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vendredi, 26 mars 2010

Axiome 2

« Toute communication présente deux aspects: le contenu et la relation, tels que le second englobe le premier et par suite est une métacommunication  (Axiome n°2 de Paul Watzlawick). »


Contrairement aux apparences, ce n’est donc pas l’auteur du message qui fait seul le mode d’emploi. Toute une série d’intervenants et d’éléments extérieurs y prennent leur part.

Dans cet axiome, le mot contenu désigne ce que l’on veut dire, et le mot relation la manière de le dire. Une communication ne se borne pas à la transmission d’une information (contenu) : elle induit aussi un comportement (relation). Autrement dit un interlocuteur, tout en recevant le contenu d’un discours (contenu), perçoit dans le comportement de celui qui parle (relation) d’autres signes : Les gestes, le regard, la tonalité de la voix sont autant de signes qui peuvent modifier le sens du message.

Un exercice de comédiens fonctionne sur ce principe. Il consiste à prononcer plusieurs fois la même phrase, par exemple « je t'aime » en cherchant successivement à exprimer la tendresse, l'ironie, l'agressivité, la haine... On s'aperçoit alors que la manière d'exprimer une phrase est chargée de beaucoup plus de sens que les mots eux-mêmes. De la sorte, le comportement de l'intervenant apparait comme un commentaire porté sur le message lui même, expliquant comment il faut le comprendre.  Des messages comme « Veillez à desserrer l’embrayage progressivement et sans à-coups » et « Vous n’avez qu’à laisser filer l’embrayage et la transmission sera fichue en un rien de temps », ont en gros le même contenu informatif mais définissent visiblement des relations très différentes.

Lorsque Paul WATZLAWICK écrit que la relation est une métacommunication par rapport au contenu, il indique que la relation donne la marche à suivre pour comprendre le contenu. Elle agit comme un mode d’emploi dans l’utilisation du contenu.

En réalité, et c'est essentiel pour Paul WATZLAWICK, cette compréhension ne dépend pas seulement de l’intention de l’intervenant. Elle dépend également de la manière d'être de la personne qui reçoit le message. Selon, simplement, qu'il sera favorablement ou défavorablement disposé, selon son humeur, selon son histoire, le même message lui semblera, par exemple, humoristique ou agressif.

Par conséquent, si l'on appelle contenu le premier niveau, celui du vocabulaire, le second niveau sera constitué par le rapport entre le comportement de l'intervenant et de son interlocuteur, c'est à dire qu'il se situe au niveau de la relation. Par métacommunication, il faut comprendre que le contenu du message est asservi à la signification produite par la relation.


Le contenu


Pour autant, si l’on veut avoir une chance d’être compris, il n’est pas superflu de clarifier ce que l’on veut dire. En effet, du point de vue de l'intervenant, le message est quelquefois confus et la règle de BOILEAU qui s'adresse aux poètes pourrait profiter aux hommes politiques:

« Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,

Et les mots pour le dire arrivent aisément ».

Michel BONGRAND [1] réaffirme de son côté cet autre principe intangible « Contre l’avis de tous les maîtres à penser branchés, le seul conseil qu’il convient de donner à l’homme politique, c’est d’appliquer la méthode SVM : Soyez Vous-Même! »

La difficulté, c’est qu’un homme politique n’a pas que des qualités et ses adversaires ne se privent pas de parler de ses défauts. Pour résoudre ce problème, Denis Bonzy[2] rappelait opportunément « la méthode ORANGINA ».

De quoi s’agit-il ? Au début des années 70, le dépôt au fond des bouteilles d’ORANGINA provoque le rejet des consommateurs. Pour développer les ventes, on va présenter comme une qualité ce qui semblait un inconvénient. Le dépôt est la preuve qu’il y a bien de la vraie pulpe d’orange dans la boisson. Le slogan « ORANGINA, Secouez-moi » était né.

Dès lors, plutôt que de chercher à dissimuler des défauts trop voyants, il peut être intéressant de chercher s’ils n’abriteraient pas une qualité méconnue ou une situation avantageuse

Ainsi, François MITTERRAND à qui l’on reprochait son archaïsme en 1981, joua sur le côté rassurant de son âge et fit campagne sur le thème de la force tranquille

Pour un Maire qui hésite fréquemment avant de prendre une décision, on évitera de mettre en avant sa volonté ou sa force de décision. On sera plus crédible si on parle "d'homme de dialogue", de ses "capacités d'écoute".

Elisabeth GUIGOU, à qui certains reprochaient d’être plus souvent à Paris que dans sa circonscription, faisait valoir qu’elle était plus utile à défendre les dossiers dans les centres de décision plutôt qu’à se promener derrière les vitres teintées de voitures officielles dans les rues d’AVIGNON comme ses adversaires.


  

La relation.


La relation, c’est le mode d’emploi qui va permettre de décoder le sens du message émis. Lorsqu’on déballe un appareil neuf, on trouve un mode d’emploi qui explique son fonctionnement. Malgré cela des problèmes peuvent survenir: traduction du document approximative, mise à disposition d’un document par l’importateur qui ne correspond pas au modèle livré, explications embrouillées... Bref, le mode d’emploi ne constitue pas une garantie absolue de clarté et que celui qui n’a jamais hésité en programmant son magnétoscope lève la main! Pourtant on se trouve dans une situation relativement simple puisque c’est le fabricant de l’appareil qui rédige lui même ce mode d’emploi.

En réalité, WATZLAWICK nous dit que le problème est beaucoup plus compliqué dans la plupart des situations de communication. Ce n’est pas l’auteur du message qui fait seul le mode d’emploi. Toute une série d’intervenants et d’éléments extérieurs y prennent leur part. Lorsqu’un maire s’exprime, son message sera entendu différemment de l’électeur selon qu’il sera sympathisant, hostile ou indifférent, selon la transcription qu’en aura fait la presse, selon les commentaires de l’opposition, selon que ses propos seront ou non dans l’air du temps etc... Le décodage résulte de tout un système d’interactions. N’oublions pas que nous sommes dans un système complexe. Néanmoins, WATZLAWICK ne nous abandonne pas, seuls à notre perplexité. Deux petits ouvrages, souvent amusants, ouvrent des pistes:

Faites vous-même votre propre malheur et Comment réussir à échouer



[1] Le Marketing politique Michel BONGRAND, Puf QSJ 1698, 1986 (page 52).

[2] Sois prudent sous les moulins à vent, Essai sur les nouveaux styles politiques-  Denis BONZY, SCEDE Grenoble, 1985 (page 13).

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