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mercredi, 19 mai 2010

Du volumen au codex

Volumen :

Depuis 2600 avant JC jusqu'en 650 après JC, le Volumen, (livre en rouleau) dont le nom est dérivé du verbe latin « volvere » (rouler, dérouler), désigna la forme principale qu'a connue le livre dans l'Antiquité classique. Pour constituer ce livre en rouleau, les tiges de papyrus étaient débitées en lamelles étroites, disposées perpendiculairement les unes sur les autres  puis compressées, martelées et polies. Ensuite les feuilles obtenues étaient collées les unes aux autres pour former un rouleau dont la longueur pouvait atteindre entre 6 et 15 mètres sur 30 à 40 centimètres de hauteur. Jusqu'au VIIe siècle de notre ère, l'Égypte a fourni le bassin méditerranéen en matière première sous forme de rouleau vierge.

 

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 Rouleau de la Torah, Saint-Pétersbourg, 1828, Parchemin 15,3 x 1385 cm, BnF, Manuscrits orientaux, hébreu 1426

 
En Orient comme en Occident, la tradition s’était perpétuée de copier des rouleaux de Torah miniature qui servaient soit à des offices privés à domicile, soit et surtout à être emportés en voyage. Le musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme (collection Cluny) en conserve deux. Celui-ci, contrairement aux autres, a encore sa main de lecture, réduction, elle aussi, du modèle habituel.

 

Codex : Le mot latin codex vient de caudex (souche, tronc d’arbre) et signifie, par métonymie, « tablette pour écrire » : l’étymologie garde ainsi la trace de ce que le passage du volumen au codex, qui se produisit lentement entre le Ier siècle et la fin du IV, se fit d’abord lorsque les Romains, qui utilisaient des tablettes de bois recouvertes de cire pour les écrits de la vie quotidienne, relièrent ensemble plusieurs tablettes (une dizaine) par une feuille ou par des lanières de parchemin collées sur le grand côté. Le codex est ainsi un livre  de forme parallélépipédique, résultat de l'assemblage de manuscrits, en premier lieu en parchemin  (Ier et IIème siècles dans l'empire romain)  puis en papier depuis le XIIIème siècle.Sa caractéristique principale est la reliure des feuillets qui le forment par la marge; à l'inverse du rouleau (volumen) qui impose une lecture continue, le codex permet d'accéder aux chapitres (structure du texte) de manière directe. L'habitude de numéroter les pages (par des lettres) accompagna cette innovation. Son adoption dans la chrétienté est d'autant plus marquée que, support de la Bible,  le codex sert à se différencier des rouleaux sur lesquels les juifs écrivent la  Torah. Le codex comme objet est étudié par une science spécifique : la codicologie.

 

 

 

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Fragment d’un recueil des épîtres de saint Paul (Jérusalem, 902) - Parchemin15,5 x 11 cm, BnF, Manuscrits orientaux, arabe 6725

 

Un certain David d’Ascalon (Dâwud al-’Asqalânî) copia à Jérusalem ce recueil des épîtres de saint Paul, dont une partie plus importante est conservée au mont Sinaï. Il s’agit là d’un des plus anciens textes arabes des épîtres, traduit d’après un texte grec ou un texte syriaque différent des textes reçus. La copie de textes religieux chrétiens sur parchemin ne semble pas avoir connu de rupture dans cette région et on peut remarquer qu’à la différence des corans contemporains, le format de ce manuscrit est vertical. Le système de différenciation des consonnes par des points ou groupes de points placés au-dessus ou en dessous des lettres est celui que l’on utilise actuellement et les voyelles ne sont pas notées. Le style d’écriture est particulier aux livres non-coraniques, bien que, dans la forme des lettres, on retrouve certains traits communs avec l’écriture des corans. Les cahiers sont numérotés en lettres grecques. Le décor, du moins dans la partie conservée ici, est réduit à des signes en forme de croix à la fin des épîtres et au choix de l’encre rouge pour les titres.

 

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Miracles de Marie - Ethiopie, fin XVIIe – début XVIIIe siècle. Parchemin 30 x 27 cm BnF, Manuscrits orientaux, éthiopien Abbadie 114

 
L’usage du manuscrit est attesté en Ethiopie depuis le XII siècle, date des témoins connus les plus anciens. En dehors des chroniques royales, le corpus de textes est essentiellement de nature religieuse. Le parchemin est le support privilégié de l’écrit : veau et cheval pour les grands formats, chèvre pour un vellum très blanc et fin, mouton pour les petits ouvrages de moindre qualité ; sa préparation n’est pas confiée aux artisans mais doit être effectuée par le scribe, qui y copiera ensuite le texte., Les papiers orientaux ne semblent pas avoir été utilisés en Ethiopie même, et les quelques manuscrits éthiopiens sur papier que l’on connaisse ont été produits à Jérusalem, à Rome ou en Egypte. Pourtant les musulmans éthiopiens, ainsi que les commerÇants juifs des côtes de la mer Rouge, utilisaient le papier ; aussi peut-on penser que les chrétiens d’Ethiopie ont fait le choix délibéré de ne pas s’en servir à cause de sa fragilité ou par souci d’indépendance commerciale (production locale des matériaux à moindre coût), ou encore, et c’est le plus probable, pour éviter d’utiliser un support fabriqué à l’étranger dans des conditions de pureté mal définies. Par ailleurs, les inscriptions gravées sont extrêmement rares. Apparus en France au XIIe siècle puis se diffusant dans toute la chrétienté occidentale et orientale le long des routes de pèlerinage, les Miracles de Marie sont un bel exemple d’assimilation par l’église éthiopienne d’un texte étranger. Le cycle iconographique illustre le texte à la manière d’une bande dessinée. Illustré dans le premier style gondarien, ce manuscrit est un objet de luxe, très certainement commandité par une personne proche du pouvoir royal (le nom du premier commanditaire a été gratté ; portrait d’une reine au folio 87 vo) ; il devait être destiné à un usage privé plus que liturgique. Aux folios 7 vo-8, l’évêque Daqsyos (Ildefonse de Tolède) offre à la Vierge le livre des Miracles de Marie, qu’il vient de composer. En échange, il reçoit le siège et la chasuble d’évêque. Les folios 46 vo-47 montrent les frères scribes emportés par les démons parce qu’ils avaient conçu des pensées impures en écrivant.

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