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jeudi, 10 février 2011

La double contrainte

On nomme double contrainte (double-bind) une paire d'injonctions paradoxales  consistant en une paire d’ordres explicites ou implicites intimés à quelqu’un qui ne peut en satisfaire un sans violer l’autre. To bind (bound) signifie « coller », « accrocher » à deux ordres impossibles à exécuter avec un troisième ordre qui interdit la désobéissance et tout commentaire sur l’absurdité de cette situation d’ordre et de contre-ordre dans l’unité de temps et de lieu. Sans cette troisième contrainte, ce ne serait qu’un simple dilemme, avec une indécidabilité plus-ou-moins grande suivant l’intensité des attracteurs.

La double contrainte existe seulement dans une relation d’autorité qui ordonne un choix impossible et qui interdit tout commentaire sur l’absurdité de la situation. Dans une situation d’indécidabilité, le dilemme est une nécessité de choisir (Comme dans le Cid de Corneille où les aléa de la vie place le héros face à un choix difficile), tandis que l’injonction paradoxale est une obligation (un ordre) de choisir.

L’injonction paradoxale est bien illustrée par l’ordre sois spontané(e), souvent utilisé par Paul Watzlawick comme exemple, où devenant spontané en obéissant à un ordre, l’individu ne peut pas être spontané. Autre exemple qu'il cite souvent : 

Une mère rend visite à son enfant et lui offre deux cravates, une bleue et une rouge. À la visite suivante, l’enfant se présente avec la cravate rouge. La mère lui dit : « tu n’aimes pas la cravate bleue » ?
À la visite suivante, l’enfant se présente avec la cravate bleue. La mère lui dit : « tu n’aimes pas la cravate rouge » ?
À la visite suivante encore, l’enfant se présente avec les cravates bleue et rouge à la fois au cou et sa mère lui dit : « Ce n’est pas étonnant que tu sois placé en pédopsychiatrie » !

 

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Effets sur l’individu :

  • La double contrainte empêche toute prise de décision adaptée.
  • Elle génère des sentiments diffus de malaise, d’impuissance, de confusion des idées ou des affects. Elle donne le sentiment d’être en faute ou incompétent, d’être de trop ou spectateur de ce que l’on fait.
  • Elle entraîne la perte de confiance dans son ressenti.
  • Elle provoque des impasses relationnelles, un vécu de castration et des situations non gagnantes.
  • Elle peut rendre a-réactionnel (sans réaction).
  • Elle rend la situation « a priori » insoluble, inextricable.
  • Elle pourrait même bloquer l’énergie de vie.

Comment s’en sortir ?

La capacité à se sortir d’une double contrainte dépend bien évidemment de l’âge et des ressources personnelles de l'individu qui y est soumis, comme de la nature de la relation entre les deux individus. Selon G. Bateson, la conséquence positive de la double contrainte est d’obliger l’individu à développer une « double perspective créative ». En clair, pour s’en sortir, l’individu est invité à :

  1. Réduire l'intensité ou changer la nature de la relation qui provoque la double contrainte.
  2. Repérer la double contrainte, en prenant conscience des messages contradictoires qu'elle induit.
  3. Métacommuniquer et recadrer, autrement dit, communiquer sur la communication en dévoilant les non-dits, en relisant la situation à un niveau différent. Par exemple, communiquer sur l’absurdité d’une demande peut être une façon de la dépasser.
  4. Adopter un comportement différent : oser l’humour, la métaphore, la créativité, la spontanéité, s’impliquer, oser se révéler, oser être qui l’on est, faire différemment plutôt que davantage, etc… C’est une véritable prise de risque identitaire qui encourage à être créatif plutôt que réactif.

 

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Asterix chez les Corses - exemple de double contrainte

 

 

 

 

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