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jeudi, 22 avril 2010

L'Ecole de Chicago

C’est à Chicago que la sociologie américaine a connu son essor et son institutionnalisation. Le premier département américain de sociologie y est crée en 1892. Son fondateur, Albion  Small  (1854-1926) le dirigea jusqu’en 1924.  Il voyait la sociologie comme une discipline spécifique centrée sur l’étude des formes concrètes de la vie sociale. Il créea une revue Américan journal of sociologie, rassembla des fonds, organise des enseignements ... Cet effort aboutit vers 1913 à faire du département de Chicago le plus important centre d’enseignement et de recherche du pays en sociologie-anthropologie, dont le rayonnement se fit sentir surtout entre 1910 et 1935.

 

La ville de Chicago connait alors une explosion démographique sous l’effet de l’exode rural et de l’immigration (1840: 5000 habitants, 1890: 1000.000 habitants, 1930: 3.400.000 habitants). Les vagues successives de migrants transforment la ville, en même temps qu’ils s’y adaptent en aménageant leur espace propre. L’instabilité de l’équilibre urbain est l’illustration de la désorganisation que vivent certains groupes. La ville est un mode de vie éclaté : impersonnalité et superficialité des contacts; la montée de l’individualisme mène à une différenciation sociale accrue, et à la porte des contacts primaires. Elle est ainsi le théâtre de nombreux problème sociaux (misère, délinquance, ségrégation, conflits culturels, émeutes…) La ville devient donc un « véritable laboratoire social » pour ces chercheurs préoccupés de réformisme social. Un des ouvrages les plus importants de l’école de Chicago « The city », est signé en 1925 par Burgers, Mc Kenzie et Robert Ezra Park. Chicago, qualifiée de « laboratoire social » y est étudiée sous l’angle de la répartition dans l’espace des communautés et des classes sociales. Park s’y dit persuadé de la possibilité d’utiliser les méthodes de l’ethnologie pour l’étude des rapports sociaux urbains.   Ce qui unit les chercheurs est moins une théorie d’ensemble que les thèmes qui fédèrent leurs recherches (développement urbain, déviance, relations entre groupes) et une méthode commune : l’enquête de terrain, le point de vue de l’acteur, l’observation directe. L'idée, également, popularisée par le théorème de Thomas,  que les comportements des individus s'expliquent par leur perception de la réalité et non par la réalité elle-même. Sa forme la plus célèbre est : “If men define situations as real, they are real in their consequences”. Si les hommes définissent des situations comme réelles, alors elles sont réelles dans leurs conséquences.

 

chicago 1965.jpg

Quand on fait référence à l’École de Chicago on pense tout de suite à son innovation méthodologique qui s’approche le plus de la sociologie qualitative : l’observation participante. 

 

Dans la foulée de Park, l’école de Chicago, au premier rang de laquelle Erving Goffman (1922-1982) est connue pour sa  pratique de l’enquête de terrain.

1.       Une conception pragmatique

Goffman définit la communication humaine (entre personnes / groupes) comme un conflit interminable qu’il faut résoudre en utilisant des rites d’interaction (ensemble de gestes, de mimiques, d'expressions verbales) qui assurent à chacun des possibilités de sauver la face tout en maintenant vivant le conflit.

Pour lui, dès que nous sommes hors de notre salle de bains en présence de quelqu’un, nous nous sentons dans l’obligation de nous projeter dans l’espace constitué par cette personne et nous même (Les Rites d’interaction – 1974 - La Mise en scène de la vie quotidienne Minuit, 1973 ).  Cet engagement (involvement) fait que nous nous interdirons des comportements d’ordre privé et en adapterons d’autres, jugés admissibles en public. Dans cette situation d’interaction, nous  maintiendrons ce qu’il appelle « une façade ».

La notion d’engagement induit celle de pare-engagement : toutes les stratégies que nous utilisons pour ne pas nous engager. Vous êtes au restaurant avec quelqu’un, vous voyez arriver quelqu’un que vous ne voulez pas voir, vous vous mettez derrière l’écran que constitue l’autre. Etudiez ces deux notions dans les groupes sociaux (comment les gens s’engagent ou parent les engagements) base de l’enquête pour Goffman.

2.      Une méthode empirique

Tout terrain est bon, sauf les terrains privés, familiers, où la subjectivité est trop engagée et l'observateur trop impliqué. 

L'observateur doit également éviter les lieux trop marginaux, glauques, dangereux : ce n’est pas ça la ville et ces lieux appartiennent plus à une littérature sur la ville qu’à la ville elle-même. Il faut enquêter sur des lieux simples, ordinaires, parce qu’ils se révéleront à l’analyse bien plus complexe (bars, commerces, piscines, églises, gares, parcs…) et parce qu’ils  permettront de mettre sur pied un système.

L'enquêteur doit faire un constant aller retour pratique /théorie et pour cela tenir un journal  de ses observations (nature et fréquence des engagements / pare engagements) , faire des croquis (positions) et se fondre discrètement à la foule (pas de caméras, d’objectifs)  et ne jamais « se planquer ». Il doit  apprendre « la maîtrise visuelle de l’ordinaire »

Etre, en un mot,  dans « l’observation participante », entre l'observation périphérique et celle d'un membre à part entière de la collectivité.

 

Exemple : Zorbaugh, dans ses multiples travaux, recopie des entretiens non structurés recueillis au porte à porte et des récits de vie, ainsi que des observations ou données recueillies, des plans sommaires, des prix, des rapports municipaux, des bribes d'interviews avec toute sorte de gens (journalistes, avocats, infirmières...)

 

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