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jeudi, 29 avril 2010

Cassandre (1901-1968)

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Cassandre, pseudonyme d'Adolphe Jean Marie Mouron ( 24 janvier 1901, Kharbov, 17 juin 1968 à Paris) est un graphiste, affichiste, décorateur de théâtre, lithographe, peintre, modeleur 3D et créateur de caractères d'imprimerie français  diplomé de l'uqam.


Il naquit en Ukraine, de parents français. Après une enfance partagée entre la Russie et la France (où il s'installa en 1915), il fit un bref passage aux  Beaux-Arts à Paris en 1918. Il y étudia la peinture, et notamment l'impressionnisme, avant de rejoindre Lucien Simon à l'académie Julian.  Il s'intéressa très tôt au Bauhaus , dont l'influence transparaît dans ses compositions. En 1922,  il réalisa ses premiers travaux publicitaires (Margarine Sacac, Pâtes Garres) dans le studio de création indépendant Hachard, travaux qu'il signa du nom d'artiste de « Cassandre » (parfois associé avec « Mouron » jusqu'en 1928). Il ne voyait initialement dans cette activité qu'un emploi alimentaire lui permettant de subsister en attendant de pouvoir vivre de sa peinture. Très lucide, il disait notamment « La peinture est un but en soi. L'affiche n'est qu'un moyen de communication entre le commerçant et le public. »

C'est la volonté de produire un message clair et facilement compréhensible qui l'ont amenét à appliquer à ses visuels des conceptions empruntées à l'architecture et la géométrie. Le graphisme publicitaire, dont il deviendra un des maîtres incontestés, exerça sur lu une fascination croissante et il vient à y voir progressivement un moyen « de retrouver le contact perdu [de l'artiste peintre] avec un large public ».

En 1924 il épousa Madeleine Cauvet, dont il aura un fils, Henri Mouron, et dont il divorça en 39 

Il fut récompensé en 1925 par le grand prix de l'Exposition internationale des arts décoratifs pour sa création Le Bucheron (une publicité pour un magasin de meubles, 1923), ce qui assura sa notoriété. Cette consécration fut également l'occasion de faire la rencontre du fondeur de caractères Charles Peignot (1897-1983), fondateur de la revue Arts et métiers graphiques et de l' Association typographique internationale  (ATypI).En 1926, Cassandre créé l’agence « Alliance Graphique ». Il s'installe aux États-Unis où il collabore à la revue Harper's Bazaar en 1936-1937 et en réalise de nombreuses couvertures. Il collabore longuement avec Charles Peignot et la Fonderie G Peignot & fils , pour qui il crée les polices de caractères Bifur (1929), Acier Noir (1935) et Peignot (cf. ci-dessous, 1937). Cette dernière est célèbre pour le fait qu'elle est de type biforme (elle combine des caractères bas-de-casse et des petites capitales modifiées pour revenir aux origines, lorsque les caractères latins s'écrivaient uniquement en capitales).  Paul Valéry choisit le Peignot pour ses inscriptions sur le fronton du Palais À partir des années 1940, Cassandre délaisse la publicité et devient créateur de décors de théâtre et peintre.

 

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Il se remarie en 47 avec Nadine Robinson, dont il divorce en 54. Il sombre progressivement dans la dépression et se suicide à Paris le 17 juin 1968 après une première tentative l'année précédente.

Analyse de son œuvre

Il est au courant de la recherche artistique de son époque et fut particulièrement marqué par le cubisme  et le purisme , ainsi que par le travail des photographes et des cinéastes. L'influence des futuristes italiens transparaît dans son œuvre à travers sa façon de rendre visuelles la vitesse et la modernité, en particulier dans les publicités pour le train ou les paquebots. Il se fait ainsi le chantre du progrès technique et son œuvre est en cela emblématique de l'époque.

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Il définissait sa manière comme « géométrique et monumentale ». Ces travaux exposent son style très identifiable grâce à la simplification des formes et l'accentuation des perspectives, et ce pour souligner l'aspect très géométrique de ses sujets, en particulier sur les affiches pour les paquebots (voir son affiche spécialement créée pour le voyage inaugural du Normandie, remarquablement silhouetté de face, le 29 mai 1935).

La typographie occupe une place décisive et fait partie intégrante de la composition. Il fut l'un des premiers à utiliser les lettres comme des éléments graphiques essentiels à la composition et à les traiter comme des surfaces. Cassandre inventa d'ailleurs ses propres caractères ainsi que des logoypes comme celui de Saint-Laurent. Les polices utilisées étaient quasiment exclusivement des capitales linéales (sans empattement) dont la simplicité permet le traitement modulaire et la construction géométrique quasi architecturale qu'il affectionnait. Elle offrent en outre l'avantage de pouvoir être déformées, et de privilégier le graphisme, tout en demeurant lisibles. Les fontes créées par Cassandre reposent ainsi sur des formes pures, réduites ainsi à l'essentiel tout en demeurant identifiables. Convaincu que les capitales romaines constituent la forme la plus pure et la plus noble de l'alphabet, il omit fréquemment de développer des minuscules qu'il considèrait comme une altération du modèle due aux contraintes de l'écriture manuscrite et préféra créer des bas de casse qui sont en fait de petites majuscules.

L'œuvre de Cassandre se distingue également par son travail sémantique. Dans le cadre de la campagne pour l'apéritif Dubonnet, il conçut une succession d'images dont la légende faisait apparaitre progressivement la marque et constituait le slogan, soutenu par l'illustration : dubo (un homme stylisé regarde un verre d'apéritif, seuls le verre, son bras et son visage sont en couleurs, le reste est esquissé), dubon (il le porte à sa bouche, la couleur se répand dans son corps), dubonnet (il se ressert et toute l'image est en couleur).

 

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Le style de Cassandre associe la pureté des lignes à l'utilisation dramatique de la couleur notamment par des dégradés réalisés à l'aérographe, une technique qui se répand progressivement dans les années 1920.

Citations

« L’affiche exige du peintre un complet renoncement. Il ne peut s’exprimer en elle ; le pourrait-il, il n’en aurait pas le droit. La peinture est un but en soi. L'affiche n'est qu'un moyen de communication entre le commerçant et le public, quelque chose comme le télégraphe. L'affichiste joue le rôle du télégraphiste : il n'émet pas de message, il les transmet. On ne lui demande pas son avis, on lui demande d'établir une communication claire, puissante, précise... Une affiche doit porter en elle la solution de trois problèmes : optique, graphique, poétique.  »

— Cassandre in Notes, 1935.

« J'espérais trouver [dans l'industrie] cette vie que je ne pouvais plus rencontrer dans les cimetières des marchands de tableaux. »

« Cassandre était le plus grand, le meilleur graphiste de son temps. La première chose que nous avons faite, avant même de réunir les fonds ou de trouver les collaborateurs, fut de le rencontrer. Il avait dessiné le sigle de Christian Dior, il était oublié. C'était en 1961. Il nous a fait une seule proposition, celle des initiales entrelacées ; la rencontre a eu lieu au restaurant Le Débarcadère, à Paris. »  (Pierre Bergé, co-fondateur d'Yves Saint Laurent à propos de la création du logo du couturier).

Blaise Cendrars a dit de Cassandre qu'il était « Le premier metteur en scène de la rue ».

Cassandre, en 1929 « l'affiche n'est pas un tableau, c'est une machine à annoncer [...] c'est avant toute chose un mot. »

 

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