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mardi, 07 septembre 2010

La presse filmée

L’expression souligne implicitement le lien entre l’actualité et la presse écrite populaire, alors toute puissante avec Le Petit journal, puisque la technique nouvelle du cinématographe n’est signalée qu’en second plan par l’adjectif « filmée ». C’est en 1895 que Léon Gaumont (1864-1946) a donné naissance à la Compagnie Gaumont. L’an suivant, Charles Pathé (1863-1857) a crée la société Pathé. En 1909, Pathé créé Pathé Journal. L’année suivante, Gaumont réplique avec Gaumont Actualité. Dès leurs débuts, les deux compagnies de cinéma ont filmé les évènements de l'actualité. Entre elles, la concurrence a rapidement fait rage. Aux images « authentiques » s'ajoutent des reconstitutions ou des images « bidonnées ». Déjà, la tentation du sensationnalisme et du voyeurisme, héritée de la presse écrite, prend le pas sur l’objectivité.

 1898 : Le tout premier « reportage »  filme au Vatican la bénédiction du Pape Léon XIII. D’abord réfractaire, le Saint Père comprend vite quel parti il peut tirer d’une telle invention

 1900 : Le congrès des maires de France, aux Tuileries, est l’occasion de populariser le nouveau procédé en en faisant parler dans toutes les communes de France.

1903 : En décembre, l’incendie du théâtre Iroquois à Chicago  (603 morts) lance la mode des reconstitutions en studio avec décors et figurants. Le spectacle prime sur le reste, et le détournement (travestissement) idéologique pourra s’en donner à cœur joie.  Parmi les nombreux films reconstitués,  Le siège des terroristes, tourné un peu plus tard, en est un exemple frappant, au service de la propagande tzariste.

1908 : Première « couverture » des J.O de Londres (tir à l’arc, athlétisme, natation…). Première affaire de dopage avec la mort de l’italien Pietri à l’arrivée du marathon. 

1910 : Deux exemples de films sur des catastrophes : En janvier, les inondations de Paris (crue centennale), furent particulièrement spectaculaires puisque la Seine atteignit à son point ultime plus de 8 mètres à certains endroits et que l’eau se retira en quarante jours. Elles donnent lieu à de multiples prises de vue et reportages qui remportent un succès important dans les salles. Là aussi, le primat du spectaculaire et de l’esthétique sur l’informatif est évident. Un peu plus tard, un « reportage » en Mandchourie sur l’épidémie de peste qui y sévit inaugure la dramatisation de l’image et le reportage « humanitaire ».

1912 : Une année particulièrement faste :

Le 4 février, le tailleur italien François Reichelt convoque journalistes et caméras pour assister à une démonstration de saut en parachute du haut du premier étage de la tour Eiffel. C’est ce qu’on pourrait appeler la première opération de communication filmique du monde. Hélas, il se tue devant les caméras.

Dans la nuit du 14 au 15 avril, le Titanic heurte un iceberg et sombre au large de Terre Neuve. Aucune caméra n’ayant filmé l’événement, la presse filmée met bout à bout des images bidonnées et pratique avec talent la mise en scène de l’ellipse : le naufrage lui-même, qu’on ne verra pas acquiert ainsi une force imaginaire et présence symbolique qui en fait immédiatement une sorte de mythe.

Le 28 avril, l’arrestation et le meurtre de Jules Bonnot par plus de 60 policiers  (– cf. photo ci dessous) sont fortement médiatisés afin de mettre en valeur la politique sécuritaire du gouvernement. Bel exemple de communication d’état. La presse filmée joue pleinement son rôle aux côtés de la presse illustrée pour assurer au sein de la population la légende de l’ennemi public n°1 et la vaillance exemplaire des forces de l’ordre qui l’ont finalement terrassé.

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