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mardi, 06 avril 2010

Rumeurs sur le couple Sarkozy-Bruni

Carla Bruni et Benjamin Biolay: la rumeur court sur le Web!

 

Les médias français marchent sur des œufs. La rumeur se propage dans les rédactions de l’Hexagone et dans les milieux de la musique avec insistance. Comme une traînée de poudre. Même le tabloïde The Sun à Londres s’est fendu d’une nouvelle à ce sujet. Mais c’est bien le Net – par le biais du réseau Twitter – qui a allumé la mèche ! Et personne ne sait très bien par quel bout prendre cette info brûlante et 100% scabreuse.

De quoi parle-t-on? Alors que Benjamin Biolay reçoit sa Victoire de la musique, samedi soir, un ou deux journalistes créent le buzz en suggérant sur leur Twitter que l’artiste français serait «pistonné»; et qu’il entretiendrait une idylle avec Carla Bruni-Sarkozy. Le fait que la première dame de France soit «la première à le féliciter» n’arrange certainement rien à l’affaire…

Info ou intox? «Il n’y a pas de fumée sans feu», diront les observateurs avisés. Benjamin Biolay a collaboré avec Carla Bruni sur son troisième album: Comme si de rien n’était. Selon un blog hébergé sur le site du Journal du Dimanche, il y a quelques semaines, le «couple» se serait aussi envolé pour la Thaïlande. Pour quelques jours de vacances… écourtées par Nicolas Sarkozy en personne. Le président de la République aurait en effet affrété un avion pour faire revenir sa femme à Paris. Avait-il peur de la naissance d’un flirt?

Il n’en faut pas plus pour que l’Hexagone bruisse… On n’attend pas vraiment de communiqué officiel de l’Elysée. Il se peut même que les avocats de Benjamin Biolay et du couple présidentiel entrent bientôt en piste pour taper sur les doigts des instigateurs de la rumeur. Et là, ça risque de faire mal !

Jean-Daniel Sallin | 09.03.2010

 

La vie privée de Nicolas Sarkozy est bel et bien une affaire d'Etat. On le voit depuis un mois avec les rumeurs sur de prétendues tensions au sein du couple Sarkozy-Bruni. De démentis en menaces, ministres, conseillers et avocats ont volé au secours du président de la République. Cherchant d'abord à minimiser les rumeurs, puis à les retourner à son avantage, l'Elysée a déployé une stratégie en quatre temps. De telle sorte que le débat ne porte pas sur sa vie sentimentale, mais sur un « complot » dont il serait la victime.

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Phase 1 : wait and see

Alors que le bruit se propage sur le web, notamment via Twitter et des sites d'information étrangers peu sérieux, l'Elysée ne réagit pas. Après tout, ce n'est pas la première fois qu'un président de la République se voit prêter des aventures extraconjugales[1] Mais voilà. Nous sommes en 2010 et la rumeur est mondiale. La presse d'outre-manche s'empare de l'affaire. Il n'est plus possible de faire comme si de rien n'était. Interrogée le 9 mars sur la chaine britannique Sky News, Carla Sarkozy dit sa « confiance » en son époux : « L'avez-vous déjà vu en photo ayant une aventure? Alors... »

Puis, le 12 mars, c'est au tour du chef de l'Etat d'être questionné par un journaliste français, lors d'une conférence de presse à Londres. « Vous devez ignorer l'emploi du temps très chargé d'un président de la République, répond Nicolas Sarkozy. Je n'ai pas une seconde, même une demi-seconde, à perdre avec ces élucubrations. »

 

Phase 2 : démentir

Bien vite, botter en touche ne suffit plus. Chantal Jouanno, dont le nom est associé aux rumeurs, est questionnée sur le tchat de liberation.fr, le 12 mars: « C'est une rumeur absurde qui vient encore de Twitter, et même d'ailleurs une rumeur ignoble parce qu'elle porte atteinte non seulement à mon honneur mais aussi à celui de ma famille », répond la secrétaire d'Etat à l'Ecologie.

Les jours passent, la rumeur reste. Le 25 mars, Carla Bruni accepte, lors d'une interview au Figaro Magazine, de se montrer plus explicite. « La rumeur fait partie de la nature humaine même si elle est un avilissement », commente la première dame. « Elle a toujours existé. Mais je méprise celle qui vient d'un blog internet et qui est signée Mickey ou Superman. Je méprise les soi-disant journalistes qui se servent des blogs comme d'une source crédible », poursuit-elle, alors qu'en France, la rumeur a pourtant été rigoureusement circonscrite aux magazines people.

Ces démentis ont pour inconvénient d'être repris dans la presse française généraliste. Si la plupart des Français n'avaient entendu parler de rien, désormais, ils s'interrogent.

 

Phase 3 : exiger des sanctions

Le 25 mars, deux têtes tombent dans la presse. Le groupe Lagardère Active annonce le départ de deux salariés, le directeur général des opérations de la filiale Newsweb, et l'auteur d'un blog hébergé par Le Journal du Dimanche (groupe Lagardère). « Dans la nuit du 9 mars, un billet sous pseudonyme a été publié sur un blog hébergé par le jdd.fr relayant des rumeurs relatives au couple présidentiel, ces rumeurs ont été reprises par une partie de la presse internationale, qui les a accréditées en en attribuant inexactement la paternité au JDD », explique Le Journal du Dimanche, dans un communiqué.

Nouvelobs.com révèle alors comme N.S. et C.B. ont fait pression sur le JDD et sur le groupe Lagardère pour trouver les "coupables". Hachette Filipacchi Associés, la société qui édite le site web du JDD.fr, finit par porter plainte contre X pour "introduction frauduleuse de données dans un système informatique". "Cette plainte permettra de reconstituer l’environnement des fautifs. De voir qui a parlé à qui", explique-t-on à l'Elysée.

 

Phase 4 : crier au complot

Dès lors, l'histoire prend un tour politique. La ligne de l'Elysée est désormais la suivante : derrière les rumeurs se cachent "des officines" qui chercheraient à déstabiliser le chez de l'Etat par les moyens les plus vils. Et les médias en seraient les complices. "Nous faisons de cette ignominie un casus belli, déclare Pierre Charron au  conseiller de Nicolas Sarkozy. Nous voulons aller jusqu’au bout pour que cela ne se reproduise plus jamais. Comme on dit, la peur doit changer de camp."

La société des journalistes du Journal du Dimanche réagit en protestant contre « le ton menaçant et inquisiteur » des propos sans précédent de Pierre Charon.

Mais le conseiller insiste. Dimanche, sur le site Rue89, il demande s'il n'existe pas « une espèce de complot organisé, avec des mouvements financiers. Le fait que ces rumeurs aient été relayées dans la presse en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Suisse peut faire penser à un complot, alors que la France s'apprête, en 2011, à prendre la présidence du G20 », poursuit-il.

Thierry Herzog, l'avocat de Nicolas Sarkozy, répète les mêmes arguments: «Le simple fait que deux rumeurs croisées soient publiées dans le même temps, une concernant Mme Carla Bruni et l'autre concernant le président de la République à qui on prête pour chacun une liaison totalement infondée, ce croisement et cette simultanéité permettent de penser que ce n'est certainement pas neutre et que quelqu'un est certainement derrière la propagation de ces rumeurs, déclare-t-il le mardi 6 avril. L'enquête actuellement en cours a pour but de savoir si ceux qui ont fait paraître ces rumeurs sur ces blogs l'ont fait pour eux-mêmes ou l'ont fait, instrumentalisés soit par des officines, soit par des particuliers ».

 

Phase 4 bis : feu contre Rachida Dati

Mais où seraient ces mystérieux manipulateurs ? Selon Le Journal du Dimanche, l'entourage de Nicolas Sarkozy regarderait du côté de Rachida Dati. L'ex-ministre de la Justice « est soupçonnée par l'Elysée d'avoir alimenté et même cautionné certaines rumeurs entourant le couple présidentiel », écrit l'hebdomadaire.

Dans un communiqué,  Rachida Dati proteste « avec indignation contre les allégations de certains organes de presse lui prêtant une quelconque responsabilité dans la propagation de rumeurs absurdes et inadmissibles sur la vie privée du couple présidentiel ». Elle se réserve le droit « d'agir en diffamation contre ceux qui reprendraient cette allégation dénuée de tout fondement ». Rachida Dati, « elle-même victime de beaucoup de rumeurs dans sa vie, est totalement bouleversée par ces rumeurs et indignée qu'on puisse croire qu'elle propage de tels potins », assure son avocat, Me Georges Kiejman.

De plus en plus, le scénario tel que présenté par l'Elysée ressemble à l'affaire Clearstream  Nicolas Sarkozy serait victime d'un complot, la justice est saisie, le responsable est désigné à l'avance. Au risque de créer une nouvelle fracture au sein de l'UMP. L'ancien ministre Christian Jacob vole au secours de Rachida Dati : « Beaucoup de parlementaires se disent offusqués par ces attaques complètement folles, déclare-t-il, je dénonce cette campagne calomnieuse ». Le socialiste Malek Boutih crie au « lynchage » : "J'ai l'impression qu'on est en train de l'exécuter politiquement. Qui, pourquoi? Je ne sais pas ». De droite comme de gauche, des voix s'élèvent parmi les députés pour fustiger la stratégie de l'Elysée.

La justice dira - peut-être - s'il y a eu complot. Dans l'immédiat, la version de l'Elysée reste peu convaincante quand on sait comment fonctionne Twitter et si l'on garde à l'esprit que l'auteur du blog du Journal du Dimanche, âgé de seulement 23 ans, avait pour mission de faire un maximum d'audience. D'ailleurs, le ministre Jean-Louis Borloo a pris ses distances, en estimant que l'on peut adresser « un coup de chapeau à la presse française » qui n'est pas tombée dans le piège des rumeurs.

Et, en même temps, la communication présidentielle est passée ce week-end à la deuxième phase. Pierre Charon qui déclare au Nouvel Obs : «Nous faisons de cette ignominie un casus belli. Nous voulons aller jusqu’au bout pour que cela ne se reproduise plus jamais», c’est une «mise en garde contre les ennemis potentiels du président», explique Thierry Libaert.

«Nicolas Sarkozy en est désormais à la stratégie de balisage, du « plus jamais ça « Il prévient « ne vous amusez plus à ça, car nous ne ferons pas de cadeau à l’avenir, et les châtiments seront exemplaires.» Une façon pour le chef de l’Etat d’anticiper une nouvelle crise de ce type, et de ne plus se retrouver en position défensive en matière de communication.



[1] Une liaison de Sarkozy avec Chantal Jouanno, secrétaire d’état à l’écologie, une autre de Carla Bruni avec Benjamain Biolay

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