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jeudi, 07 avril 2011

Référent/signifiant/signifié

 

Le premier rôle de Ferdinand de Saussure aura été, au-delà de cette approche diachronique qui caractérise le XIXème siècle, d’avoir renouvelé les études linguistiques à partir d’une étude synchronique. Son Cours de Linguistique Générale (recopié par ses étudiants et publié en 1916), fait date et autorité. Il y affirme que l’étude d’une langue est plus pertinente dans un état donné à un moment précis, alors qu’aucune évolution diachronique ne peut être enregistrée. La base de son enseignement peut se rapporter à ces deux préceptes :

-la langue est un système c’est à dire un ensemble de signes et de règles d’agencement de ces signes entre eux, et non pas une substance innée. 

- Un élément de la langue ne vaut que par rapport aux autres, c'est-à-dire, d’où l’importance de la relation entre les éléments. Chaque mot est un signe. 

Les notions de référent, signifié, signifié, proviennent du Cours de Linguistique Générale de Saussure. Le référent est un élément du Réel, la chose, l'être ou l'objet que désigne ler signe. Qu'il soit iconique (image) ou linguistique (mot) le signe est un élément culturel, inscrit dans un code et un langage.  Le système de signes, le plus connu et le plus utilisé consciemment par les humains, est la langue, les mots.

Saussure distingue deux aspects dans un signe: le signifiant et le signifié (qu'il représente par les symboles Sa/Sé). Il explique que le signe n'est  pas l'association d'un mot et d'une chose, comme on le pensait généralement. Mais il décrit le signe comme l'association, dans une langue, d'un signifiant (une forme sonore ou graphique) et d'un signifié, une sorte d'«image accoustique», c'est-à-dire l'empreinte que laisse le son (le signifiant) dans notre esprit. Ainsi, la séquence sonore latine | arbor | évoque dans l'esprit de celui qui l'entend (et qui parle latin) le concept 'arbre'.

«Le signe linguistique est donc une entité psychique à deux faces, qui peut être représentée par la figure:

signesaussure1.gif

 

signesaussure2.gif

Ces deux éléments sont intimement unis et s'appellent l'un l'autre. Que nous cherchions le sens du mot latin arbor ou le mot par lequel le latin désigne le concept 'arbre', il est clair que seuls les rapprochements consacrés par la langue nous apparaissent conformes à la réalité, et nous écartons n'importe quel autre qu'on pourrait imaginer  (urbr, ou orbr) . «Nous appelons signe, dit donc Saussure, la combinaison du concept et de l'image acoustique:  Nous proposons de conserver le mot signe pour désigner le total, et de remplacer concept et image acoustique respectivement par signifié et signifiant ; ces derniers termes ont l'avantage de marquer l'opposition qui les sépare soit entre eux, soit du total dont ils font partie. Quant à signe, si nous nous en contentons, c'est que nous ne savons par quoi le remplacer, la langue usuelle n'en suggérant aucun autre.»

«La langue est encore comparable à une feuille de papier: la pensée est le recto et le son, le verso; on ne peut découper le recto sans découper en même temps le verso; de même dans la langue, on ne saurait isoler ni le son de la pensée, ni la pensée du son; on n'y arriverait que par une abstraction (...).»

 

 

Motivation/arbitraire

 

D'où vient le lien entre un signe donné et son référent ? (entre le mot arbre et l'arbre lui-même ? entre mot chaise et son référent , la caise elle-même ? )  Ainsi, il peut apparaître naturel au profane qu'un objet domestique donné ait pour nom «chaise». Quelle est donc la relation qui existe entre les sons mouillés, zézayants et ouverts que l'on entend, et une simple chaise ? Entre le dessin alphabétique formé par ces six lettres (que les linguistes appellent des «graphèmes»), et une chaise ? Bien peu, à bien y penser. Si peu en effet que les Grecs utilisent pour désigner le même objet un ensemble de sons bien différents: Karekla; les Allemands: Sthul; les Espagnols: Silla; etc. Il semble bien pourtant, explique Saussure, que le lien entre le signifié et le signifiant soit ici passablement arbitraire (fondée sur une convention qui pourrait être changée). 

 

 Le linguiste Benveniste complètera plus tard le schéma en précisant que la relation entre le sié et le siant est, elle, fondée sur un lien nécessaire. En effet, si on change une lettre d'un signifiant, on altère le lien qu'il a avec le signifié, et donc le sens du mot lui-même. Ainsi le concept (signifié) bœuf est forcément lié dans ma conscience à l’ensemble phonique bœf. Toef  ne l'est pas. Donc il est faux de prétendre, comme l'avait fait Saussure, que le lien entre le signifié et le signifiant est arbitraire. C'est en réalité, précise Benvéniste, le lien que nourrit le signe lui-même (sié+siant) avec la réalité qui est arbitraire.

Le mot arbre dans sa totalité nourrit avec le référent qu'il désigne un lien arbitraire. La preuve c'est que le référent, dans une autre langue, nourrira ce même lien avec un autre signe (tree). Mais dans cette autre langue, le lien entre le signifié et le signifiant resera, lui, nécessaire.

Pourquoi maitriser ces concepts ?

Parce que dans les slogans (publicitaires ou politiques), les jeux sur le signifiant et le signifié sont fort nombreux.

Ainsi, dans le slogan de Desnos "Pas de santé sans thé des familles", un même signifiant sonore est répété avec deux signifiés différents (santé et sans thé) , ce qui créé un jeu de mots et attire l'attention. Dans le slogan Mitterrand Président, les deux signifiants ont des ressemblances (rimes en an, assonances en i et allitération en r, nombre de syllabes) : cela induit un rapprochement entre un signifié (nom d'un homme) et un autre signifié (une fonction). Le slogan laisse entendre que l'un (l'homme) serait fait pour l'autre (la fonction). D'où la pertinance de ce slogan politique. Même chose avec la slogan américain I like Ike, de la campagne d'Eisenhower, ou le signifié "je" (I en américain) se trouve dans le verbe aimer (like)et le prénom du candidat (Ike). Ce qui crée une sorte d'intimité factice entre les deux référents (l'electeur et le candidat), susceptible d'influencer le vote.

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