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jeudi, 25 mars 2010

Carla Bruni Sarkozy

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Comme si de rien n’était, c’est le titre du dernier album de Mme Carla Bruni-Sarkozy dont elle fait la promotion à travers, entre autre cette image à laquelle je suis resté suspendu (Je sais, je suis un peu en retard) tant elle est lourde de sens, capté par l’ambiguïté du message, les couches multiples, les signifiés qui s’entrechoquent, hurlent sous l’apparence naïve, évanescente.


L’objet du travail sur l’identité n’est-il pas de lire entre les lignes, décrypter les représentations, témoigner de ce que l’on dit vraiment, au-delà des intentions et à travers toutes les formes de langage. Et là, je dois reconnaître que l’exercice est on ne peut plus passionnant. Car, au-delà des problématiques habituelles de sens et de cohérence, c’est notre vie de tous les jours, l’exercice de la démocratie qui est en jeu dans cette représentation.


Une femme : Qui est-elle ? Une silhouette impalpable qui traverse une image en longueur. Marche-t-elle ? Elle l’insinue. Si ce n’est l’angle de ses jambes qui suggère une avancée, elle pourrait être l’un de ces arbres aux deux extrémités du cadre. Fondue dans la nature. Fine, tout en hauteur, en équilibre, passagère. Son corps n’est-il pas à peine posé, flottant sur un fond d’élément liquide, une eau grise comme cette langue de terre un rien boueuse. C’est l’hiver dans une forêt que l’on imagine hyper fréquentée, factice, proche de Paris. Où va-t-elle ? C’est l’autre extrémité du cadre qu’elle vise, l’autre rive de l’image qui marquera la fin de ce passage. Que cherche-t-elle à nous dire ? Son intention n’est-elle pas simplement "d’apparaître". Juste une apparition pour mieux disparaître. Se montrer sans vouloir vraiment le faire, traverser la scène comme si de rien n’était.

Le trouble : Une tentative qui sème le trouble. Sans nous convaincre. Car Mme Carla Bruni-Sarkozi "transporte" une somme de messages parallèles, une somme d’identités qui explosent au-delà de ses intentions (tout autant qu’au-delà de nos propres intentions). Un mélange d’histoires et une complexité de messages qui hurlent derrière son apparence, au-delà de ce qu’elle voudrait nous dire. Il y a les podiums, la scène musicale, le sexe, l’argent et la drogue (fausse ou réelle c’est l’association qui s’opère dans l’imaginaire). Mais il y a surtout la femme "présidente". Puissance, pourvoir, carcan, symbole. Et c’est bien sûr cette troisième femme qui nous domine, qui nous fascine, qui hurle à travers la perspective des deux premières. Comment alors traverser la scène (comme si de rien n'était), sans créer le vertige, nous renvoyer des identités brouillées, parallèles, brouillonnes, non assumées. Sans nous inciter à des réflexions biaisées, incompréhensibles. Quelle est sa place, que nous cache-t-elle et qui est-elle ?

La brindille : J’oserai la comparaison avec Kate Moss (sur laquelle Christian Salmon vient de sortir un assez bon bouquin
Kate Moss Machine), dite la "brindille" pour sa minceur et sa petite taille. Les deux femmes n’ont-elles pas en effet certaines similitudes dans le caractère et des expériences communes, mais qui divergent dans leur capacité respective à les vivre. La "brindille" assume avec brio l’intelligence de ses amours. Elle a su se mettre en scène et devenir le miroir de nos fantasmes. Une identité vivante et brillante qui assume parfaitement les contradictions et les limites de son existence. Une "bête sauvage" qui accepte la loi du glamour et dont le journal Libération a fait l’une des personnalités marquantes de la décennie 2000. Une identité réelle et vivante qui renvoie les hésitations et les ambivalences de Mme Carla Bruni-Sarkozi à l’univers factice de Disneyland.

L’affaire serait sans importance si Mme Bruni-Sarkozi (pour laquelle j’éprouve plutôt de la sympathie) n’était l’épouse du Président.  Un rôle qu’elle semble avoir endossé sans en comprendre la portée, le sens. Ce qu’il "représente". Sa signification symbolique. N’est-elle pas devenue par son mariage (qui semble la dépasser) et au-delà de ce qu’elle est vraiment, un repère nécessaire au bon exercice de la démocratie. A-t-elle intégré les contreparties que le pouvoir suprême exige. Faire abstraction de sa personne. N’exister qu’à travers une fonction. Ce sont toutes ces ambiguïtés, ces mélanges, qui hurlent au-delà les images qu’elle nous transmet. Le refus de s’approprier sa vie ou bien son rôle, se cacher, rester entre deux eaux, comme si de rien n’était.

 

Texte de  François Nemo

 

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