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mardi, 13 juillet 2010

Mai 68 & la publicité

Mai 68 : depuis que le « printemps » est devenu légendaire, c'est-à-dire depuis la célébration de ses vingt ans en 1988, et à fortiori de ses quarante ans en 2008, les publicitaires ont largement détourné le graphisme libertaire propre à ses affiches. (ICI, abécédaire, ICI article sur les affiches de mai) Michel Wlassikoff, auteur du livre Mai 68 : L’affiche en héritage, paru aux Editions Alternatives, raconte à propos du dessin de cette célèbre affiche de mai 68 : «  Tirée dans un premier temps en sérigraphie sans inscription, cette affiche a ensuite été imprimée en offset avec un SS rajouté sur le bouclier, en plus du slogan « CRS SS » figurant à droite du personnage. L’image représente la première version, dont le tirage initial remonte au 19 mai.

 

crs_ss_affiche.jpg

 

Même si l’anonymat est respecté pendant plusieurs années, l’illustrateur, Jacques Carelman, en revendique la paternité à partir de 1988. Depuis, l’Association des auteurs graphiques et plastiques lui verse des droits dès que le dessin est reproduit. C’est le seul cas d’attribution officielle d’une affiche de Mai 68 ! » Une revendication que confirme Jacques Carelman dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Marianne à propos de l’utilisation de cette image par les magasins Leclerc :


Leclerc_Mai68.gif

 Agence Australie - 2005

 

Marianne : Michel-Edouard Leclerc a révélé qu’il vous avait acheté les droits de la plus célèbre des affiches de Mai 68 pour sa pub. Ce n’était donc pas une oeuvre anonyme ?

 

Jacques Carelman : J’ai dessiné cette affiche dans l’atelier de l’Ecole des beaux-arts de Paris, après avoir vu des CRS réprimer une manifestation. Elle était destinée à être collée en nombre sur les murs. Contrairement à ce qu’on croit, sur l’original, il n’y avait pas «SS» sur le bouclier.«CRS SS», ça me gênait. Quelqu’un l’a ajouté par la suite. Ce qui m’a d’ailleurs valu d’être recherché par la police pour injure…

 

Pourquoi revendiquer la propriété artistique ?

 J.C. : Depuis le début, elle est utilisée par l’édition, pour illustrer des jeux de société et de cartes postales. J’ai même été invité un jour aune expo à la Bibliothèque nationale où des femmes en vison picoraient des petits-fours sous les affiches accrochées aux murs ! En 1998, lors du 30eanniversaire, plusieurs grands hebdos ont fait leur une avec cette affiche. Je me suis dit qu’il fallait parler d’argent avec des gens qui font de l’argent, et j’ai entrepris les démarches.

 Certains vous reprochent d’avoir fait de Mai 68 une marchandise.

 J.C. : Faut pas m’emmerder avec de faux procès. Si je n’avais pas donné mon accord, Leclerc aurait détourné le dessin. Le code-barres dans le bouclier, c’est le moins grave. Il voulait y faire figurer « Loi Galland », pour expliquer que les consommateurs étaient matraqués par la loi Galland, à la place de « SS ». Vous imaginez !

Parlons argent, justement. Leclerc a-t-il payé très cher ?

 J.C. : Vous plaisantez ? Ils essaient de payer le minimum, en expliquant que la campagne est moins importante que prévue, alors qu’il y en a plein les murs et les journaux dans toute la France. Pour l’instant, la négociation n’est pas terminée. Je ne donne donc pas de chiffre.

Un Autre exemple de détournements lors de la même campagne pour Leclerc 

5ab7ff9293df8263a12b124dfe08b90c.jpg
Leclerc_Mai68_03.gif

 Agence DDB - 1988 - 20 ans après Mai 68, une création judicieuse et bien ciblée :

DDB-88.gif

 Ou celui-ci, pour Citroën (1994) :

1994Citroen.gif

 

 

 

 

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