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samedi, 22 janvier 2011

Palo Alto

logo2.jpgL'Ecole de Palo Alto, aussi appelé Collège Invisible parce que regroupant des idées et théories, plus que des individus installés dans la ville, est une école dont le centre d'intérêt est de comprendre comment fonctionnent les interrelations entre individus et groupes, et particulièrement les interactions malades dans le cadre d'opérations thérapeutiques.  En observant comment les individus réussissent leurs actions, et aussi, pour reprendre une expression humoristique de Paul Watzlawick comment ils réussissent à échouer, l'école de Palo Alto a pu déterminer un certain nombre de règles régissant les individus entre eux. La plupart de ces règles sont respectées à leur insu, seul le manquement aux règles les fait apparaître. La théorie de la communication qu’ils élaborent est ainsi différente de celle présentée par les ingénieurs Shannon et Weaver  en raison de leur  approche pragmatique de la communication. Ce groupe de chercheurs innovant et, avec entre autres Gregory Bateson, Jay Haley, et Don Jackson, Paul Watzlawick va faire de cette Ecole de Palo Alto une référence dans les domaines des théories de la communication, de la psychothérapie et de la thérapie familiale.

Le fondateur : Gregory Bateson (1904-1980) et son groupe.

batesong.jpgAnthropologue d’origine anglaise, Bateson parcourait le monde dans le cadre de recherches en biologie.  En 1951, il publia, avec le psychiatre Jurgen Ruesch un livre intitulé Communication : The social matrix of psychiatry dans lequel il développait plusieurs concepts qui constituaient autant d’ébauches d’un tournant majeur dans l’appréhension des phénomènes de communication.

L’idée centrale de l’ouvrage consiste à concevoir la communication comme la matrice dans laquelle sont enchâssées toutes les activités humaines. Aussi, il élargit le champ de la communication à tous les processus par lesquels les individus s’influencent mutuellement et distingue 4 niveaux de communication : intrapersonnel (avec soi-même), interpersonnel (entre deux personnes), groupal (entre plusieurs personnes) et culturel  (entre de nombreux individus). ALors que dans les travaux mathématiques de type Shannon, la communication reposait sur l'émetteur et son intention d'envoyer un message (à un autre individu), Ruesch et Bateson partent du récepteur et sa perception d'impressions en provenance de lui-même, d'autres individus, de l'environnement. Ils en conclut que les êtres humains sont biologiquement contraints de communiquer.

En 1952, il reçoit une subvention de la fondation Rockfeller pour étudier les « paradoxes de l’abstraction dans la communication » : c’est la naissance du premier groupe de Palo Alto avec le « projet Bateson ».

Le projet débouche ainsi sur l’élaboration de la théorie du double-bind ou double contrainte formulée en 1956 dans leur article intitulé Vers une théorie de la schizophrénie. Pour eux, « Le paradoxe est un modèle de communication qui mène à la double contrainte ». C’est cette situation qu’ils trouvèrent dans les familles de schizophrènes sans conclure cependant qu’il s’agissait d’une causalité linéaire vers la maladie mentale. La théorie affirme l'existence de relations conflictuelles entre le malade psychotique et son entourage, le dernier donnant au premier des ordres absurdes et impossibles à exécuter (en résumé caricatural: je te donne l'ordre de me désobéir, sinon...). Ces ordres impossibles à respecter étant, forcément, toujours suivis de sanctions, ils entraîneraient ainsi l'apparition de la psychose. Autre ex : C’est le cas lorsque l’on vous dit « soyez naturel ». Car on vous invite à "être" ce que précisément la même invitation empêche : d’être naturel. Ce projet, dirigé par Bateson va durer jusqu’en 1962, date à laquelle celui-ci part pour poursuivre ses propres recherches dans le domaine de la communication : la psychiatrie n’a jamais été pour lui qu’une application parcellaire de ses théories. Jackson, qui a toujours été intéressé par les applications pratiques du projet fonde en 1959 le Mental Research Institute (MRI), constituant le second groupe de Palo Alto.

Le Mental Research Institute ou le second groupe : En 1959, le psychiatre Don Jackson, déjà lié au groupe autour de Bateson à l’invitation de ce dernier, fonda à Palo Alto le MRI avec l’ambition avouée d’étudier dans le détail la schizophrénie et d’en extrapoler des éléments théoriques sur la communication interpersonnelle.

Watzlawick-Paul.jpgDès 1960, il fut rejoint par Paul Watzalawick, psychiatre d’origine autrichienne.

Leurs travaux s’inscrivaient explicitement dans la foulée des théories du groupe de Bateson, mais il convient de noter que les deux groupes demeurèrent distincts et affichèrent régulièrement leurs divergences.

Watzlawick et Jackson, rejoints par Weakland, Fisch, Hall et d’autres encore crée la psychothérapie systémique basée notamment sur la notion d’homéostasie familiale qui suppose que soigner une pathologie psychiatrique chez un membre de la famille passe par la prise en compte de toute la famille, la personne malade n’étant qu’un symptôme de la pathologie du système (famille).

il s’agit d’une perspective empreinte de systémique et cybernétique.

En 1967, dans leur ouvrage Pragmatics of Human Communication (une logique de la communication), Paul Watzlawick, Jeanet Beavin et Don Jackson entendaient présenter une synthèse des travaux du groupe de Watzlawick et de Betson.

Dans le second chapitre « Propositions pour une axiomatique de la communication » ils énoncent 5 axiomes qui s’inscrivent dans la pragmatique, que l’on a nommé les axiomes de Watzlawick qui sont des propriétés fondamentales de la communication, des sortes de principes fondateurs de la pragmatique de la communication.

Cliquer sur chaque numéro pour lire la suite du développement :

1- On ne peut pas ne pas communiquer.

2- Toute communication présente deux aspects : le contenu et la relation, tels que le second englobe le premier et par suite est une méta-communication.

3- La nature d’une relation dépend de la ponctuation des séquences de communication entre les partenaires.

4- Les êtres humains usent simultanément de deux modes de communication : digitale et analogique.

5- Tout échange de communication est symétrique ou complémentaire, selon qu’il se fonde sur l’égalité ou la différence.

vendredi, 21 janvier 2011

Paul Watzlawick

watzlawick.jpgPaul Watzlawick (Villach, en Autriche, 25 juilet1921 – Palo Alto, en Californie, 31 mars 2007)  est un théoricien dans la théorie de la communication et le constructivisme radical, l'un des membres fondateurs de l'École de Palo Alto.

Psychologue, psychothérapeute, psychanalyste jungien et sociologue, ses travaux ont porté sur la thérapie familiale et la psychothérapie générale.

Prisonnier politique en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, Paul Watzlawick, s'évade en Angleterre. À la fin de la guerre, il est démobilisé en Italie et entre dans les services de police de la ville de Trieste. En 1949, il obtient son doctorat en langues modernes et philosophie à Venise où il a étudié la logique (influence de Ludwig Wittgenstein, Gottlob Frege et Kurt Gödel). De 1949 à 1954, il se forme à l'institut Carl Jung à Zurich, puis obtient un poste pour les Nations Unies en Italie. Après un séjour à Bombay, il enseigne la psychologie analytique et la psychothérapie à l'université d'El Salvador de 1957 à 1959.

En 1960, il se rend à Philadelphie pour étudier l'approche thérapeutique de John Rosen à l'Institute for Direct Analysis. C'est là qu'il rencontre Ray Birdwhistell et Albert Scheflen. Ce dernier le présente à Donald D. Jackson et en 1961 Watzlawick rejoint le Mental Research Institute of Palo Alto.

 

L’ouvrage le plus important, où se trouvent les concepts fondateurs de « la nouvelle communication » est Une logique de la communication (1967), rédigé avec Janet Helmick Beavin et Don D Jackson.

Les autres ouvrages ne font finalement que reprendre et développer ces principes tout en se complaisant dans l’anecdote.

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vendredi, 26 mars 2010

Axiome 5

« Tout échange de communication est symétrique ou complémentaire, selon qu'il se fonde sur l'égalité ou la différence » (Axiome n°5 de Paul Watzlwick).

 

C’est un éloge de la modeste. Revenons un instant à notre problème de départ, comment convaincre un interlocuteur?

La situation serait évidemment idéale si on se trouvait dans la même position que le professeur face à une classe désireuse d’apprendre. Nous serions alors dans un rapport complémentaire basé sur la différence entre le professeur, en position haute, et les élèves en position basse.  Admettons bien vite que cette situation est très exceptionnelle et qu’elle se rencontre même assez rarement dans la vie courante.

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Axiome 4

Propositions pour une axiomatique de la communication

(P.Watzlawick – Une logique de la communication, 1967)

 

4- « Les êtres humains usent simultanément de deux modes de communication : digitale et analogique. »

 

En provenance directe des sciences de l'ingénieurs, le couple digital/analogique renforce encore l'opposition entre verbal et non verbal :

Une information peut être codifiée et entrée dans une machine par un certain nombre d'opérations fondées sur une logique binaire : on parle d'information digitalisée. Similairement, le langage fondé sur l'arbitraire du signe peut-être conçu comme un processus de codification digitale.

Un second type de machine travaille sur des données qui représentent le monde extérieur de manière analogique. Parllèlement, les modes de comportement non verbaux peuvent être considérés comme des modes de la communication analogique.

(Paul Winkin, Anthropologie de la communication p 61)

 

 

 

Chacune des deux hémisphères cérébraux est hautement spécialisée.

Paul WATZLAWICK le rappelle à travers de nombreuses preuves expérimentales.

« L'hémisphère gauche a pour fonction primordiale de traduire toute perception en représentations logiques, sémantiques et phonétiques de la réalité, et de communiquer avec l'extérieur sur la base de ce codage logici-analytique du monde environnant. Sa compétence s'exerce  par conséquent sur tout le domaine du langage (grammaire, syntaxe et sémantique) de la pensée et donc aussi de la lecture, de l'écriture, de l'arithmétique et du calcul »

C'est le langage du contenu, c'est à dire, le domaine de la communication digitale. Cet hémisphère gauche est en mesure de traiter les argumentations logiques.

« L'hémisphère droit remplit une fonction très différente. Il est hautement spécialisé dans la perception globale des relations, des modèles, des configurations et des structures complexes ».

C'est le langage de la relation, c'est à dire, le domaine de la communication analogique.

 

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Axiome 3

 « La nature d'une relation dépend de la ponctuation des séquences de communication entre les partenaires »

(Axiome n°3 de Paul Watzlawick).


De quoi parle-t-on lorsqu'on fait appel à la notion de « ponctuation des séquences » ? 

Ce concept signifie que les interlocuteurs trouvent la manière de relancer les échanges pour que ceux-ci se prolongent harmonieusement. Une relation, autrement dit,  ça se cultive comme un jardin!

Une bonne ponctuation des séquences aura donc tendance à maintenir une continuité dans les échanges entre les partenaires. Les mauvaises ponctuations de séquences conduisent à l'interruption des échanges.

Mais le concept de « ponctuation des séquences » fait également référence à la manière dont les partenaires abordent la relation. Ici trois situations sont possibles dont une est insupportable:

Confirmation
Les échanges avec autrui me confirment dans ce que je crois positif ou dans ce que j'aime de ma personnalité. J'ai le sentiment heureux d'exister.

Opposition
Les échanges avec autrui me révèlent en position de désaccord radical, mais ce désaccord n'implique aucun déni de mon existence - au contraire. Je ne suis pas d'accord avec les autres, mais les autres reconnaissent mon existence.

Non-identité (néantisation ou négation)

Dans mes échanges avec autrui, on ne tient pas compte de mon point de vue, on parle pour moi, on répond pour moi. Je n'existe plus. La névrose est proche."

La pire des choses, c’est l’abandon: le sentiment que je n’existe plus.

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Axiome 2

« Toute communication présente deux aspects: le contenu et la relation, tels que le second englobe le premier et par suite est une métacommunication  (Axiome n°2 de Paul Watzlawick). »


Contrairement aux apparences, ce n’est donc pas l’auteur du message qui fait seul le mode d’emploi. Toute une série d’intervenants et d’éléments extérieurs y prennent leur part.

Dans cet axiome, le mot contenu désigne ce que l’on veut dire, et le mot relation la manière de le dire. Une communication ne se borne pas à la transmission d’une information (contenu) : elle induit aussi un comportement (relation). Autrement dit un interlocuteur, tout en recevant le contenu d’un discours (contenu), perçoit dans le comportement de celui qui parle (relation) d’autres signes : Les gestes, le regard, la tonalité de la voix sont autant de signes qui peuvent modifier le sens du message.

Un exercice de comédiens fonctionne sur ce principe. Il consiste à prononcer plusieurs fois la même phrase, par exemple « je t'aime » en cherchant successivement à exprimer la tendresse, l'ironie, l'agressivité, la haine... On s'aperçoit alors que la manière d'exprimer une phrase est chargée de beaucoup plus de sens que les mots eux-mêmes. De la sorte, le comportement de l'intervenant apparait comme un commentaire porté sur le message lui même, expliquant comment il faut le comprendre.  Des messages comme « Veillez à desserrer l’embrayage progressivement et sans à-coups » et « Vous n’avez qu’à laisser filer l’embrayage et la transmission sera fichue en un rien de temps », ont en gros le même contenu informatif mais définissent visiblement des relations très différentes.

Lorsque Paul WATZLAWICK écrit que la relation est une métacommunication par rapport au contenu, il indique que la relation donne la marche à suivre pour comprendre le contenu. Elle agit comme un mode d’emploi dans l’utilisation du contenu.

En réalité, et c'est essentiel pour Paul WATZLAWICK, cette compréhension ne dépend pas seulement de l’intention de l’intervenant. Elle dépend également de la manière d'être de la personne qui reçoit le message. Selon, simplement, qu'il sera favorablement ou défavorablement disposé, selon son humeur, selon son histoire, le même message lui semblera, par exemple, humoristique ou agressif.

Par conséquent, si l'on appelle contenu le premier niveau, celui du vocabulaire, le second niveau sera constitué par le rapport entre le comportement de l'intervenant et de son interlocuteur, c'est à dire qu'il se situe au niveau de la relation. Par métacommunication, il faut comprendre que le contenu du message est asservi à la signification produite par la relation.

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Axiome 1

Propositions pour une axiomatique de la communication

(P.Watzlawick – Une logique de la communication, 1967)

 

1- « On ne peut pas ne pas communiquer. »

« Le comportement n’a pas de contraire. Autrement dit, il n’y a pas de non comportement, ou pour dire les choses encore plus simplement : on ne peut pas ne pas avoir de comportement. Or, si l’on admet, dans une interaction, tout comportement a valeur de message, c'est-à-dire qu’il est une communication, il suit qu’on ne peut pas ne pas communiquer, qu’on le veuille ou non. Activité ou inactivité, parole ou silence, tout a valeur de message  »

Il s’ensuit de ce principe que tout comportement induit une communication.  « Le seul fait de ne pas parler ou de ne pas prêter attention à autrui ne constitue pas une exception à ce que nous venons de dire. Un homme attablé dans un bar rempli de monde et qui regarde droit devant lui, un passager qui dans un avion reste assis dans son fauteuil les yeux fermés, communiquent tous deux un message: ils ne veulent parler à personne, et ne veulent pas qu'on leur adresse la parole; en général, leurs voisins « comprennent le message et y réagissent normalement en les laissant tranquilles. Manifestement, il y là un échange de communication, tout autant que dans une communication animée » (p.46)

« Par ailleurs, si l’on admet que tout comportement est communication, même pour l’unité la plus simple qui soit, il est évident qu’il ne s’agira pas d’un message monophonique : nous aurons affaire à un composé fluide et polyphonique de nombreux modes de comportement : verbal, tonal, postural, contextuel, etc, chacun d’eux spécifiant le sens des autres. Les divers éléments qui entrent dans ce composé (considéré comme un tout) sont passibles de permutation très variées et très complexes, allant de la congruence à l’incongruence et au paradoxe ». (pp 47/48)

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