Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 29 juin 2010

Palimpseste

Le palimpseste désigne un manuscrit sur parchemin dont on a fait disparaître l'ancienne écriture, pour écrire de nouveau. Le terme qui date du XVIe siècle provient du latin palimpsestus lui-même issu du grec palimpsêsto, « gratté de nouveau ». (Palin : « à nouveau » et Psân « s'en aller en poussière, racler ».)

pal2.jpg

Le parchemin étant couteux, les moines copistes médiévaux recyclaient d'anciens manuscrits pour y copier de nouveaux textes. La technique consistait à effacer l'ancien parchemin en le frottant avec une pierre ponce. Ce faisant, ils détruisirent de nombreux écrits et témoignages antiques.  En 1982, Gérard Genette donna ce titre (Palimpsestes, Le Seuil, coll. « Poétique ») à un ouvrage dans lequel il recensait et étudiait les différents types de liens existant d'un texte nouveau à un texte ancien, de la glose et du simple commentaire aux procédés de réécritures (pastiches ou parodies).

 

Dans son livre Les nourritures affectives, Boris Cyrulnik utilise l'image du palimpseste pour rendre compte du fonctionnement de la mémoire. En effet, dans le cerveau, des souvenirs recouvrent d'autres souvenirs et notre histoire ressemble finalement à des strates de mémoires enfouies et endormies. Un événement ou une émotion peut faire resurgir à la surface de notre conscience un souvenir ancien et oublié.

Pour illustrer ce fait, Boris Cyrulnik cite ce passage extrait d'Un mangeur d’opium de Charles Baudelaire (p 451-453). : « Qu’est-ce que le cerveau humain sinon un palimpseste universel et naturel ? ... Oui, lecteur, innombrables sont les poèmes de joie ou de chagrin qui se sont gravés successivement sur le palimpseste de votre cerveau, et comme les feuilles des forêts vierges, comme les neiges indissolubles de l’Himalaya, comme la lumière qui tombe sur la lumière, leurs couches incessantes se sont accumulées et se sont, chacune à son tour, recouvertes d’oubli. Mais à l’heure de la mort, ou bien dans la fièvre, ou par les recherches de l’opium, tous ces poèmes vont reprendre de la vie et de la force. Ils ne sont pas morts, ils dorment... Les profondes tragédies de l’enfance... vivent toujours cachées, sous les autres légendes des palimpsestes. La passion et la maladie n’ont pas de chimie assez puissante pour brûler ces immortelles empreintes. »

 

Visuellement, on peut également parler de palimpsestes à propos des affiches, tags et les « graphs »  qui s’étalent sur les murs des cités, se recouvrant les uns les autres comme autant de témoignages éphémères et de traces d’activité humaine. Selon les aspirations esthétiques de chacun, on peut y voir un apport  de mouvements, de  couleurs égayant le quotidien ou  les émanations anarchiques du manque de goût généralisé des sociétés post-modernes. Quoique l’on en pense, ces « palimpsestes contemporains » reflètent un besoin urgent de liberté d’expression que ce soit dans un but mercantile prononcé pour les publicités, par idéologie libertaire plus ou moins assumée ou bien tout simplement par jeux rebelles et poétiques.

pal1.jpg

12:42 Publié dans glossaire | Lien permanent | Commentaires (0)

Les commentaires sont fermés.