lundi, 26 juillet 2010
L'inscription mise sur la porte de Thélème
Des jeux avec les signifiants comme s'il en pleuvait : En français du XVIème siècle, voici le chapitre 54 de l’illustrissime Gargantua de François Rabelais, moine, médecin, écrivain de génie. Un texte proprement intraduisible, à cause justement du travail d’orfèvre sur la forme même de la langue française de l'époque. Gargantua octroie au moine Panurge, pour loyaux service rendus, la construction d’une abbaye à sa convenance. Ce sera l’abbaye de Thélème. Sur la porte, voici l’inscription qu’on prescrit de graver, une sorte de droit de passage, en quelque sorte, discriminant tout ce qui n'est pas justement chrétien. Voir notamment les utilisations des signifiants [go], [chan] [batr] et dans la dernière strophes, [or][don, donne]. Le texte est vieux de cinq siècles, et demeure l’une des plus belles réussites littéraires du genre.
Cy n'entrez pas, hypocrites, bigotz,
Vieulx matagotz, marmiteux, boursouflez,
Tordcoulx, badaux plus que n'estoient les Gotz.
Ny Ostrogotz/ precurseurs des magotz/
Haires, cagotz, caffars empantouflez.
Gueux mitouflez, frapars escorniflez
Befflez, enflez, fagoteurs de tabus ;
Tirez ailleurs pour vendre vo' abus.
Vos abus meschans
Rempliroient mes camps
De meschanceté ;
Et par faulseté
Troubleroient mes chants
Vos abus meschans.
06:19 Publié dans Analyse et production du message | Tags : jeux sur le signifiant, rabelais | Lien permanent | Commentaires (0)