés et ivrognes. En retour, ils nommèrent « singes » les compositeurs.

La ville de Lyon abrite de grandes figures de l’imprimerie : Sébastien Gryphe, François Juste, Etienne Dolet, Jean de Tournes.  Dans ces officines, à la fois ateliers et librairies, l’imprimerie gagne une immense force d’expression et une liberté qui va changer le monde.
Le Placard contre la Messe a déclenché les guerres de religion. Cette affiche protestante, dont l’auteur est Antoine Marcourt, fut placardée à de nombreux exemplaires dans Paris et jusque sur la porte de François 1er à Amboise ; elle motiva ce que l’on appelle « l’affaire des placards » qui déclencha les guerres de religion en France. Très rare, il n’en existe qu’une poignée d’exemplaires, le Placard avait été imprimé en caractères gothiques par Pierre de Vingle, un imprimeur lyonnais réformé en exil à Neuchâtel. Outre celui du Musée de l’imprimerie, il n’existe qu’un seul autre exemplaire en France, à la Bibliothèque nationale.

 

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La Lumitype-Photon – première machine à composer photographique à rompre définitivement avec les techniques héritées de Gutenberg –  fut inventée à Lyon en 1944 par deux ingénieurs français, René Higonnet (1902-1983) et Louis Moyroud (1914-2010). La Lumitype, ancêtre de l’ordinateur, marque le point de départ de la modernisation des industries graphiques au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Car c'est, en grande partie, grâce à elle que l’impression offset a pu progressivement remplacer le plomb au cours des années 1960-1970. L'originalité de la Lumitype est d’avoir été conçue autour de deux techniques radicalement nouvelles : la photographie ultra-rapide et le calcul binaire.

Malgré de nombreux contacts encourageants avec le milieu industriel français, Higonnet et Moyroud n’ont pas trouvé les moyens nécessaires pour développer leur machine en France. La Lumitype a été mise au point aux États-Unis avec l’appui de l’industriel Bill Garth Jr. (1915-1975) et la Graphic Arts Research Foundation. Elle fut ensuite commercialisée par la société Photon qui domina le monde de la photocomposition jusqu’en 1973; l’arrivée de l’ordinateur sonnera la fin des photocomposeuses.

L’avènement des premiers ordinateurs Macintosh au milieu des années 1980 met ainsi à la portée de presque tous les professionnels la puissance de gros systèmes. Les premiers logiciels de publication assistée par ordinateur ont commencé à entrer dans les ateliers de photo-com­position. C’est le début de la PAO (publication assistée par ordinateur) : les logiciels de mise en page comme Ventura Publisher et Aldus PageMaker puis Quark XPress font leur apparition. La suite nous la connaissons !

 

Les incunables : On appelle incunables les livres imprimés entre 1450 et 1500. Ils ont en commun le fait que leurs pages sont encore disposées en colonnes, et que les lettrines demeurent peintes à la main.

 

 

II.b L’image :

La xylographie :

Apparue en Chine entre 300 et 900 après JC, la gravure sur bois ou xylographie est la plus ancienne technique de gravure connue.   On utilisait des bois fruitiers.   Au début on sciait le bois dans le sens des fibres: c'est le « bois de fil » Le graveur détoure son dessin à l'aide d'outils très tranchants (canifs, gouges etc...), le faisant apparaître en relief pour que l'encre ou la couleur s'y dépose. Il épargne les parties du bois qui ne recevront pas l'encre, d'où son nom de « taille d'épargne ».

Le manque de finesse du bois de fil a donné naissance, à partir du XIXème siècle, au « bois de bout ». Cette fois, le buis est privilégié. Découpé en cubes collés entre eux dans le sens perpendiculaire aux fibres et polis, il présente au graveur une surface dure et polie. L'Artiste creuse la matière avec des outils différents du bois de fil: langues-de-chat, échoppes, onglettes etc ...  Le résultat obtenu permet des nuances de gris et un meilleur rendu de la profondeur, de la perspective du dessin.

Comme pour les autres procédés de gravure, il réalise son sujet à l'envers, en" négatif," pour qu'il apparaisse à l'endroit à l'impression, et grave autant de bois que de couleurs.
    Des Artistes comme Wohlgemuth, son élève Albrecht Dürer et, plus près de nous, Laurens, Soulas, Chièze, Miro, Derain, Lorjou etc ... se sont exprimés à travers cette technique.

 

 

La taille douce :

La gravure en creux sur plaque de cuivre est dite en « taille-douce ». Elle nait simultanément en Allemagne et en Italie vers 1450. Sa  technique n'a pratiquement pas varié depuis. La presse est composée encore aujourd'hui de deux rouleaux superposés qui obligent le papier à venir chercher l'encre dans les tailles du cuivre en passant au milieu de ces mêmes rouleaux, sous une pression de l'ordre d'une tonne. Les principaux procédés de la taille-douce sont le burin, l'eau-forte, la pointe-sèche.

Au sens premier, la taille-douce fait référence à la gravure au burin (une tige d’acier tranchant) premier procédé de gravure, hérité des orfèvres.  Le graveur creuse plus ou moins profondément le cuivre d'arrière en avant, arrachant des copeaux de métal. Plus le sillon est profond, plus le trait sera noir à l'impression, mais toujours d'une netteté caractéristique. 

L'eau-forte: le graveur à l'aide d'une pointe d'acier va dessiner son motif en rayant le cuivre, préalablement recouvert d'une couche de vernis, mettant ainsi le métal à nu. En plongeant la plaque dans un bain d'acide (l'eau-forte) les parties rayées vont se creuser plus ou moins profondément suivant le temps d'immersion. Les graveurs ont souvent recours à plusieurs essais.

 La pointe sèche : le graveur à l'aide d'une pointe d'acier en forme de crayon griffe son cuivre dans le sens inverse du burin.  Le métal n'est pas enlevé mais seulement repoussé laissant des « barbes » que certains artistes préfèrent supprimer en partie. Ces barbes donneront à l'impression un rendu estompé caractéristique

La taille-douce s'oppose à la taille d'épargne (xylographie, linographie). Dans le premier, l'encre se dépose dans les creux, tandis que dans le second, l'encre est appliquée en surface. De part l'importance de l'usage des support de cuivre dans la taille douce, celle-ci se confond avec la chalcographie (gravure sur cuivre), bien que cette dernière technique puisse se pratiquer, par extension, sur d'autres plaques métalliques (zinc, laiton). La grande précision de dessin permise par cette technique l'a particulièrement destinée à la fabrication des billets de banque et des timbres-poste.

 

 

La lithographie est inventée en 1796 par Aloïs Senefelder (1771-1834), un auteur et acteur allemand qui utilisa le procédé pour imprimer sa propre œuvre. C’est l’ancêtre de l’offset. La lithographie (du grec lithos : pierre et graphos : écrire) est un rocédé basé sur la répulsion entre l’eau et un corps gras. Le sujet à imprimer est dessiné; il est reporté au moyen d’un crayon gras sur une pierre calcaire. Par action de mouillage avec de l’eau, les surfaces vierges (non imprimées) refusent l’encre qui est seulement attirée par les régions grasses. Le succès de la lithographie tient à sa facilité, comparativement aux techniques de la gravure qu'on n'acquiert qu'après un long apprentissage : l'artiste peut dessiner sur la pierre comme il a l'habitude de dessiner sur du papier, avec relativement peu de contraintes techniques. Les pierres peuvent être réutilisées après impression, moyennant un polissage. La lithographie devint très populaire dès le début du XIXème siècle, avec la publication de nombreux recueils, illustrant par exemple d'innombrables récits de voyages correspondant à l'« invention » du tourisme (les monumentaux Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France [1832] du baron Taylor et Charles Nodier), comme, au milieu du même siècle, notamment lorsque les gravures sur bois de l'imagerie d'Épinal cédèrent la place aux chromolithographies, qui donnera le terme rapidement péjoratif de chromo. La réclame eut recours à lui pour produire des images à collectionner, des calendriers ou des chromos. Meilleur marché que la peinture, elle sert également aux reproductions d'œuvres peintes, aux affiches, intéressant des artistes comme Henri de Toulouse-Lautrec ou Jules Chéret.

Ce procédé est dit direct alors que l’offset, par son transfert sur un blanchet, est dit indirect. Ce procédé est aujourd’hui encore utilisé par des artistes pour des œuvres graphiques à tirage limité.

 

L’offset : Même si l’on situe la découverte de l’offset entre 1876 et 1904, sa mise en œuvre dans l’industrie graphique ne date que des années 1950 à 70, suivant les imprimeries.

Dérivé de la lithographie, ce terme exprime à l’origine l’idée de décalque. La copie d’un sujet est exécutée sur un support photosensible (plaque). Une fois développée, la plaque est calée sur la presse, elle s’imprime sur un élément de transfert, le blanchet, qui décalque à son tour l’image sur la feuille de papier. D’après le même principe que la lithographie (protection des parties non imprimées par de l’eau), la plaque est humectée par des rouleaux mouilleurs avant chaque encrage. Depuis les années 70, dans les imprimeries à grande production, l’offset a pris l’avantage sur tous les autres procédés d’impression (typographie, héliogravure, sérigraphie).

Mais l’impression numérique s’impose sur les petits et moyens tirages et gagne de plus en plus de terrain depuis quelques années.

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