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vendredi, 10 septembre 2010

Classification Vox-Atypl

C'est Francis Thibaudeau (1860-1925) qui, le premier en 1921, eut l'idée de regrouper certains caractères présentant des caractéristiques communes établies selon certains critères formels principalement liés aux empattements. Il classa ainsi les caractères en quatre familles :

· empattement triangulaire : Elzévir,

· empattement filiforme : Didot,

· empattement quadrangulaire : Egyptienne,

· empattements absents : Antique.



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Cette répartition, insuffisante pour concerner l'ensemble de la production graphique, fut complétée en 1954 par Maximilien Vox (1894-1974) avec une répartition en neuf familles tenant compte de l'architecture générale des lettres et du développement historique de la typographie :
- manuaire,
-humane,
-garalde,
-réale,
-didone,
-mécane,
-linéale,
-incise,
-scripte.
Il fallut attendre l'addition de deux familles, fractur et orientale, proposées par l'AtypI (Association Typographique Internationale) en 1962, pour parvenir aux onze familles de la classification Vox-AtypI.


En cliquant ICI, vous verrez un exemple de la table de caractères. Pour zoomer, cliquer une fois  sur le caractère que vous voulez examiner de plus près.

 


Cette classification, adoptée par toute la profession du monde des Arts et Industries graphiques, permet de faire entrer dans une de ces familles tous les caractères actuellement sur le marché ou, tout au moins, par le principe d'addition de définitions, de pouvoir décrire tous les caractères. Bien entendu certains caractères dessinés pour le titrage ou pour des amusements typographiques peuvent en être exclus.

 

humanes.jpg

- débuts de la Renaissance italienne : pour les bas-de-casse, les humanes s'inspirent de la caroline (imposée par Charlemagne vers 740),  une écriture dont le graphisme de petit module, plein de rondeurs, s'oppose à la Gothique déclinante de cette époque. Les hauts de casse imitent les capitales romaines.

 

 - Le premier établissement de ces types est le romain rond de Nicolas Jenson créé en 1470, qui servira de modèle aux imprimeurs vénitiens de la fin du Quattrocento. Leurs caractères ont été fondus à Rome et ont servi pour la première fois pour l'édition de l'œuvre de Cicéron en 1462. Ils sont marqués par la recherche de la divine proportion (Léonard de Vinci, Albrecht Dürer et Geoffroy Tory figurants parmi les pères spirituels), adaptant le dessin du caractère d'après les proportions du corps humain.

CARACTERISTIQUES :

- La faible taille des minuscules par rapport aux capitales larges et rondes (Z,Q,X)

- Axe incliné vers l'arrière du o bas de casse

- Faible contraste entre pleins et déliés

- Empattements épais des lettres, horizontal en partie supérieure notamment dans le M et le A 

- Traverse oblique du "e", traverse du "z" en délié.

- usage de l'esperluette italique

 Les humanes ont ainsi un trait ferme, robuste, et une allure artisanale : le type de plomb utilisé est assez fragile ; les angles cassent ou s'émoussent. Les humanes servent aujourd'hui à la composition des textes anciens, ou à la publicité pour des produits traditionnels (ou qui veulent s'en donner l'air). Elles ont été redessinées au XXème siècle par Bruce Rogers avec le Centaur, Aldo Novarese avec le Novarese, Hermann Zapf avec le Palatino, William Morris avec le  Garley, Erixc Gill avec le Perpetua. La police Hadriano gravée pour Linotype en 1918 a été dessinée par Frédéric Goudy.

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Les garaldes sont la marque de la Renaissance française : Concus pour servir la transmission du savoir dans le cadre de la généralisation de l'emploi du français par François Ier, ces caractères seront utilisés de la fin du XVIème à la fin du XIXème  

  Ils se distinguent des humanes par des pleins et déliés plus contrastés, des empattements plus affinés et une hauteur de capitale réduite par rapport aux longues du haut (l, d). L'axe du o est redressé, le e adopte une traverse horizontale et les empattements en biseau sont plus droits.  

Les garaldes tiennent leur nom de deux grands créateurs : Le français Claude Garamont et l'italien Alde Manuce.

Les garaldes furent l'adaptation graphique idéale pour la transcription de la langue française classique, telle que les grammairiens comme Robert Estienne commençaient de la finaliser. 

 Cette famille de caractères, typiques de la Renaissance, présente une meilleure définition que les caractères humanes : les lettres sont moins rustiques, leur tracé bien plus élégant. Bien équilibrées, elles arrivent généralement en tête dans les tests de lisibilité. Leur usage convient donc à l'édition de textes littéraires, à la presse sérieuse, aux travaux de ville et à la publicité pour les sujets cherchant à se distinguer par l'élégance ou la qualité (articles de Paris, mode, gastronomie fine, haute couture...)

Parmi les classiques, citons le Bembo de Stanley Morrison en 1929, le Diethelm de Walter Diethelm en 1948, l'Aldus de Hermann Zapf en 1954.

 

 

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Le mot réale est une abréviation de royal : Louis XIV, soucieux de se démarquer politiquement et esthétiquement de ses prédécesseurs, est commanditaire auprès du graveur Philippe Grandjean du romain du roi,  caractère censé surpasser  la qualité des productions antérieures et étrangères et de rayonner sur toute l'Europe, à l'instar de son mentor. Le graveur Philippe Grandjean s'inspira de l'étude imposée de l'Abbé Jaugeon pour graver vingt  et un corps complets de caractères et trente - quatre corps d'initiales : la lettre d'imprimerie, jusque là construite sur des fondements manuscrits et calligraphiques, se trouve précisément dessinée avec règle et compas dans des carrés divisés en 2304 carrés : le Romain du roi répond aux exigences du classicisme sans outrager celles, fondamentales, de l'œil et de l'équilibre des formes, de sorte que ce caractère si marquant de son époque constitue la référence d'une bonne part de la typographie moderne : plus raffiné, plus sévère compte tenu d'un contraste plus accentué entre pleins et délies ; au siècle suivant, les réales  incarneront l'esprit à la fois rationaliste et réaliste du siècle des Lumières. Les Baskerville (créé en 1752, 1754 ou 1757 selon les différents historiens) , Didot, et autres Bodoni lui doivent beaucoup. Le Times de Stanley Morison créé en 1932 pour le journal britannique s'en inspire encore grandement.

didones.jpg

Le nom de cette famille fait référence à deux créateurs et à leurs œuvres : Didot et Bodoni, dont la contraction des noms a donné didones. La venue des didones est inséparable des révolutions politiques provoquées par l'avènement de l'Empire  : pouvait-on en effet imaginer typographier pour l'empereur comme on le fit pour les rois Louis XV et Louis XVI ? L'apparition du Didot fut avant tout permise par les progrès de la technique de la gravure du poinçon typographique alors utilisée depuis trois cent ans.
Maigre total et noir absolu : Didot.jpgLes didones se reconnaissent par les  contrastes entre déliés et pleins, la finesse des empattements filiforme,  l'épurement des silhouettes  et l'autorité naturelle qui se dégage de son graphisme fait de formes pures, d'intersections de lignes se croisant à angle droit.
L'alternance régulière des parties blanches ou légères de la lettre avec les parties pleines ou noires donne à ces types leur cadence, leur rythme, typique de l'Empire et de la révolution (époque du romantisme). Le style de cette typographie, contrairement aux typographies proches des écritures manuscrites, est à axe vertical et emprunt de grandeur statique. Le Didot fut utilisé à l'Imprimerie impériale pour l'impression des Cérémonies du Sacre de Napoléon ainsi que pour l'impression des grands textes de Racine, Boileau, La Fontaine, et de la littérature romantique etc. Par ailleurs, le XIXe siècle offrit de nouvelles possibilités d'expression à travers la publicité et l'affiche : l'exagération possible des contrastes du caractère Didot permit le passage d'une typographie uniquement liée au texte à une typographie d'avantage liée à la visibilité et au choc optique.

mécanes.jpg

 

Ce type de caractères, apparu au XIXe siècle pendant le développement du machinisme, illustre parfaitement le travail de l'ingénieur : ses courbes régulières, ses empattements rectangulaires uniformes et fortement marqués évoquent l'assemblage de pièces de mécanique. En réponse aux besoins naissant de la société industrielle, les mécanes sont des lettres utilitaires, des lettres à lire pour la presse ou des lettres à voir pour l'affiche électorale ou le tract publicitaire. Leur utilisation sous des formes diverses - étroite, élargie, grasse ou maigre - sur des prospectus ou des flyers est toujours marquée d'un fort pouvoir percutant. On les reconnaît à leurs empattements rectangulaires, massifs comme des socles, renforçant à la fois la visibilité et la lisibilité de chaque lettre sur une affiche.

Ces caractères conviennent donc surtout pour des titres, des slogans accrocheurs ou des logotypes. Ils sont liés à l'univers de la presse ( cf les gros-titres des jornaux, et le titre du Figaro) évoquent les rotatives, l'urbanité, l'industrie, la vitesse.  Pendant tout le vingtième siècle, le caractère des machines à écrire a été une mécane, seule formule capable de répondre à la gageure du i devant être aussi large que le m, en trichant sur la masse des empattements. La police Clarendon ( créée en 1845) du célèbre Wanted américain est demeurée dans toutes les mémoires :

250px-Clarendon_WANTED.png

 

Caractères : Century (1894), Memphis (1929) Rockwell (1934), Vogue (1954), Rockwell (1963) Bookmann old style, courier...


 

linéales.jpg

 

Ce sont des caractères sans empattements (dits aussi sans sérifs aux USA).  Ils semblent être les plus simples à dessiner, en réalité il n'en est rien. S'ils laissent apparaître, la plupart du temps, une graisse uniforme, verticalement ou horizontalement, les dessinateurs qui ont procédé à sa mise au point ont en réalité opéré une modification de l'épaisseur des pleins et des déliés afin qu'optiquement ceux-ci semblent égaux et qu'ils s'harmonisent en un dessin équilibré.
Arial.jpgDès l'antiquité grecque, puis romaine, la gravure lapidaire fit appel à cette catégorie de lettres en capitales. Au XIXe siècle, le développement de la lithographie en augmenta l'utilisation par la facilité des affichistes à dessiner des caractères qu'ils croyaient simples.
Au début des années 1920, les travaux des artistes du Bauhaus bannirent tout esthétisme et tendirent vers le fonctionnalisme, mélangeant architecture et typographie qu'ils traitèrent de la même manière en adoptant des modèles qui leur semblaient dénués de caractéristiques culturelles. Ils firent de ces lettres sans empattements leur marque de fabrique, tout comme le constructivisme russe.

Un complément bas-de-casse fut apporté aux capitales qui poursuivit ce but unique de créer une typographie universelle, propre à remplir toutes les fonctions. Le choix de l'adoption de ce caractère semblait alors dicté par des désirs de mondialisation culturelle.

Les caractère Univers et Helvetica datent de 1957. Arial est dessiné dans les années 80 pour Microsoft. Les linéales sont la marque du monde contemporain, de l'informatique. La sobrieté de la lettre se prête à toutes les expériences, et on les trouve dans tous les magazines, catalogues.


Incises

Lithos.jpgElles sont appelées ainsi en référence à leur forme de caractères gravés le plus souvent dans la pierre. Ces caractères sont marqués par un empattement triangulaire, ressemblant à la marque de l'incision du burin.Famille de caractères typique des années 1950-1960, elle tient son nom d'une technique, utilisée en gravure lapidaire et en gravure en creux, qui favorise la forme parfaitement rectangulaire de la terminaison des fûts ou plus généralement des lettres linéales par l'accentuation des angles, légèrement aigus, sorte d'amorces d'empattements. Les incises sont un intermédiaire entre garaldes et linéales. Lettres élégantes et un peu froides, le jeu de la lumière sur ces caractères, surtout en photographie, n'altère pas leur définition. Caractères : lithos (ci-dessus, dessiné par Carol Twombly en 1989 ) et copperplate



Scriptes

Cette catégorie de caractères regroupe tous ceux dans lesquels le mouvement naturel de la main pour le tracé est présent , c'est - à - dire les caractères imitant l'écriture courante. Cela concerne toutes les lettres présentant un ductus visible et naturel de la part du scripteur, telle l'anglaise, la ronde, la coulée, etc., mais aussi des créations où la cursivité du tracé est évidente, comme le Mistral par exemple. Ces caractères ont été et sont encore très employés par les imprimeurs qui composent avec ceux - ci des travaux de ville tels les faire - part, invitations, en - tête, etc.

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Fraktur

Les Fracturs ou Fractura, ainsi désignées par les brisures que présentent leurs graphismes, sont les caractères dont les formes se rapprochent des caractères gothiques, c'est-à-dire des caractères dont le rythme d'écriture est haché, les rondeurs brisées, les contre-formes généralement étroites. C'est un caractère lourd et serré dont le résultat imprimé présente un aspect de page de forte densité noire. Cette famille de caractères regroupe tous les caractères de même tendance dès le XIe siècle jusqu'à la Renaissance, mais il convient d'y inclure toute lettre présentant ces caractéristiques quelque soit l'époque de sa réalisation.

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