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mardi, 20 juillet 2010

L'Art déco

Le style Art déco tire son nom de l'Exposition internationale des Arts Décoratifs et industriels modernes qui se tint à Paris en 1925, qui ne fut que la réalisation d’un projet datant de 1912, que la Première Guerre Mondiale avait différé. L’Art Déco est un prolongement de l’Art Nouveau en ce sens qu’il s’inscrit comme lui dans une certaine idée qu’on se fait du « moderne » (volonté de répondre aux exigences de son temps par des produits résolument contemporains). Comme lui également, il s’affranchit des règles de la tradition pour se soumettre aux lois de la production en grande quantité, de la distribution et du marché. Mais il est aussi une rupture exprimant l’esthétique adaptée à une nouvelle société et aux fortunes nouvelles qui sortaient des décombres de la guerre de quatorze.  La ville de Reims par exemple, détruite à 80 % pendant la guerre, a été reconstruite en grande partie dans un style architectural Art Déco.

Ce qu’on a appelé « la libération de la couleur » avec le fauvisme et les recherches formelles du cubisme ont influencé grandement cette nouvelle esthétique qui s’est répandue, à cause de l’industrialisation, dans tous les domaines de la vie quotidienne en privilégiant le fonctionnel et en recherchant un accord entre l’art et la machine. En architecture, le béton armé qui devient l’utilisation courante se prête à toutes les formes ; l’éclectisme des bâtiments haussmanniens cède la place aux à la cohérence structurelle et aux volumes géométriques des bâtiments d’entre deux-guerre, normal_sommet-chrysler-building.jpgdont le Chrysler Building new-yorkais est le spécimen le plus abouti avec son toit  évoquant les pare-chocs des voitures de la marque. Le Corbusier et, à Lyon, Tony Garnier incarnent cette tendance.

 

Autant les formes du mobilier de l'Art nouveau étaient ondulantes, très détaillées et prenaient exemple sur la nature, autant celles de l'Art déco se tournèrent vers des formes épurées et essentiellement géométriques, la courbe et la fameuse arabesque tendant à s’incliner devant le profit de l'angle droit, notamment avec le courant De Stijl. L’ébène  fut le bois de prédilection de ces années vingt : on le choisit pour son éclat, ses veines subtiles, presque imperceptibles, ses surfaces lisses et très sombres cirées en douceur afin d’obtenir  les reflets lustrés mettant en valeur les plans et les volumes. L’art du placage, le laqué, le métal chromé sont les techniques et les matériaux mis en avant.

Le mobilier courant en bois massif, élaboré dans une opposition de plans et un jeu de moulures (Djo Bourgeois), est diffusé dans les grands magasins (le rayon Primavera au Printemps, le Studium au Louvre). C'est la vogue des meubles à combinaisons multiples (étagères, armoires standardisées par Francis Jourdain aux Ateliers modernes).

Emile-Jacques Ruhlmann (1879-1933) est un ébéniste phare, qui travaille sur commande et réalise des pièce suniques pour une élite fortunée. C'est lui qui donna son nom à la fameuse brasserie Ruhlmann à New-York. Ses meubles massifs et posés sur un piédestal se reconnaissent facilement.

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Ce qui se passe avec le bâtiment et le meuble, c'est-à-dire la recherche d’une adéquation à  la structure pour la production en série se passe aussi en art graphique avec l’arrivée massive des antiques (linéales), avec les caractères Futura (1927), Gill (1930), et Bifur (1929),

 

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Le caractère Bifur, créé par Cassandre en 1929
  

art_deco_perfume_bottle_lalique.jpgLes formes de l'art moderne s'affirment dans le domaine de la mode (S. Delaunay), des frivolités, du goût en général — flacons de parfums (R. Lalique -voir ci-contre, Baccarat), services d'assiettes (Goupy, Luce, S. Lalique), soieries d'ameublement (Dufy, H. Henry) ; l'orfèvre J. Puiforcat diffuse des couverts, des coupes de formes simples, parfois signés d'une simple moulure géométrique ; le relieur P. Legrain façonne des livres à exposer sur pupitre. Céramistes, verriers, orfèvres vivent une époque privilégiée : aussi bien ceux qui travaillent selon des méthodes semi-industrielles – Haviland à Limoges, Daum, Lalique, Christofle, les manufactures de Sèvres et de Baccarat – que ceux qui travaillent en solitaires, artisanalement : Deœur, Cazaux, Lenoble, Lachenal, Marcel Goupy, Décorchemont, Marinot, Linossier...

 

Le couturier Paul Poiret occupe une place originale dans l'art décoratif : dès 1905 il impose à la femme une allure nouvelle en supprimant le corset, invente une mode souple et colorée.

 

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Une figure emblématique de la période Art déco est la garçonne : le mot vient du roman du même nom écrit par Victor Margueritte. Les plus belles représentations de la garçonne sont Suzanne Lenglen (tennis), Louise Brooks (cinéma), Tamara de Lempicka (peinture) ou encore Joséphine Baker (danseuse noire)…

Dernière composante du style 1925 : l'art nègre, qui entre dans les ateliers et les salons des collectionneurs autour de 1905. Après la guerre de 1914-1918, il devient une mode à travers le jazz et la Revue nègre qui en 1925 révèle le talent de l'affichiste Paul Colin. Amateur d'art nègre, Jacques Doucet introduit dans son studio de Neuilly des meubles de Pierre Legrain qui, non content de s'inspirer des formes et des motifs africains, copie purement et simplement les tabourets de cérémonie.

 

Après une période faste durant les années 1920, le courant s'essouffle peu à peu vers la fin des années 1930  progressivement remplacé par l'influence grandissante du Bauhaus et plus généralement du Style international qui accompliront le rêve des artistes de l’Art déco : la production en série, qui annonce déjà la société de consommation que nous connaissons, le beau à moindre prix.

 

 

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