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mercredi, 12 mai 2010

Raymond Savignac

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Raymond Savignac  (1907 - 2002) dans son atelier à Trouville


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La vache rose posant sur un piédestal de Monsavon. Le monsieur chauve qui fait la grimace tandis qu’un cortège de voitures s’engouffre dans les oreilles de son crâne en œuf de Pâques..L’Affiche de la guerre aux boutons  ! De Cinzano à Bic en passant par Perrier et Aspro, les marques emblématiques de la France des Trente glorieuses n’auraient pas leur place dans l’imaginaire populaire sans Raymond Savignac, dit communément Savignac, qui naquit le 6 novembre 1907 à Paris et mourut le 31 octobre 2002 à Trouville sur Mer.

 

savignac_guerre-des-boutons.jpgA 15 ans il avait décidé d'arrêter ses études et veut être dessinateur. Il débute à la compagnie des Transports Parisiens comme dessinateur-calqueur et suit des cours du soir de dessin industriel. Admirateur de Chaplin il est influencé par son art : « C'est le goût du gag qui m'a amené à décomposer l'art de  Chaplin. Après, il ne m'a plus quitté. Mon but à été de mettre du cinéma dans mes affiches. » Sa carrière d'affichiste débuta réellement en 1935 à l'Alliance graphique, lorsqu'il devient le collaborateur de Cassandre. Sa première commande était pour une marque de tapis dont le slogan dans le goût de l’époque était « Un tapis Vidal est un capital ». Cassandre lui laissa ensuite la confection de l’affiche du roquefort Marie Grimal, la première de Savignac affichée sur les murs. Deux ans plus tard, il vante les performances de l'autorail Paris-Lille qui reliait alors les deux villes en 2H25. Il retiendra de l'enseignement du maître que « l'affiche n'est qu'un moyen, un moyen de communication entre le commerçant et le public; quelque chose comme le télégraphe. L'affichiste joue le rôle de télégraphiste : il n'émet pas de message, il le transmet. On ne lui demande pas son avis. On lui demande seulement d'établir une communication claire, puissante, précise. »

.Le départ savignac_airwick_1952.jpgde Cassandre en 1938 aux Etats-Unis mettra fin à leur collaboration. Suivront des années difficiles et de travaux alimentaires que Savignac lui même qualifie de sans intérêt.

La chance lui sourit jour de 1948, lorsqu’il rencontre Villemot qui l’invite à travailler avec lui dans son atelier. C’est alors que Eugène Schueller, fondateur de l'Oréal, choisit une de ses vaches pour en faire l'affiche Monsavon. Il disait de lui-même : « Je suis né à l'âge de quarante-et-un ans, des pis de la vache Monsavon. » Le même Eugène Schueller l'avait remercié, quelques années auparavant, alors que Savignac travaillait pour son Consortium général de publicité...

Depuis cette date, « l'homme qui dessine des affiches pour éviter de parler », comme se définit Savignac, ensoleille palissades et quais de métro avec ses affiches publicitaires qui vont à l'essentiel. Simples, colorées et drôles, elles sont savignac_sncfHomme_1964.jpguniverselles et font sourire les foules, sans discrimination d'âge, en vantant les plus grandes marques. Le zèbre de Cinzano, le mouton de la quinzaine de la laine, la gitane de la régie française, le monsieur au long nez qui hume air-wick, la vache coupée en deux du pot-au-feu Maggi, la bille Bic, le bonhomme Aspro, « Non à l'autoroute rive gauche » en 1971, autant d'œuvres éphémères qui n'ont pas été oubliées, car les affiches de Savignac restent des modèles de gaieté, d'esprit et d'efficacité. Il a gravé dans notre imaginaire des gags visuels et des images d’une légèreté et d’une gaieté rarement égalées aujourd’hui. Raymond Savignac est le dernier d'une lignée de graphistes français, tels que Colin et Cassandre, qui tutoyaient l'art tout en s'adressant au commun des mortels...

« L'affiche est un scandale visuel », disait cet artiste célébré pour sa poésie, son sens du raccourci et de l'humour. Pour lui, « la lecture de l'affiche doit être instantanée. En une fraction de seconde, l'homme de la rue doit percevoir ce qu'elle veut dire. L'affichiste doit donc dessiner gros: gros comme Guignol qui a du style et n'est jamais vulgaire » (in Savignac Affichiste: un homme et son métier, éd. Robert Laffont). Modeste, Raymond Savignac soulignait que « c'est très difficile de trouver une idée toute bête, toute simple, claire et immédiatement perceptible » (entretiens avec Michel Bouvet, 1996) mais reconnaissait qu'il avait "constitué un petit espéranto graphique" compréhensible par tous: la clef de son succès.

Avec Savignac, en effet, avec son trait qui rappelle les gribouillis d’enfants, ses couleurs primaires et sa bonne humeur flagrante, s’impose le pouvoir de l’image.– la simplification extrême du message publicitaire, nécessaire à tout bon matraquage médiatique.  Chez Savignac, en effet, le produit de l’annonceur est mis en avant, intégré complètement au processus graphique, et non rajouté à la dernière minute comme cela se faisait souvent encore dans les années 50. Le produit est roi, prend toute la place de l’affiche, l’être humain (le futur “consommateur”) devient un visage bonhomme et impossible à identifier : le visage de celui qui consommera bientôt en masse. Mais là où les publicités actuelles cherchent à frapper des cibles toujours plus précises grâce aux nouveaux outils marketing, l’affiche de Savignac, elle, se contente de vendre un produit avec humour et légèreté. On sent que l’annonceur du temps de Savignac (des années 50 à 80) s’est laissé séduire par la force simple de ses dessins, et lui laisse une marge de manœuvre qui aujourd’hui paraît impensable. Savignac incarne véritablement la fraîcheur de l’humour français, sa bonhommie, son petit rire moqueur mais attendri sur les travers des autres, leurs absurdités, leurs bêtises enfantines. A Trouville (Calvados), où il s'était retiré en 1979, le musée Montebello lui consacre une salle spéciale, ouverte de façon permanente. On y trouve 350 affiches parmi les 600 qu’il ralisé, 40 cartes de vœux, 12 maquettes et 12 lithographies. Une promenade sur la plage lui est également dédiée. On peut y voir quelques-unes des affiches qu'il a consacrées à la station balnéaire normande. Un parcours en ville a été également conçu pour découvrir les murs peints représentant des affiches locales de l'artiste.

 

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