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lundi, 19 juillet 2010

L'Art Nouveau

Art Nouveau (Modern Style) : Il nait d’un besoin de neuf qui s’empare de la bourgeoisie d’Europe de la fin du XIXème jusqu’à la première guerre mondiale (Belle Epoque), qui ne désire plus imiter l'art de la cour ou la noblesse et les styles du passé, mais vivre confortablement dans un cadre harmonieux, voire, pour les plus esthètes, artistique.  « Par une sorte de fièvre ailée, des hommes en tous lieux se levaient pour combattre les vieilleries ».  Cette citation de Robert Musil dans son roman l’Homme sans qualités résume bien la volonté collective de promouvoir un langage lié au présent, en rupture avec la tradition qui se limitait alors à la reprise des grands styles historiques réduits le plus souvent au rang de curiosité pittoresque ou de nouveauté commerciale. L’Art Nouveau aspire à être en osmose avec les contenus de la société industrielle moderne qui a fait les fortunes de cette bourgeoisie : « Fini le temps des galères, de la marine à voile et des voitures hippomobiles, nous vivons à l’heure des trains, des trams, et des bateaux à vapeur. Finies les lampes à huile et les chandelles, il y a désormais le gaz et l’électricité », écrivait en 1902 Sylvius Paoletti dans L’arte moderna. La maison de Des Esseintes, imaginée par Joris-Karl Huysmans dans son roman À rebours (1884) devient un modèle : l'acte d'habiter peut se transformer en expérience artistique quotidienne.

Aussi, l’Art Nouveau prit son essor dans des domaines très variés : architecture, où il se caractérise par la profusion de nouveau matériau (céramique et fer forgé notamment), en peinture (où il s’inspire du symbolisme de Gustave Moreau et de Puvis Deschavannes), en sculpture (Victor Prouvé), en musique (Debussy et Eric Satie). C’est le mobilier d’intérieur, avec grâce à Michael Thonet (1796-1871) la découverte d’un procédé de pliage du bois qui va populariser et démocratiser l’art nouveau : La chaise n° 14 du catalogue se vend à 45 millions d’exemplaires entre 1859 et 1899 et devient l’emblème de la chaise de café, comme le rocking-chair en bois courbé celui d’une décontraction au goût du jour. Hector Guimard (1867-1942), Emile Gallé (1846-1904) Louis Majorelle (1859-1929) sont des ébénistes marqueteurs créateurs de meubles les plus caractéristiques. La villa Majorelle, construite à Nancy en 1901 1902 par l'architecte parisien Henri Sauvage est un modèle du genre. De fait, on assimile souvent l’Art Nouveau à l’emploi systématique de cette ligne courbe : songez aux arabesques du métro parisien réalisé par Hector Guimard,  aux affiches de Mucha ou d'Eugène Grasset, le créateur de la Semeuse pour Larousse. Chez les créateurs les plus talentueux, cette ligne courbe exprime la vitalité, la puissance germinative de la plante, de la branche et de la racine comme le dit Emile Gallé dans son ouvrage Le Mobilier contemporain orné d'après la nature, paru en 1900, pour qui la nature « prête à l'artiste bien d'autres choses que les lombrics et ténias, les pseudo-varechs et les vermicelles affolés dont on a pensé faire avec beaucoup de talent, à l'occasion de 1900, un berceau où abriter le XXème siècle »

 

En typographie, c'est George Auriol (1863-1938) qui crée les caractères spécifiques à l'Art Nouveau dont s’inspira Hector Guimard pour le lettrage de ses stations de métro : Auriol Champlevé (1904), Française légère (1902), Clair de Lune (1904-1911) et Robur (1904-1911), tous de la famille des manuaires, pour la fonderie de Georges Peignot (1872-1915). « La difficulté de marier le caractère à un dessin irrégulier et le goût parfois mauvais des imprimeurs, a déclaré Auriol dans L’Imprimerie et les procédés de gravure au XXe siècle (1906),m’ont conduit à dessiner des lettres qui, après diverses transformations sont devenues typographiques.»

L’art nouveau touche aussi la philatélie, la céramique, les bijoux, les vitraux, qui retrouvent toute leur place dans l'architecture avec le verre Tiffany qui capture la lumière : synonyme d’opulence et de profusion, enfant aussi de l’Europe colonisatrice, il sera rejeté après guerre par les dadaïstes, les surréalistes et les membres du Bauhaus qui façonneront une autre esthétique.

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bureau nénuphar de Louis Majorelle, expo de 1900

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Intérieur bruxellois art nouveau
 

L'Art nouveau s'est diffusé très rapidement dans le monde grâce aux revues illustrées de photographies. En 1893 la revue The Studio qui affichait la devise « Use and Beauty »  contribua puissamment à faire connaître les Arts and Crafts. D'autres revues suivirent, comme Dekorative Kunst et sa version française L'Art décoratif, Art et décoration, Innen Dekoration, Deutsche Kunst und Dekoration, Jugend en Allemagne, Ver Sacrum à Vienne, Volné Směry à Prague, L'Arte decorativa moderna à Turin.

L'affiche illustrée, dans laquelle s'illustra Jules Chéret, fut également  un puissant moyen de diffusion. La carrière d'Alfons Mucha fut lancée par ses affiches pour l'actrice Sarah Bernhardt. Au faîte de sa gloire, Mucha ouvrit un cours de composition d'art décoratif et publia en 1902 des Documents décoratifs. Les parures élaborées que portent ses personnages féminins incitent le joaillier Fouquet à lui commander des dessins de bijoux.

Les grandes expositions universelles, comme celle de Paris en 1900, contribuèrent à répandre et à internationaliser les modes : à côté de sections consacrées aux produits de l'industrie ou de l'agriculture, à la présentation de nouvelles technologies, une place était réservée aux expositions d'art et d'arts appliqués : la Salle viennoise de J. M. Olbrich ou celle de l'École des arts décoratifs de Vienne démontraient le renouveau des arts décoratifs autrichiens. Les pavillons des différents pays étaient rarement novateurs : ils évoquaient de préférence des formes d'architecture traditionnelle ou pastichaient des monuments fameux.

 
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Mucha (1898)
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Broche (René Lalique (1860-1945) Paris, musée d’Orsay
 
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George Auriol, catalogue Peignot, specimen Clair de Lune (1911)
 
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Sarah Bernhardt dans le rôle de Cleopâtre (1891)

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