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mercredi, 30 juin 2010

L'Annonceur en publicité

Le mot Annonceur est venu pour la première fois sous notre plume, et il nous semble nécessaire d’en fournir une définition exacte, car nous aurons, à l’avenir, de fréquentes occasions de l’employer. Le premier, en France, nous avons, presque au début du siècle, donné un sens à ce néologisme, et ce ne fut pas sans contestations qu’on l’adopta. L’usage, en effet, voulait jusqu’alors que le commerçant, l’industriel, le marchand qui recours

Or, il est admis, dans le monde de la presse particulièrement, que le typographe chargé dans une imprimerie de composer les annonces porte ce nom d’annoncier ; on dit aussi l’annoncier, par extension, de l’employé qui, dans l’administration d’un journal, a pour tâche de recevoir du public, à son guichet, les annonces qui doivent y être insérées.

Il nous a paru qu’en un temps où la publicité est appelée à acquérir son plus grand développement, et où toute une littérature se fonde pour en vulgariser les principes, il n’était pas logique qu’on désignât indistinctement sous le nom d’annoncier le typographe qui compose l’annonce, l’employé qui en reçoit le prix et le commerçant qui la paie et qui en bénéficie.

La langue anglaise, du reste, désigne sous le nom d’Advertiser celui qui fait de la publicité, du verbe to advertise (annoncer). N’était-il pas logique d’appeler, en français, Annonceur, celui qui, de même, annonce ? Et puis, il nous a semblé qu’il existe une raison plus solide encore pour adopter ce vocable dans cette acception; c’est qu’ainsi, le mot annoncier conservant son sens pour désigner celui qui manutentionne, en quelque sorte, l’annonce, et celui qui la vend, aucune confusion ne pourra subsister désormais entre ces deux termes, d’autant que le besoin du premier, pour désigner celui qui annonce, se faisait vraiment sentir pour être clair dans des écrits ayant la publicité pour objet.

L’éminent critique et professeur Emile Faguet, consulté sur ce point de linguistique, a bien voulu nous donner entièrement raison. Nous appellerons donc Annonceur tout commerçant,  tout industriel qui use de la publicité pour le bien de son commerce, de son industrie, quelle que soit la forme qu’il choisisse pour cette publicité. Aujourd’hui, du reste, le terme d’Annonceur est le terme adopté par tous ceux qui sont au courant de la question.


 

Cette digression terminée, et maintenant que nous avons montré le caractère scientifique de la publicité, dans sa conception, et ses affinités nombreuses, avec la psychologie, dont elle n’est, dans ses premières modalités, qu’une branche, il nous reste à dire en quoi la publicité est aussi un art.

Si, en fait, la publicité est une science dans sa conception, c’est également un art, mais seulement dans son exécution, dans sa pratique. Certains esprits, qui sauront parfaitement concevoir un plan de publicité, se montreront inférieurs pour en réaliser l’exécution. Esprits trop positifs, il leur manque la somme de sentiment artistique indispensable pour .mener ce plan à son aboutissement naturel : le succès.

La science psychologique, en publicité, fera percevoir la mentalité des individus à laquelle elle doit s’adresser; elle révélera leurs défauts, leurs qualités, leurs faiblesses ; mais elle sera impuissante à trouver les images, les formules par lesquelles ces individus pourront être persuadés et conquis. C’est l’art de la publicité qui supplée à cette lacune de la publicité-science.

Cela revient à dire que la pratique de la publicité ne possède en elle-même rien qui soit athématique. C’est le résultat d’observations plus ou moins nombreuses desquelles on peut tirer des déductions plus ou moins stables, plus ou moins fixes; et il faut qu’on le sache bien, ces déductions n’auront de fermeté et de solidité que dans le cercle particulier où l’on sera à même de les obtenir. La publicité est donc une voie semée d’ornières et de cul-de-sac, où l’on ne doit s’engager qu’avec réflexion et prudence, et non sans avoir soigneusement repéré le chemin derrière soi.

A chaque sorte d’affaires, sa publicité propre. Savoir ne rien emprunter à personne est une des premières conditions de la réussite. D’abord, parce que chaque affaire exige un mode et des moyens de publicité en quelque sorte personnels; ensuite parce que l’une des conditions primordiales auxquelles elle est soumise est l’originalité. Nous ne disons pas l’excentricité.

Pour cela, l’Annonceur avisé doit se rappeler, à chaque minute, qu’il n’est pas seul à faire de la publicité, qu’il a ses concurrents déjà nés ou à venir, et il lui faut, constamment, avoir les yeux fixés sur les divers points de son horizon commercial, afin d’être toujours informé de ce qui se fait, de ce qui se fera et de tout ce qui peut lui venir d’heureux ou de malheureux par le fait d’autrui.

Constamment instruit des conditions du monde extérieur, il puise dans cette connaissance les ressources voulues pour donner à sa publicité l’extension dont elle est susceptible, sans la faire sortir du cadre exact qui lui convient, et pour lui assurer ce caractère de nouveauté, d’originalité — et aussi de PERSUASION — qui fait toute sa force. Connaître avant d’agir, est le seul garant de la réussite, en matière de publicité comme ailleurs. »

Traité pratique de publicité commerciale et industrielle. « Le mécanisme de la publicité avec diverses applications » D. C. A. Hémet (1866-1916) préface de Emile Gautier « la Publicité » (Paris)1922

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