Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 30 mars 2010

Doxa

Terme venu du grec et qui a fini par désigner l’opinion en tant qu’entachée d’incertitude ou d’illusion, par opposition à la connaissance. C’est chez Platon que la doxa peut prendre un tel sens négatif, que le terme n’a pas en grec avant l’apparition de la philosophie, puisqu’il désignait seulement l’usage admis.

La doxa, c’est l’ensemble des croyances d’une communauté, « l’opinion commune », l’ensemble des stéréotypes et des croyances sur lesquelles se fondent les mentalités, les points de départs non-prouvés de nos raisonnements.
On peut donc l’envisager comme l’ensemble plus ou moins homogène  d’opinions, de préjugés populaires ou singuliers, sur lesquels se fonde toute forme de communication sauf par principe celles qui tentent précisément de s’en éloigner (comme les communications scientifiques).

21:07 Publié dans glossaire | Tags : doxa | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 29 mars 2010

Habitus

Le concept d'habitus apparaît pour la première fois chez Durkheim. Mais c'est surtout Bourdieu qui va utiliser ce concept dans son analyse sur la reproduction sociale. Pour lui, l'habitus peut se définir comme  un « système de dispositions durables et transposables, structures structurées disposées à fonctionner comme structures structurantes, c'est-à-dire en tant que principe générateurs et organisateurs de pratiques et de représentations qui peuvent être objectivement adaptées à leur but sans supposer la visée consciente de fins et la maîtrise expresse des opérations nécessaires pour les atteindre. [1]»
 Pour le dire simplement, l'individu est structuré par sa classe sociale d'appartenance, par un ensemble de règles, de conduites, de croyances, de valeurs propres à son groupe et relayés par la socialisation. A ce titre, il parle de « structures structurées ». De plus, ces dispositions acquises vont influencer sur sa manière de voir, de se représenter et d'agir sur le monde. L'individu va intérioriser des conduites, des comportements, tout un ensemble de choses sans en avoir conscience. Il va donc agir en fonction de tout cela sans le savoir. Ces structures vont en retour le structurer davantage encore (en me conférant une certaine vision du monde, certaines préférences) et le limiter dans mes choix. Ce qui correspond aux « structures structurantes ».
 
Autre définition que nous donne Bourdieu : « L'habitus, système de disposition acquises par l'apprentissage implicite ou explicite qui fonctionne comme un système de schèmes générateurs, est générateur de stratégies qui peuvent être objectivement conformes aux intérêts objectifs de leurs auteurs sans en avoir été expressément conçues à cette fin. »[2] Pour simplifier, l'habitus est un ensemble de manière d'être, d'agir et de penser propre à un individu, fruit d'un apprentissage particulier lié à son groupe d'appartenance, qui diffère selon sa classe sociale, sa disposition en capital, et sa place occupée dans l'espace social. L'habitus structure les comportements et les actions de l'individu, et à la fois, il structure les positions dans l'espace social.

[1] P. Bourdieu, Le sens pratique, p.88-89.

[2] Ibid, pp. 120-121.

 

Lire la suite

11:13 Publié dans glossaire | Tags : habitus | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 28 mars 2010

Bruit

On appelle bruit toute cause ou perte d’information entre l’émetteur et le récepteur. Le mot possède son sens habituel s’il s’agit d’un canal sonore que troublent les bruits ambiants : appareils ménagers, voix superposées, cris de foule, friture radiophonique. Il est métaphorique s’il désigne une mauvaise articulation de l’émetteur, une mauvaise ouïe du récepteur, ou s’il s’applique à des canaux non sonores. L’obscurité est un bruit pour une transmission visuelle sans lumière artificielle, une mauvaise écriture ou une peinture écaillée sont des bruits pour lecteur d’une lettre ou d’un écriteau, ainsi qu’un vue faible ; l’écrasement des points en braille est un bruit pour l’aveugle.

Un remède préventif au bruit est a répétition du message, ou la redondance, qui consiste à exprimer le même signifié par deux signifiants simultanés. La position des feux de carrefour, rouge en haut, vert en bas, est redondante à la couleur.

09:16 Publié dans glossaire | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 26 mars 2010

Axiome 5

« Tout échange de communication est symétrique ou complémentaire, selon qu'il se fonde sur l'égalité ou la différence » (Axiome n°5 de Paul Watzlwick).

 

C’est un éloge de la modeste. Revenons un instant à notre problème de départ, comment convaincre un interlocuteur?

La situation serait évidemment idéale si on se trouvait dans la même position que le professeur face à une classe désireuse d’apprendre. Nous serions alors dans un rapport complémentaire basé sur la différence entre le professeur, en position haute, et les élèves en position basse.  Admettons bien vite que cette situation est très exceptionnelle et qu’elle se rencontre même assez rarement dans la vie courante.

Lire la suite

Axiome 4

Propositions pour une axiomatique de la communication

(P.Watzlawick – Une logique de la communication, 1967)

 

4- « Les êtres humains usent simultanément de deux modes de communication : digitale et analogique. »

 

En provenance directe des sciences de l'ingénieurs, le couple digital/analogique renforce encore l'opposition entre verbal et non verbal :

Une information peut être codifiée et entrée dans une machine par un certain nombre d'opérations fondées sur une logique binaire : on parle d'information digitalisée. Similairement, le langage fondé sur l'arbitraire du signe peut-être conçu comme un processus de codification digitale.

Un second type de machine travaille sur des données qui représentent le monde extérieur de manière analogique. Parllèlement, les modes de comportement non verbaux peuvent être considérés comme des modes de la communication analogique.

(Paul Winkin, Anthropologie de la communication p 61)

 

 

 

Chacune des deux hémisphères cérébraux est hautement spécialisée.

Paul WATZLAWICK le rappelle à travers de nombreuses preuves expérimentales.

« L'hémisphère gauche a pour fonction primordiale de traduire toute perception en représentations logiques, sémantiques et phonétiques de la réalité, et de communiquer avec l'extérieur sur la base de ce codage logici-analytique du monde environnant. Sa compétence s'exerce  par conséquent sur tout le domaine du langage (grammaire, syntaxe et sémantique) de la pensée et donc aussi de la lecture, de l'écriture, de l'arithmétique et du calcul »

C'est le langage du contenu, c'est à dire, le domaine de la communication digitale. Cet hémisphère gauche est en mesure de traiter les argumentations logiques.

« L'hémisphère droit remplit une fonction très différente. Il est hautement spécialisé dans la perception globale des relations, des modèles, des configurations et des structures complexes ».

C'est le langage de la relation, c'est à dire, le domaine de la communication analogique.

 

i_10_cr_lan_4a.jpg

 

Lire la suite

Axiome 3

 « La nature d'une relation dépend de la ponctuation des séquences de communication entre les partenaires »

(Axiome n°3 de Paul Watzlawick).


De quoi parle-t-on lorsqu'on fait appel à la notion de « ponctuation des séquences » ? 

Ce concept signifie que les interlocuteurs trouvent la manière de relancer les échanges pour que ceux-ci se prolongent harmonieusement. Une relation, autrement dit,  ça se cultive comme un jardin!

Une bonne ponctuation des séquences aura donc tendance à maintenir une continuité dans les échanges entre les partenaires. Les mauvaises ponctuations de séquences conduisent à l'interruption des échanges.

Mais le concept de « ponctuation des séquences » fait également référence à la manière dont les partenaires abordent la relation. Ici trois situations sont possibles dont une est insupportable:

Confirmation
Les échanges avec autrui me confirment dans ce que je crois positif ou dans ce que j'aime de ma personnalité. J'ai le sentiment heureux d'exister.

Opposition
Les échanges avec autrui me révèlent en position de désaccord radical, mais ce désaccord n'implique aucun déni de mon existence - au contraire. Je ne suis pas d'accord avec les autres, mais les autres reconnaissent mon existence.

Non-identité (néantisation ou négation)

Dans mes échanges avec autrui, on ne tient pas compte de mon point de vue, on parle pour moi, on répond pour moi. Je n'existe plus. La névrose est proche."

La pire des choses, c’est l’abandon: le sentiment que je n’existe plus.

Lire la suite

Axiome 2

« Toute communication présente deux aspects: le contenu et la relation, tels que le second englobe le premier et par suite est une métacommunication  (Axiome n°2 de Paul Watzlawick). »


Contrairement aux apparences, ce n’est donc pas l’auteur du message qui fait seul le mode d’emploi. Toute une série d’intervenants et d’éléments extérieurs y prennent leur part.

Dans cet axiome, le mot contenu désigne ce que l’on veut dire, et le mot relation la manière de le dire. Une communication ne se borne pas à la transmission d’une information (contenu) : elle induit aussi un comportement (relation). Autrement dit un interlocuteur, tout en recevant le contenu d’un discours (contenu), perçoit dans le comportement de celui qui parle (relation) d’autres signes : Les gestes, le regard, la tonalité de la voix sont autant de signes qui peuvent modifier le sens du message.

Un exercice de comédiens fonctionne sur ce principe. Il consiste à prononcer plusieurs fois la même phrase, par exemple « je t'aime » en cherchant successivement à exprimer la tendresse, l'ironie, l'agressivité, la haine... On s'aperçoit alors que la manière d'exprimer une phrase est chargée de beaucoup plus de sens que les mots eux-mêmes. De la sorte, le comportement de l'intervenant apparait comme un commentaire porté sur le message lui même, expliquant comment il faut le comprendre.  Des messages comme « Veillez à desserrer l’embrayage progressivement et sans à-coups » et « Vous n’avez qu’à laisser filer l’embrayage et la transmission sera fichue en un rien de temps », ont en gros le même contenu informatif mais définissent visiblement des relations très différentes.

Lorsque Paul WATZLAWICK écrit que la relation est une métacommunication par rapport au contenu, il indique que la relation donne la marche à suivre pour comprendre le contenu. Elle agit comme un mode d’emploi dans l’utilisation du contenu.

En réalité, et c'est essentiel pour Paul WATZLAWICK, cette compréhension ne dépend pas seulement de l’intention de l’intervenant. Elle dépend également de la manière d'être de la personne qui reçoit le message. Selon, simplement, qu'il sera favorablement ou défavorablement disposé, selon son humeur, selon son histoire, le même message lui semblera, par exemple, humoristique ou agressif.

Par conséquent, si l'on appelle contenu le premier niveau, celui du vocabulaire, le second niveau sera constitué par le rapport entre le comportement de l'intervenant et de son interlocuteur, c'est à dire qu'il se situe au niveau de la relation. Par métacommunication, il faut comprendre que le contenu du message est asservi à la signification produite par la relation.

Lire la suite

Axiome 1

Propositions pour une axiomatique de la communication

(P.Watzlawick – Une logique de la communication, 1967)

 

1- « On ne peut pas ne pas communiquer. »

« Le comportement n’a pas de contraire. Autrement dit, il n’y a pas de non comportement, ou pour dire les choses encore plus simplement : on ne peut pas ne pas avoir de comportement. Or, si l’on admet, dans une interaction, tout comportement a valeur de message, c'est-à-dire qu’il est une communication, il suit qu’on ne peut pas ne pas communiquer, qu’on le veuille ou non. Activité ou inactivité, parole ou silence, tout a valeur de message  »

Il s’ensuit de ce principe que tout comportement induit une communication.  « Le seul fait de ne pas parler ou de ne pas prêter attention à autrui ne constitue pas une exception à ce que nous venons de dire. Un homme attablé dans un bar rempli de monde et qui regarde droit devant lui, un passager qui dans un avion reste assis dans son fauteuil les yeux fermés, communiquent tous deux un message: ils ne veulent parler à personne, et ne veulent pas qu'on leur adresse la parole; en général, leurs voisins « comprennent le message et y réagissent normalement en les laissant tranquilles. Manifestement, il y là un échange de communication, tout autant que dans une communication animée » (p.46)

« Par ailleurs, si l’on admet que tout comportement est communication, même pour l’unité la plus simple qui soit, il est évident qu’il ne s’agira pas d’un message monophonique : nous aurons affaire à un composé fluide et polyphonique de nombreux modes de comportement : verbal, tonal, postural, contextuel, etc, chacun d’eux spécifiant le sens des autres. Les divers éléments qui entrent dans ce composé (considéré comme un tout) sont passibles de permutation très variées et très complexes, allant de la congruence à l’incongruence et au paradoxe ». (pp 47/48)

6a0120a581b8b0970c0120a6a6b763970b-500wi.gif

Lire la suite

jeudi, 25 mars 2010

Carla Bruni Sarkozy

6a00e553ceb6e78834012877720b92970c.jpg

Comme si de rien n’était, c’est le titre du dernier album de Mme Carla Bruni-Sarkozy dont elle fait la promotion à travers, entre autre cette image à laquelle je suis resté suspendu (Je sais, je suis un peu en retard) tant elle est lourde de sens, capté par l’ambiguïté du message, les couches multiples, les signifiés qui s’entrechoquent, hurlent sous l’apparence naïve, évanescente.


L’objet du travail sur l’identité n’est-il pas de lire entre les lignes, décrypter les représentations, témoigner de ce que l’on dit vraiment, au-delà des intentions et à travers toutes les formes de langage. Et là, je dois reconnaître que l’exercice est on ne peut plus passionnant. Car, au-delà des problématiques habituelles de sens et de cohérence, c’est notre vie de tous les jours, l’exercice de la démocratie qui est en jeu dans cette représentation.


Une femme : Qui est-elle ? Une silhouette impalpable qui traverse une image en longueur. Marche-t-elle ? Elle l’insinue. Si ce n’est l’angle de ses jambes qui suggère une avancée, elle pourrait être l’un de ces arbres aux deux extrémités du cadre. Fondue dans la nature. Fine, tout en hauteur, en équilibre, passagère. Son corps n’est-il pas à peine posé, flottant sur un fond d’élément liquide, une eau grise comme cette langue de terre un rien boueuse. C’est l’hiver dans une forêt que l’on imagine hyper fréquentée, factice, proche de Paris. Où va-t-elle ? C’est l’autre extrémité du cadre qu’elle vise, l’autre rive de l’image qui marquera la fin de ce passage. Que cherche-t-elle à nous dire ? Son intention n’est-elle pas simplement "d’apparaître". Juste une apparition pour mieux disparaître. Se montrer sans vouloir vraiment le faire, traverser la scène comme si de rien n’était.

Le trouble : Une tentative qui sème le trouble. Sans nous convaincre. Car Mme Carla Bruni-Sarkozi "transporte" une somme de messages parallèles, une somme d’identités qui explosent au-delà de ses intentions (tout autant qu’au-delà de nos propres intentions). Un mélange d’histoires et une complexité de messages qui hurlent derrière son apparence, au-delà de ce qu’elle voudrait nous dire. Il y a les podiums, la scène musicale, le sexe, l’argent et la drogue (fausse ou réelle c’est l’association qui s’opère dans l’imaginaire). Mais il y a surtout la femme "présidente". Puissance, pourvoir, carcan, symbole. Et c’est bien sûr cette troisième femme qui nous domine, qui nous fascine, qui hurle à travers la perspective des deux premières. Comment alors traverser la scène (comme si de rien n'était), sans créer le vertige, nous renvoyer des identités brouillées, parallèles, brouillonnes, non assumées. Sans nous inciter à des réflexions biaisées, incompréhensibles. Quelle est sa place, que nous cache-t-elle et qui est-elle ?

La brindille : J’oserai la comparaison avec Kate Moss (sur laquelle Christian Salmon vient de sortir un assez bon bouquin
Kate Moss Machine), dite la "brindille" pour sa minceur et sa petite taille. Les deux femmes n’ont-elles pas en effet certaines similitudes dans le caractère et des expériences communes, mais qui divergent dans leur capacité respective à les vivre. La "brindille" assume avec brio l’intelligence de ses amours. Elle a su se mettre en scène et devenir le miroir de nos fantasmes. Une identité vivante et brillante qui assume parfaitement les contradictions et les limites de son existence. Une "bête sauvage" qui accepte la loi du glamour et dont le journal Libération a fait l’une des personnalités marquantes de la décennie 2000. Une identité réelle et vivante qui renvoie les hésitations et les ambivalences de Mme Carla Bruni-Sarkozi à l’univers factice de Disneyland.

L’affaire serait sans importance si Mme Bruni-Sarkozi (pour laquelle j’éprouve plutôt de la sympathie) n’était l’épouse du Président.  Un rôle qu’elle semble avoir endossé sans en comprendre la portée, le sens. Ce qu’il "représente". Sa signification symbolique. N’est-elle pas devenue par son mariage (qui semble la dépasser) et au-delà de ce qu’elle est vraiment, un repère nécessaire au bon exercice de la démocratie. A-t-elle intégré les contreparties que le pouvoir suprême exige. Faire abstraction de sa personne. N’exister qu’à travers une fonction. Ce sont toutes ces ambiguïtés, ces mélanges, qui hurlent au-delà les images qu’elle nous transmet. Le refus de s’approprier sa vie ou bien son rôle, se cacher, rester entre deux eaux, comme si de rien n’était.

 

Texte de  François Nemo