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dimanche, 09 mai 2010

Ferdinand de Saussure

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Ferdinand de Saussure (1857-1913), naît à Genève d'une vieille famille patricienne, illustrée par une lignée de savants, physiciens, chimistes ou naturalistes. D'une remarquable précocité, il anticipe, dès le gymnase, une découverte qui sera, beaucoup plus tard, un des plus beaux titres de gloire de K. Brugmann. Après un an d'études à l'université de sa ville natale, en 1876, à peine âgé de dix-neuf ans, il se rend à Leipzig, où la remarquable équipe des Junggrammatiker était en train de renouveler les études de grammaire comparée. Il y achève, à vingt-deux ans, un mémoire qui lui assure la notoriété et excite quelques jalousies. En 1880, il se rend à Paris où, dès l'année suivante, on lui confie, à l'École des hautes études, une conférence de grammaire comparée. Il comptera, parmi ses auditeurs, beaucoup de ceux qui seront les maîtres de la génération suivante. Il rentre à Genève en 1891 pour y assurer un enseignement de linguistique comparée des langues indo-européennes. À trois reprises, en 1907, 1908-1909 et 1910-1911, il donnera les cours de linguistique générale qui fondent sa renommée.


L'influence de Ferdinand de Saussure (1857-1913) sur la linguistique contemporaine tient à la publication posthume, en 1916, par deux de ses disciples, Charles Bally et Albert Sechehaye, de son Cours de linguistique générale. Longtemps méconnues, les hypothèses qui y sont développées ont trouvé dans les années 1960 un écho amplifié par le rôle de modèle alors dévolu à la linguistique dans le champ des sciences humaines, chez Claude Lévi-Strauss ou Jacques Lacan, par exemple. Depuis les années 1980, la publication des manuscrits saussuriens, commencée dans les années 1950, a fait connaître un projet plus radical encore, que Bally et Sechehaye, dans l'établissement du Cours, avaient un peu estompé.

 

« Le signe linguistique est donc une entité psychique à deux faces [...] Nous appelons signe la combinaison du concept et de l'image acoustique : mais dans l'usage courant ce terme désigne généralement l'image acoustique seule, par exemple un mot (arbor, etc.). [...] L'ambiguïté disparaîtrait si l'on désignait les trois notions ici en présence par des noms qui s'appellent les uns les autres tout en s'opposant. Nous proposons de conserver le mot signe pour désigner le total, et de remplacer concept et image acoustique respectivement par signifié et signifiant ; ces derniers termes ont l'avantage de marquer l'opposition qui les sépare soit entre eux, soit du total dont ils font partie. [...] Le signe linguistique ainsi défini possède deux caractères primordiaux. [...] Le lien unissant le signifiant au signifié est arbitraire, ou encore, puisque nous entendons par signe le total résultant de l'association d'un signifiant à un signifié, nous pouvons dire plus simplement : le signe linguistique est arbitraire. [...] Le signifiant, étant de nature auditive, se déroule dans le temps seul et a les caractères qu'il emprunte au temps : a) il représente une étendue, et b) cette étendue est mesurable dans une seule dimension : c'est une ligne. »

De toutes les formules avancées par Ferdinand de Saussure, celle qui concerne le « signe » est probablement la plus discutée. Pour rompre avec la tradition philosophique qui se résume à définir le signe comme « quelque chose mis pour autre chose », Saussure ramène l'attention de la linguistique vers la constitution interne du signe en excluant le référent – la chose à quoi se substituerait le signe. Le signe est alors défini comme psychique, ce qui vaut aussi bien pour le signifié – c'est une évidence – que pour le signifiant. La langue, conçue comme système de signes, est construite en tant que réalité intellectuelle, de l'ordre du symbolique. Ce qui appartient à la pensée (les « concepts ») est rabattu sur la langue (le « signifié »), de même que ce qui appartient au signal en est détaché pour venir s'insérer dans une structure mentale abstraite : la phonologie d'une langue.

En prévoyant le développement d'une sémiologie générale, Saussure se fait le précurseur d'une science des systèmes de communication où les pratiques sociales deviennent autonomes, non seulement par rapport aux objets qui les supportent (la référence) mais aussi à l'égard de toute naturalité – c'est la thèse de l'arbitraire : il n'existe aucune unité intrinsèque entre l'image acoustique et le concept qu'elle produit dans la langue. Cette intuition a contribué largement à l'essor d'une anthropologie culturelle conçue en termes de signes et de fonctions

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