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vendredi, 17 décembre 2010

Le temps des médias n° 6 (corrigé)

Rappel : Vos notes sont disponibles sur Pronote. Celle qui est coéfficientée 1 correspond qu contrôle de connaissance, celle qui est coéfficientée 2 aux réponses aux questions, dont voici une proposition de corrigé.

Mardi 4 janvier 2011, un nouveau contrôle de connaissances vous sera proposé : 20 questions de difficulté variable et portant sur ce qui a été étudié durant le premier trimestre : la typographie, la sémiologie de l'image, l'histoire de la presse. Toutes les réponses se trouvent dans les cours ou les billets de ce blog.

 

Première question :

L’intérêt de ces trois adverbes est de mettre en lumière trois valeurs complémentaires de la presse, tel que l’idéal démocratique peut la définir en 1830, alors que le dernier roi légitime part en exil :

-          Librement rappelle évidemment l’article XI des droits de l’Homme, qui affirme comme « bien précieux » « la libre communication des pensées et des opinions.

-          Impartialement souligne l’idéal d’objectivité, tant dans l’information que dans l’analyse, que tout journal doit garantir à son lecteur.

-          Contradictoirement rappelle que dans la réalité, cette objectivité est aussi soumise à des points de vue contradictoires, qu’elle demeure, justement, un idéal. La presse d’opinion qui domine le marché en cette période de Restauration a vu s’opposer les légitimistes et les libéraux, et au XXème  siècle, entre la Croix et l’Humanité, se retrouve exprimée cette même et nécessaire contradiction, garante du pluralisme.

 

Deuxième question :

En abolissant par ordonnance la liberté de la presse, dans laquelle il voyait « un instrument de désordre et de sédition », le roi Charles X déclenche en juillet 1830 la colère de la bourgeoisie et du peuple parisien. Cette décision précipite sa chute.

 

Troisième question :

Durant la Monarchie de Juillet, de nouvelles attentes sont nées dans le public à l’égard de la presse : Emile de Girardin et, plus tard, Moïse Millaud ont successivement élargi leurs journaux (La Presse et le Petit Journal) à d’autres fonctions que la seule information : la mise en récit romanesque du fait-divers (l’affaire Troppmann est demeurée un exemple emblématique) et le roman-feuilleton ont contribué à la naissance de la presse à sensations ; à partir de la belle Epoque, un public élargi aux femmes et aux enfants a élargi les attentes, et une presse de divertissement a vu le jour (L’Epatant ou le Semaine de Suzette comme Le Vélo ou l’Auto en sont de bons exemples). La presse a ainsi contribué à la création d’une culture de masse de plus en plus active et répandue, culture de masse que les médias audiovisuels (radio puis télévision) ont contribué à alimenter.

 

Quatrième question :

Le risque de la création d’une pensée unique par les journaux peut avoir deux origines :

-          Une origine politique dans le cas ou un gouvernement autoritaire impose, par la censure, ses choix idéologiques aux différents organes de presse : en France ce fut le cas lorsque, devenu empereur, Napoléon Ier réduisit à quatre titres (Le Moniteur, le Journal des débats, la Gazette de France et le Journal de Paris) l’éventail des publications. En cas de guerre, l’armée se voit autorisée à exercer un contrôle absolu sur la presse : le « bourrage de crânes » qu’elle exerça durant la Première guerre Mondiale, et dont sortirent le Crapouillot et le Canard Enchaîné, peut s’assimiler à cette volonté de créer dans le public une pensée unique. Dans les deux cas, la pression est politique et s’exerce par le biais de la censure.

-          Une origine économique : Plus insidieuse, la création d’une pensée unique peut aussi être le corollaire de regroupement des moyens de communications de masse (presse écrite, stations de radios, chaînes de télévision, édition) en groupes planétaires et globaux. Le monopole de l’information étant alors placé entre quelques mains, son pluralisme est compromis : Ignacio Ramonet parle à ce propos d’un « cinquième pouvoir », qui n’a plus rien de citoyen.

 

Cinquième question :

 

On a pu parler de sacerdoce à propos de la presse en référence à son idéal défini dans l’article XI des Droits de l’Homme : comme le médecin, le professeur ou le prêtre, le journaliste, dans cette optique, occupe une fonction « sacrée » puisqu’il incarne dans le tissu social l’un des principes fondateurs de la République, à savoir la liberté. Des journaux comme le Père Duchesne peuvent témoigner de l’âpreté du combat révolutionnaire mené, et la formule du Figaro, « sans la liberté de blâmer, il n’est pas d’éloge flatteur » rappelle ce droit sacré. Le développement de la presse a accompagné l’instauration des idéaux démocratiques dans les esprits  et la progressive alphabétisation du peuple dans la France du XIXème puis du XXème siècle. Comme le souligne Zweig dans Le Monde d’Hier, la presse a aussi permis le développement chez les élites d’une culture  universelle, facilitant les échanges et les débats d’idées internationaux, à travers tous les conflits politiques qui façonnèrent l’Histoire du vingtième siècle.

A ce titre, elle peut bien en effet, comme Louis Blanc le déclara en son temps, avoir valeur de « magistrature et presque de sacerdoce » et constituer, depuis la célèbre formule de Tocqueville dans son livre De la Démocratie en Amérique, un quatrième pouvoir à part entière.

Dès sa naissance, simultanément, la presse fut aussi industrieuse, de la presse à bras du XVIème siècle à la rotative moderne ; le terme industrie, sous la plume de Thibaudet, est d’abord à entendre au sens le plus commun : l’imprimerie est une technique, une technique couteuse qui peut aussi devenir rentable, et les journalistes comme les patrons de presse doivent d’abord gagner leur vie. Mais il peut aussi se doter d’une connotation péjorative, si l’on songe à cette presse devenue simple « marchandise », et soumise au diktat de la rentabilité. Les grands magnats de son histoire, de Girardin à Lazareff ont tous incarné cette étrange double nature, où se mêlent exigence éthique et souci du pragmatisme. De même, l’opposition toujours vive entre l’homme de lettres soucieux de style et le reporter ou le journaliste soumis à des cadences et des rythmes industriels a toujours été là pour nous rappeler cette double nature structurelle, entre sacerdoce et industrie.

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