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vendredi, 08 avril 2011

Syntagme et paradigme

Pour Saussure, le syntagme s’oppose au paradigme. Cette opposition permet de distinguer les relations de complémentarité que les mots entretiennent avec d’autres unités présentes dans la chaine du discours (relation syntagmatique) des relations de susbstitution qu’ils entretiennent avec d’autres, absents, et qui pourraient occuper leur place (relation paradigmatique).           

Par exemple,  dans la phrase : « la célèbre avocate regarde le dossier», l’article défini  « la» entre en combinaison avec l’adjectif «célèbre» et le nom «avocate» pour former un groupe sujet du verbe «regarder», dont les mots »le dossier » sont COD.

L’adjectif «célèbre » , on peut le remplacer par d’autres du même paradigme, celui des adjectifs (petite, jeune, superbe). Au mot «avocate » peut se substituer d’autres noms appartenant au paradigme des noms de métiers (boulangère, standardiste…) ou à un paradigme plus vaste, celui par exemple des noms désignant des personnes (frère, français, dame…)

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Toute parole implique ainsi le fonctionnement concomitant de ces deux axes : il y a projection du paradigme dans le syntagme.

Par exemple,  si j’écris : « Le train entre en gare », je n’écris pas « Deux voitures sortent du tunnel ».  Pourtant on peut dire que ces deux phrases ont une proximité  en raison de leurs syntagmes proches  (même nombre de mots, même structure syntaxique) et de leurs paradigmes communs (pronom personnel, véhicules, verbes de mouvement, préposition, lieu). 


jeudi, 07 avril 2011

Référent/signifiant/signifié

 

Le premier rôle de Ferdinand de Saussure aura été, au-delà de cette approche diachronique qui caractérise le XIXème siècle, d’avoir renouvelé les études linguistiques à partir d’une étude synchronique. Son Cours de Linguistique Générale (recopié par ses étudiants et publié en 1916), fait date et autorité. Il y affirme que l’étude d’une langue est plus pertinente dans un état donné à un moment précis, alors qu’aucune évolution diachronique ne peut être enregistrée. La base de son enseignement peut se rapporter à ces deux préceptes :

-la langue est un système c’est à dire un ensemble de signes et de règles d’agencement de ces signes entre eux, et non pas une substance innée. 

- Un élément de la langue ne vaut que par rapport aux autres, c'est-à-dire, d’où l’importance de la relation entre les éléments. Chaque mot est un signe. 

Les notions de référent, signifié, signifié, proviennent du Cours de Linguistique Générale de Saussure. Le référent est un élément du Réel, la chose, l'être ou l'objet que désigne ler signe. Qu'il soit iconique (image) ou linguistique (mot) le signe est un élément culturel, inscrit dans un code et un langage.  Le système de signes, le plus connu et le plus utilisé consciemment par les humains, est la langue, les mots.

Saussure distingue deux aspects dans un signe: le signifiant et le signifié (qu'il représente par les symboles Sa/Sé). Il explique que le signe n'est  pas l'association d'un mot et d'une chose, comme on le pensait généralement. Mais il décrit le signe comme l'association, dans une langue, d'un signifiant (une forme sonore ou graphique) et d'un signifié, une sorte d'«image accoustique», c'est-à-dire l'empreinte que laisse le son (le signifiant) dans notre esprit. Ainsi, la séquence sonore latine | arbor | évoque dans l'esprit de celui qui l'entend (et qui parle latin) le concept 'arbre'.

«Le signe linguistique est donc une entité psychique à deux faces, qui peut être représentée par la figure:

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Ces deux éléments sont intimement unis et s'appellent l'un l'autre. Que nous cherchions le sens du mot latin arbor ou le mot par lequel le latin désigne le concept 'arbre', il est clair que seuls les rapprochements consacrés par la langue nous apparaissent conformes à la réalité, et nous écartons n'importe quel autre qu'on pourrait imaginer  (urbr, ou orbr) . «Nous appelons signe, dit donc Saussure, la combinaison du concept et de l'image acoustique:  Nous proposons de conserver le mot signe pour désigner le total, et de remplacer concept et image acoustique respectivement par signifié et signifiant ; ces derniers termes ont l'avantage de marquer l'opposition qui les sépare soit entre eux, soit du total dont ils font partie. Quant à signe, si nous nous en contentons, c'est que nous ne savons par quoi le remplacer, la langue usuelle n'en suggérant aucun autre.»

«La langue est encore comparable à une feuille de papier: la pensée est le recto et le son, le verso; on ne peut découper le recto sans découper en même temps le verso; de même dans la langue, on ne saurait isoler ni le son de la pensée, ni la pensée du son; on n'y arriverait que par une abstraction (...).»

 

 

Motivation/arbitraire

 

D'où vient le lien entre un signe donné et son référent ? (entre le mot arbre et l'arbre lui-même ? entre mot chaise et son référent , la caise elle-même ? )  Ainsi, il peut apparaître naturel au profane qu'un objet domestique donné ait pour nom «chaise». Quelle est donc la relation qui existe entre les sons mouillés, zézayants et ouverts que l'on entend, et une simple chaise ? Entre le dessin alphabétique formé par ces six lettres (que les linguistes appellent des «graphèmes»), et une chaise ? Bien peu, à bien y penser. Si peu en effet que les Grecs utilisent pour désigner le même objet un ensemble de sons bien différents: Karekla; les Allemands: Sthul; les Espagnols: Silla; etc. Il semble bien pourtant, explique Saussure, que le lien entre le signifié et le signifiant soit ici passablement arbitraire (fondée sur une convention qui pourrait être changée). 

 

 Le linguiste Benveniste complètera plus tard le schéma en précisant que la relation entre le sié et le siant est, elle, fondée sur un lien nécessaire. En effet, si on change une lettre d'un signifiant, on altère le lien qu'il a avec le signifié, et donc le sens du mot lui-même. Ainsi le concept (signifié) bœuf est forcément lié dans ma conscience à l’ensemble phonique bœf. Toef  ne l'est pas. Donc il est faux de prétendre, comme l'avait fait Saussure, que le lien entre le signifié et le signifiant est arbitraire. C'est en réalité, précise Benvéniste, le lien que nourrit le signe lui-même (sié+siant) avec la réalité qui est arbitraire.

Le mot arbre dans sa totalité nourrit avec le référent qu'il désigne un lien arbitraire. La preuve c'est que le référent, dans une autre langue, nourrira ce même lien avec un autre signe (tree). Mais dans cette autre langue, le lien entre le signifié et le signifiant resera, lui, nécessaire.

Pourquoi maitriser ces concepts ?

Parce que dans les slogans (publicitaires ou politiques), les jeux sur le signifiant et le signifié sont fort nombreux.

Ainsi, dans le slogan de Desnos "Pas de santé sans thé des familles", un même signifiant sonore est répété avec deux signifiés différents (santé et sans thé) , ce qui créé un jeu de mots et attire l'attention. Dans le slogan Mitterrand Président, les deux signifiants ont des ressemblances (rimes en an, assonances en i et allitération en r, nombre de syllabes) : cela induit un rapprochement entre un signifié (nom d'un homme) et un autre signifié (une fonction). Le slogan laisse entendre que l'un (l'homme) serait fait pour l'autre (la fonction). D'où la pertinance de ce slogan politique. Même chose avec la slogan américain I like Ike, de la campagne d'Eisenhower, ou le signifié "je" (I en américain) se trouve dans le verbe aimer (like)et le prénom du candidat (Ike). Ce qui crée une sorte d'intimité factice entre les deux référents (l'electeur et le candidat), susceptible d'influencer le vote.

jeudi, 10 février 2011

La double contrainte

On nomme double contrainte (double-bind) une paire d'injonctions paradoxales  consistant en une paire d’ordres explicites ou implicites intimés à quelqu’un qui ne peut en satisfaire un sans violer l’autre. To bind (bound) signifie « coller », « accrocher » à deux ordres impossibles à exécuter avec un troisième ordre qui interdit la désobéissance et tout commentaire sur l’absurdité de cette situation d’ordre et de contre-ordre dans l’unité de temps et de lieu. Sans cette troisième contrainte, ce ne serait qu’un simple dilemme, avec une indécidabilité plus-ou-moins grande suivant l’intensité des attracteurs.

La double contrainte existe seulement dans une relation d’autorité qui ordonne un choix impossible et qui interdit tout commentaire sur l’absurdité de la situation. Dans une situation d’indécidabilité, le dilemme est une nécessité de choisir (Comme dans le Cid de Corneille où les aléa de la vie place le héros face à un choix difficile), tandis que l’injonction paradoxale est une obligation (un ordre) de choisir.

L’injonction paradoxale est bien illustrée par l’ordre sois spontané(e), souvent utilisé par Paul Watzlawick comme exemple, où devenant spontané en obéissant à un ordre, l’individu ne peut pas être spontané. Autre exemple qu'il cite souvent : 

Une mère rend visite à son enfant et lui offre deux cravates, une bleue et une rouge. À la visite suivante, l’enfant se présente avec la cravate rouge. La mère lui dit : « tu n’aimes pas la cravate bleue » ?
À la visite suivante, l’enfant se présente avec la cravate bleue. La mère lui dit : « tu n’aimes pas la cravate rouge » ?
À la visite suivante encore, l’enfant se présente avec les cravates bleue et rouge à la fois au cou et sa mère lui dit : « Ce n’est pas étonnant que tu sois placé en pédopsychiatrie » !

 

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Effets sur l’individu :

  • La double contrainte empêche toute prise de décision adaptée.
  • Elle génère des sentiments diffus de malaise, d’impuissance, de confusion des idées ou des affects. Elle donne le sentiment d’être en faute ou incompétent, d’être de trop ou spectateur de ce que l’on fait.
  • Elle entraîne la perte de confiance dans son ressenti.
  • Elle provoque des impasses relationnelles, un vécu de castration et des situations non gagnantes.
  • Elle peut rendre a-réactionnel (sans réaction).
  • Elle rend la situation « a priori » insoluble, inextricable.
  • Elle pourrait même bloquer l’énergie de vie.

Comment s’en sortir ?

La capacité à se sortir d’une double contrainte dépend bien évidemment de l’âge et des ressources personnelles de l'individu qui y est soumis, comme de la nature de la relation entre les deux individus. Selon G. Bateson, la conséquence positive de la double contrainte est d’obliger l’individu à développer une « double perspective créative ». En clair, pour s’en sortir, l’individu est invité à :

  1. Réduire l'intensité ou changer la nature de la relation qui provoque la double contrainte.
  2. Repérer la double contrainte, en prenant conscience des messages contradictoires qu'elle induit.
  3. Métacommuniquer et recadrer, autrement dit, communiquer sur la communication en dévoilant les non-dits, en relisant la situation à un niveau différent. Par exemple, communiquer sur l’absurdité d’une demande peut être une façon de la dépasser.
  4. Adopter un comportement différent : oser l’humour, la métaphore, la créativité, la spontanéité, s’impliquer, oser se révéler, oser être qui l’on est, faire différemment plutôt que davantage, etc… C’est une véritable prise de risque identitaire qui encourage à être créatif plutôt que réactif.

 

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Asterix chez les Corses - exemple de double contrainte

 

 

 

 

lundi, 17 janvier 2011

Les théories de la communication (1)

C'est après la première guerre mondiale, dans un contexte de Guerre Froide, de renseignement et de secret que la problématique de la communication s'est imposée aux Etats-Unis, d'où elle a pris  son essor.


La théorie de l'information de Shannon (modèle télégraphique)

 

La Théorie de Shannon est une théorie mathématique de l'information, dite aussi de la donnée. Elle est née de considérations très pratiques : des problèmes de capacités de lignes de communication (télégraphe & téléphone) et de coût de communication. En recherchant des solutions rapides, sures et rentables pour transporter l'information, des chercheurs l'ont progressivement mise au point. Dans leur jargon en fait, la communication se limitait le plus souvent au transport de l'information, ce dernier terme étant synonyme de données, c'est-à-dire d'un ensemble de signaux non signifiants, une simple chaîne de signes (lettres/points/barres) constituant le message qu'il importait de transmettre le plus rapidement, le plus efficacement et le plus économiquement possible.

En 1949, Claude E. Shannon, un mathématicien travaillant pour la compagnie de téléphone Bell, publia la Théorie mathématique de la communication. C'est l'aboutissement de la recherche de plusieurs ingénieurs, dont Hartley, qui donna la première lettre de son nom pour désigner l'information dans une formule. La communication y est conçue comme une pure mécanique, découpable en un schéma matériel  : une source d'information, qui produit un message (la parole au téléphone, par exemple) ; un émetteur, qui transforme le message en signaux (le téléphone transformant la voix en oscillations électriques) ; un canal, grâce auquel sont transportés les signaux (câble téléphonique) ; un récepteur, qui reconstruit le message à partir des signaux ; et une destination, qui est la personne (ou la chose) à laquelle le message est envoyé.

 

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Le problème fondamental de la communication est de reproduire en un point soit exactement soit approximativement un message sélectionné à un autre point. (...)Par système de communication nous désignons un système du type indiqué par le schéma de la figure 1. Il consiste en cinq parties essentiellement.
Ces 5 parties:
- Une source d'information qui produit un message ou une série de messages à communiquer au terminal récepteur
- Un transmetteur qui traite le message de façon à produire un signal susceptible d'être transmis par le canal.
- Le canal est simplement le medium utilisé pour transmettre le message de l'émetteur au récepteur.
- Le récepteur effectue d'ordinaire l'opération inverse de celle faite par le transmetteur, en reconstruisant le message à partir du signal.
- Le destinataire est la personne (ou la chose) à qui le message est adressé

Pendant la transmission, ou à l'un des terminaux, le signal peut être perturbé par du bruit.

 

tintin3.jpgLe message, un ensemble de signaux codés et insensés, est donc transmis de l'émetteur au récepteur : c'est un objet, extérieur à ceux qui le produisent ou le consomment. C'est une matière, quantifiable après traitement spécifique. Ce traitement, c'est la théorie de l'information qui va le permettre en décomposant le message en unités, les bits d'information. Le message est acheminé via des canaux permettant de franchir la distance spatiale et temporelle qui sépare l'émetteur du récepteur ( canaux naturels comme les ondes de l'air ou instrumentaux comme le faisceau laser, les câbles de la télédistribution ou encore les satellites de communication). Les opérations de codage et de décodage s'effectuent sur la base d'un code dont la convention est partagée par l'emetteur et le récepteur, et qui doit être composé de signaux univoques, chaque signe ne pouvant se référer qu'à une seule chose. Ainsi conçu, le code apparait bien comme extérieur à la source de l'information. La source doit se soumettre au code. De plus, le code est préétabli : il précède ses utilisations dans les opérations de décodage. Il est des choses qu'on ne pourra donc dire, parce que des signes peuvent manquer au code. Le caractère mécaniste du modèle est ainsi manifeste.

 

Prolongements :

 

De nombreuses études ont été faites dès son apparition pour appliquer la théorie de l’information de Shannon à la communication humaine. En fait, on a un peu vite superposé les notions d’information et de communication, le but des travaux étant de mesurer la capacité de l’homme comme véhicule d’information ou canal de transmission. On a pu mesurer ainsi que la limite supérieure de capacité de transmission humaine se limite à 25 bits / sec.

Mais bien au-delà, la théorie de Shannon a bientôt constitué un point de ralliement pour des disciplines aussi diverses que la physique, les mathématiques, la sociologie, la psychologie, la linguistique et la biologie moléculaire à travers les notions de code, d'émetteur, de message et de récepteur, de bruit, de redondance… En linguistique, par exemple, le mot code va s’imposer comme synonyme de langue et de système. On peut voir là une première occasion de rapprocher dans l’analyse de la communication les domaines de l’artificiel, du biologique et de l’humain.

 Dès le départ, des chercheurs se sont insurgés contre une telle transposition d'un schéma mathématique dans d'autres disciplines. Toutefois, pendant plus de trois décennies, cette théorie linéaire inspirera la plupart des approches de la communication, et le schéma établi par le mathématicien Shannon – émetteur/message/récepteur – deviendra la référence obligée pour tout néophyte en sociologie des médias.

Shannon avait montré qu’au fur et à mesure qu’on apporte des données, celles-ci devenaient de plus en plus prévisibles. Il y a un inévitable passage de l’information à la redondance. Cette idée, soulignée par Shannon, que l’information ne peut que se dégrader irrémédiablement a trouvé une postérité dans les théories systémiques à venir. Un rapprochement a été fait avec la thermodynamique. En 1865, Rudolf Clausius avait montré, à propos de l’énergie, que tout ce qui est organisé et structuré est soumis à la dégradation et au retour au chaos. C’est le phénomène d’entropie. Dans une machine thermique, l’évolution d’un ordre différencié (chaud et froid séparés) donne in fine un désordre indifférencié (le tiède).

  

 

L'apport de Weaver

 Warren Weaver (1896-1978) est un mathématicien, philosophe de la communication.
Il a « humanisé » le schéma purement technique de Shannon en y introduisant un récepteur sémantique entre le récepteur technique (qui transforme les signaux en message) et le destinataire. Ce récepteur soumet le message à un second décodage, destiné à mettre un sens sur les mots reconstitués, à accorder les caractères sémantiques des messages avec les possibilités sémantiques des destinataires. De même, Weaver suggère d'insérer entre source et émetteur un paramètre supplémentaire qualifié de bruit sémantique, rendant compte de phénomènes de perturbations ou de distorsion de signification.

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La cybernétique

Le premier à avoir l'intuition du rôle structurant des nouvelles machines à communiquer est Norbert Wiener (1894-1964), mathématicien américain, le  père de la cybernétique. Dans son ouvrage Cybernetics or Control and Communication in the Man and the Machine (1948), il diagnostique - alors que l'on est tout juste à l'aube de l'informatique - que la société du futur s'organisera autour de l'information.

La cybernétique : sciences du contrôle et des communications dans l’homme, l’animal et la machine.

Science qui se donne pour objet l’étude des systèmes vivants et non vivants ; la science des régulations au sein des organismes vivants et des machines. Notre monde est intégralement constitué de systèmes, vivants ou non-vivants, imbriqués et en interaction. Peuvent ainsi être considérés comme des "systèmes": une société, une économie, un réseau d'ordinateurs, une machine, une entreprise, une cellule, un organisme, un cerveau, un individu, un écosystème… 

Un système cybernétique peut être défini comme un ensemble d'éléments en interaction, les interactions entre les éléments peuvent consister en des échanges de matière, d'énergie, ou d'information.

Ces échanges constituent une communication, à laquelle les éléments réagissent en changeant d'état ou en modifiant leur action. La communication, le signal, l'information, et la rétroaction sont des notions centrales de la cybernétique et de tous les systèmes, organismes vivants, machines, ou réseaux de machines.

L’apport de Wiener au modèle de la communication : le feedback ou processus de régulation.

L'approche cybernétique d'un système consiste en une analyse globale des éléments en présence et surtout de leurs interactions réciproques. L'action d'un élément sur un autre entraîne en retour une réponse (rétroaction ou "feedback") du second élément vers le premier. On dit alors que ces deux éléments sont reliés par une boucle de feedback (ou boucle de rétroaction). Le message de Rétroaction (ou Feedback, ou encore message de feed-back en anglais), est donc le message, verbal ou non, renvoyé par réaction par le récepteur, à l'émetteur. Lorsqu'il existe, on parle de communication bidirectionnelle. Ses enjeux sont différenciés de ceux du message dont il est issu. Le feed-back peut servir, suivant les cas, à:

- confirmer la réception du message ;

- infirmer la réception du message ;

- demander des précisions ;

- relancer la discussion ;

- terminer la discussion.

La notion de rétroaction (feed-back)  a permis aux chercheurs en sciences humaines de passer d'une vision linéaire (unidirectionnelle) de la communication, à la conception d'un processus circulaire (bidirectionnelle).

On peut distinguer selon Wiener deux formes de Feed-Back :

- Le Feed-back positif, qui conduit à accentuer un phénomène, avec un effet possible de boule de neige (hausse de la tension entre les communicants. Entre humains il s'agirait d'énervement entre deux personnes).

- Le Feed-back négatif peut être considéré comme un phénomène de régulation, qui en amoindrissant la communication, tend à la maintenir stable et équilibrée. Cette régulation prends plusieurs formes notamment la reformulation ou le questionnement.

Ces deux formes du Feed-back assurent la réception du message. Le troisième cas, dans lequel le Feed-back n'est pas exprimé (néant), crée un frein à la communication: on ne sait même pas si le message a été reçu ou pas. C'est souvent le cas dans la communication de masse.

C’est une révolution, car la communication cesse d’être conçue comme linéaire, mais comme circulaire (boucles) : Emetteur et récepteur interagissent.

 

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Wiener distingue 2 types de feedback :

 

feedback positif : il conduit à accentuer un phénomène (Réactions de B renforcent l’attitude A)

feedback négatif : régulation, amortit le phénomène (Réactions de B conduisent A à se corriger).

samedi, 08 mai 2010

Théories de la communication (3)

Le schéma de la communication selon Jakobson

Cet autre modèle, fondé sur la linguistique, est proposé en 1963 par Roman Jakobson (1896-1982). Ce linguiste russe développe un point de vue centré non plus sur la transmission d'un message, mais sur le message lui même, évitant ainsi les dangers d'instrumentalisation technique. Il est composé de six facteurs. À chacun de ces facteurs est lié une fonction du message, explicitée par Jakobson.

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Le destinateur, lié à la fonction expressive du message,

Le message, lié à la fonction poétique du message,

Le destinataire, lié à la fonction conative du message,

Le contexte, l'ensemble des conditions (économiques, sociales et environnementales principalement) extérieures aux messages et qui influence sa compréhension, lié à la fonction référentielle du message,

Le code, symbolisme utilisé pour la transmission du message, lié à la fonction métalinguistique du message,

Le contact, liaison physique, psychologique et sociologique entre émetteur et récepteur, lié à la fonction phatique du message.

On notera l'apparition ou la réapparition des trois dernières notions (contexte, code, contact) qui complètent énormément la vision d'ensemble sur ce qu'est une communication.

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20:01 Publié dans théorie du signe | Tags : jakobson | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 18 avril 2010

Le diagramme d'Ishikawa

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Kaoru Ishikawa (石川 Ishikawa Kaoru, (Tokyo – 1915- 1989) est un ingénieur chimiste japonais  précurseur et un des théoriciens pour la gestion de la qualité, à qui on doit le diagramme des causes et effets, qui  est un des outils fondamental pour assister les cercles de qualité

Le diagramme d'Ishikawa est un outil graphique qui sert à comprendre les causes d'undéfaut de qualité ; il sert à analyser le rapport existant entre un problème et toutes les causes possibles. 
Le diagramme d'Ishikawa permet :

• De classer les causes liées au problème posé
• De faire participer chaque membre à l'analyse
• De limiter l'oubli des causes par le travail de groupe

• De fournir des éléments pour l'étude de ou des solutions

La construction du diagramme d'Ishikawa est basée sur un travail de groupe visant à définir
 clairement le ou les problèmes : 

• Pratiquer auparavant un brainstorming et trouver toutes les causes possibles au problème. Chacun doit émettre ses opinions librement sur les origines possibles
• Classer les causes en grandes familles. Vous pouvez vous aider des " 5M " : Matières, Milieu, Méthodes, Matériels, Main d'oeuvre et les placer sur le diagramme. Ces 5 critères sont les plus utilisés comme point de départ à la réflexion
• Apprécier la ou les causes principalement responsables par le groupe de travail
• Vérifier les opinions de chacun
• AGIR sur la ou les causes pour corriger le défaut en donnant des solutions en mettant en place des actions correctives

Exemple :  Je gère un bistrot et j'ai de nombreuses réclamations de mes clients : la bière que je vends n'est pas bonne. Je cherche les causes, puis je les classe par nature à l'aide d'un diagramme d'ISHIKAWA :
Après un brainstorming réalisé nous utiliserons les 5M dans l'exemple :

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18:55 Publié dans théorie du signe | Tags : ishikawa | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 12 avril 2010

Théories de la communication (2)

Le modèle de Lasswell

 

Harold Dwight Lasswell (1902-1978), politologue et psychiatre américain, s'est fait un nom en modélisant la communication de masse. Pour lui, il s'agit de la décrire à travers les questions : 

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« Qui, dit quoi, par quel canal, à qui et avec quel effet ? ».

C'est la stricte reprise des cinq questions que Quintilien adressait à tout apprenti rhéteur.

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Qui ? : correspond à l'étude sociologique du ou des milieux et organismes émetteurs.

Dit quoi ? : se rapporte au contenu message, à l'analyse de ce contenu.

Par quel média ou canal ? : C'est l'ensemble des techniques utilisées pour diffuser l'information à un instant donné dans une société donnée.

A qui ? : vise l'auditoire, ou audience. C’est-à-dire les publics récepteurs avec des analyses selon des variables

Avec quels effets ? : Il s'agit d'analyser et d'évaluer les influences du message sur l'audience.

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12:22 Publié dans théorie du signe | Tags : lasswell | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 26 mars 2010

Axiome 5

« Tout échange de communication est symétrique ou complémentaire, selon qu'il se fonde sur l'égalité ou la différence » (Axiome n°5 de Paul Watzlwick).

 

C’est un éloge de la modeste. Revenons un instant à notre problème de départ, comment convaincre un interlocuteur?

La situation serait évidemment idéale si on se trouvait dans la même position que le professeur face à une classe désireuse d’apprendre. Nous serions alors dans un rapport complémentaire basé sur la différence entre le professeur, en position haute, et les élèves en position basse.  Admettons bien vite que cette situation est très exceptionnelle et qu’elle se rencontre même assez rarement dans la vie courante.

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Axiome 4

Propositions pour une axiomatique de la communication

(P.Watzlawick – Une logique de la communication, 1967)

 

4- « Les êtres humains usent simultanément de deux modes de communication : digitale et analogique. »

 

En provenance directe des sciences de l'ingénieurs, le couple digital/analogique renforce encore l'opposition entre verbal et non verbal :

Une information peut être codifiée et entrée dans une machine par un certain nombre d'opérations fondées sur une logique binaire : on parle d'information digitalisée. Similairement, le langage fondé sur l'arbitraire du signe peut-être conçu comme un processus de codification digitale.

Un second type de machine travaille sur des données qui représentent le monde extérieur de manière analogique. Parllèlement, les modes de comportement non verbaux peuvent être considérés comme des modes de la communication analogique.

(Paul Winkin, Anthropologie de la communication p 61)

 

 

 

Chacune des deux hémisphères cérébraux est hautement spécialisée.

Paul WATZLAWICK le rappelle à travers de nombreuses preuves expérimentales.

« L'hémisphère gauche a pour fonction primordiale de traduire toute perception en représentations logiques, sémantiques et phonétiques de la réalité, et de communiquer avec l'extérieur sur la base de ce codage logici-analytique du monde environnant. Sa compétence s'exerce  par conséquent sur tout le domaine du langage (grammaire, syntaxe et sémantique) de la pensée et donc aussi de la lecture, de l'écriture, de l'arithmétique et du calcul »

C'est le langage du contenu, c'est à dire, le domaine de la communication digitale. Cet hémisphère gauche est en mesure de traiter les argumentations logiques.

« L'hémisphère droit remplit une fonction très différente. Il est hautement spécialisé dans la perception globale des relations, des modèles, des configurations et des structures complexes ».

C'est le langage de la relation, c'est à dire, le domaine de la communication analogique.

 

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