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lundi, 12 juillet 2010

Les speakerines de la télévision

Le 9 février 1949, la Radiodiffusion française devient la Radiodiffusion et télévision de France (RTF). Si la comédienne Suzy Wincker est, en 1934-1935, la première présentatrice de la toute jeune Paris- PTT-Vision, encore au stade expérimental, c'est en 1949 que la fonction de speakerine est officiellement créée. Familières et rassurantes, les speakerines incarnent l’âge classique du petit écran. Recrutées pour leur charme et leur articulation, elles annoncent aux téléspectateurs la suite des programmes ou, en cas de problèmes techniques, elles commentent et meublent les interludes. Elles connaissent une véritable starisation, entretenue par la presse de télévision, les journaux féminins, les studios Harcourt et les romans-feuilletons de Télé-Poche. Relativement autonomes dans leur travail, elles jouent à l'occasion aux journalistes : c'est Jacqueline Caurat qui annonce en direct la mort du président Kennedy en novembre 1963.

 

·         Jacqueline Joubert (mars 1921 - janvier 2005 )

speakerines.jpgActrice de théâtre, elle est entrée à la télévision publique (Radiodiffusion-télévision française) sur concours en 1949.  Elle y présente les programmes pour la première fois le 25 mai. En 1959 et 1961, elle présente depuis Cannes, le Concours Eurovision de la Chanson. Elle crée en 1961 Rendez-vous avec... qui accueille des chanteurs connus et également de jeunes talents de la chanson française (Jacques Brel, Barbara, Johnny Hallyday, Dalida...). La speakerine vedette devient productrice, réalisatrice à partir de 1966 (Entrez dans la confidence, Il était une fois le cinématographe), puis responsable des programmes destinés à la jeunesse dans les années 1970 et 1980. Elle découvre ainsi l'animatrice Dorothée et lance le dessin animé japonais avec Goldorak qu'elle n'appréciait pas vraiment, avoua-t-elle plus tard. Ces émissions prennent fin avec sa démission de l'unité des programmes jeunesse d'Antenne 2 à la fin de la saison 1988.

 ·         Catherine Langeais, (9 août 1923 - 23 avril 1998)

De son vrai nom Marie-Louise Terrasse. Le 28 janvier 1938, elle rencontre François Mitterrand, avec qui, malgré son très jeune âge, elle fut fiancée. Séparés par la captivité de François en Allemagne, leur histoire durera jusqu'au 15 janvier 1942. Catherine Langeais se marie finalement avec un comte polonais Antoine Gordowski, dont elle aura deux enfants, mais dont elle se sépare en 1949 et divorce en 1954.  La jeune fille se destine au cinéma mais une maladie qui la poursuivra (sclerose en plaques) toute sa vie l’empêche de devenir comédienne. En 1949, une petite annonce parue dans la presse va transformer sa vie :

« J’étais dans le désarroi le plus complet et il fallait que je travaille à tout prix pour pouvoir élever mes enfants. A cette époque, je n’avais jamais vu de poste de télévision et je dus me faire passer pour une acheteuse éventuelle, auprès d’un marchand de radio, afin d’assister à une émission de la R.T.F. Entre temps, mon attention avait été attirée par une annonce parue dans la presse et par laquelle la Radiodiffusion faisait appel à des candidates au poste de présentatrice. Me souvenant que vers la fin de mes études j’avais obtenu un premier prix de diction et pensant très modestement que mon physique n’était pas plus laid qu’un autre, j’envoyais ma lettre de candidature au directeur de la RTF. Quelques jours plus tard, ayant affronté avec succès les épreuves du concours, j’entrais pour la première fois dans un studio, poste que j’occupe depuis octobre 1950. »

langeais.jpgElle rejoint ainsi Jacqueline Joubert, première speakerine officielle, arrivée à la Télévision en 1949. Jacqueline Caurat, Denise Fabre et Jacqueline Huet suivront bientôt.
« Marie-Louise racontait souvent que son pseudonyme venait du roman de Balzac, La Duchesse de Langeais, explique aujourd’hui son neveu, Jean- Marc Terrasse. Elle a dit aussi à Pierre Sabbagh qu’elle adorait le château de Langeais. Quant à Catherine, c’était un prénom très à la mode à l’époque. »

Parallèlement, le 10 décembre 1954, elle épouse en secondes noces Pierre Sabbagh, qu’elle a rencontré dans les studios de la rue Cognacq-Jay.

Catherine Langeais fut probablement la speakerine la plus populaire de la télévision française, depuis la fin des années 1950 jusqu'à la fin des années 1970. Jacques Dutronc l'a immortalisée dans ses «50 millions de gens imparfaits, et moi, et moi, et moi, qui regarde Catherine Langeais à la télévision le soir. J'y pense et puis j'oublie, c'est la c'est la vie». Ce fut elle qui accueillit en direct les téléspectateurs de la BBC lors de la première émission internationale de télévision en direct, la Semaine franco-britannique de juillet 1952 réalisée grâce au tout nouveau convertisseur de standard (réglant le problème de conversion des définitions : 405 lignes en Grande-Bretagne, 441 et 819 lignes en France) qui permettra, un an plus tard, la diffusion internationale du Couronnement d'Elisabeth II, puis la mise en place de l'Eurovision.

En parallèle à l'annonce des programmes, Catherine Langeais participa à diverses émissions de divertissement dans les années 50-60, telles que 36 chandelles ou la Séquence du spectateur (rebaptisée plus tard la Séquence du téléspectateur), ainsi que l'émission culinaire Art et magie de la cuisine au côté du chef Raymond Oliver. Une longue maladie l'écartera progressivement de l'antenne, ses pertes de mémoires devenant de plus en plus fréquentes et gênantes lors de ses annonces de programmes. Ce fut toutefois elle qui, le dimanche 5 janvier 1975, clôtura avec beaucoup d'émotion les émissions de la première chaîne ORTF, remplacée le lendemain par la nouvelle société publique TF1 (Télévision Française 1) sur laquelle elle n'assura plus que les commentaires, en voix off, de la Séquence du téléspectateur

 

·         Jacqueline Caurat (née le 23 juillet 1929) :6912465.jpg

Après quelques rôles au cinéma dans les années 1940 et 1950, elle devient speakerine sur la première chaîne à partir de 1953. Elle est surtout connue pour avoir popularisé la philatélie en présentant avec son mari Jacques Mancier l'émission Télé- Philatélie puis Philatélie- Club de 1961 à 1983. Elle y a interrogé des collectionneurs célèbres comme Rainier III de Monaco, ainsi que des dessinateurs et graveurs de timbres (Jean Cocteau se servit de son rouge à lèvres pour redessiner le profil de sa nouvelle Marianne). Elle a également tenu une rubrique «Philatélie Flash » dans le magazine Pilote dans les années 1960.

Télé Philatélie a reçu en 1981 le grand prix international du Film spécialisé, à Vienne

 

·         Jacqueline Huet (Jacqueline, Germaine Huet)

Jacqueline-Huet_reference.jpgElle est née à Paris le 20 octobre 1929 et se suicide le 8 octobre 1986. Elle fut actrice, chanteuse et présentatrice française et une des plus populaires speakerines de la télévision du 5 mai 1958 à 1975. Elle fut élève au Conservatoire de Paris, monta sur les planches à partir de 1945, tourna dans de nombreux films jusqu'à la fin des années 1950. Elle fut également mannequin et fit la couverture de nombreux magazines de presse féminine (Paris-Match, Jours de France, Elle) ou de télévision, et ce jusque dans les années 1970. Engagée à l'ORTF en 1958, elle devient speakerine jusqu'en 1975. Elle présenta également plusieurs émissions de variété et de nombreux galas de chanteurs et humoristes, notamment ses amis Mike Brant, Charles Aznavour, Gilbert Bécaud ou Thierry Le Luron. Elle fut coproductrice de l'émission Le monde de l'accordéon sur TF1 jusqu'en 1981 puis participa à de nombreuses émissions telles que Champs-Élysées avec Michel Drucker ou L'Académie des neuf avec Jean-Pierre Foucault ; Pascal Sevran l'invita à plusieurs reprises dans ses émissions. Amie notamment de Mouloudji et François Deguelt, ceux-ci lui écrivirent des chansons et Jacqueline Huet enregistra plusieurs disques à partir de 1958 ; elle fut récompensée par le prix de l’Académie Charles-Cros en 1965 pour sa chanson Le jour et la nuit. Jusque dans les années 1980, elle se produisit dans de nombreux cabarets et music-halls.

 

·         Anne-Marie Peysson (née le 24 juillet 1935).

Fascinée par la radio et la télévision, elle se présente à un concours de speakerines organisé par la station ORTF de Marseille. Sa vivacité plaît au jury présidé par Marcel Pagnol. Pendant quatre ans, elle présentera les programmes de Télé-Marseille. En 1958 elle monte à Paris pour participer à Paris club et Service d'été. C'est en 1960 qu'elle deviendra l'une des speakerines préférées de la 1ère chaine. On la retrouvera également au côté de Guy Lux dans l'émission de variétés Le Palmarès des chansons.

 

·         Noëlle Noblecourt, née le 12 décembre 1942  

Elle fut speakerine de 1961 à 1964 quand elle est remerciée après avoir porté une jupe qui laissait voir ses genoux, jugée trop courte par la direction. Elle avait également enregistré un disque intitulé Doucement qui a été interdit d'antenne aux heures de grande écoute, pour ses soupirs suggestifs... Elle est par ailleurs auteur compositeur.

 

·         Denise Fabre, née le 5 septembre 1942 à Nice.

Elle débute à 19 ans comme speakerine à Télé Monte-Carlo à l'issue d'un concours. En 1964, elle rejoint la deuxième chaîne de l'ORTF et monte à Paris. C'est le début d'une carrière qui la mène ensuite sur la première chaîne jusqu'en 1994. Dans les années 1960, parallèlement à la télé, elle est chroniqueuse pendant 3 ans dans France-Soir, et anime la tranche 6-8h de France-Inter.

 

·         Sylvette Cabrisseau

 est la première speakerine noire apparue à la télévision sur la 2ème chaine dans les années 60. En 1970, elle est exclue du paysage télévisuel pour avoir posée nue dans un magazine de charme. Elle tente une carrière dans la chanson avec deux titres « Tchou tchou ki » et « Je vis comme je vis » et une carrière dans la littérature d'espionnage sous la plume de Manchette.

 

Après l’éclatement de l’ORTF en 1974, seules resteront à l’antenne en tant que speakerines sur TF1 Évelyne Dhéliat jusqu’en 1982 et Denise Fabre jusqu’à la disparition des speakerines le 12 janvier 1992.

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