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Réclames

Théâtrophone (Chéret-1896)

Théâtrophone (Chéret-1896)

L'Affiche est de Jules Chéret.
Marcel Proust fut un adepte du théatrophone. Le 21 février 1911, il écrit à son ami Reynaldo Hahn : « J'ai entendu hier au théâtrophone un acte des Maîtres Chanteurs [...] et ce soir... tout Pelleas » Comme le note Philippe Kolb, éditeur de sa Correspondance, cet abonnement de Proust paraît lié à une nouvelle campagne promotionnelle du théâtrophone. Il cite une annonce parue dans le Tout Paris de 1911 : « Le Théâtre chez soi. Pour avoir à domicile les auditions de : Opéra - Opéra Comique - Variétés - Nouveautés - Comédie française - Concerts Colonne - Châtelet - Scala, s'adresser au Théâtrophone 23, rue louis-le-Grand, tél. 101-03. Prix de l'abonnement permettant à trois personnes d'avoir quotidiennement les auditions : 60 F par mois. Audition d'essai sur demande. »
Quelques jours après son abonnement, Proust témoigne une certaine déception, dans une lettre à Georges de Lauris : «Je me suis abonné au théâtrophone dont j'use rarement, où on entend très mal. Mais enfin pour les opéras de Wagner que je connais presque par cœur, je supplée aux insuffisances de l'acoustique. Et l'autre jour, une charmante révélation, qui me tyrannise même un peu : Pelléas. Je ne m'en doutais pas ! ». La mauvaise qualité de la transmission n'empêche pas Proust de se faire le propagandiste du système. En 1912, il recommande à une de ses correspondantes, Mme Strauss, de souscrire au service : "Si vous êtes demain soir chez vous, vous devriez demander le théâtrophone. On donne à l'Opéra la charmante Gwendoline". (XI-294). En 1913, il revient à la charge auprès de la même Mme Strauss : « Vous êtes-vous abonnée au théâtrophone ? Ils ont maintenant les concerts Touche et je peux dans mon lit être visité par le ruisseau et les oiseaux de la Symphonie pastorale dont le pauvre Beethoven ne jouissait pas plus directement que moi puisqu'il était complètement sourd. Il se consolait en tâchant de reproduire le chant des oiseaux qu'il n'entendait plus. A la distance du génie à l'absence de talent, ce sont aussi des symphonies pastorales que je fais à ma manière en peignant ce que je ne peux plus voir ! ». Commentant cette lettre dans son ouvrage Proust au miroir de sa correspondance, Luc Fraisse remarque que « le théâtrophone n'est pas seulement un épisode anecdotique dans sa vie. [...]. L'abonné mélomane aperçoit dans ce procédé moderne un symbole de sa condition d'écrivain. [...] Abolissant la distance de l'absence, le théâtrophone ressemble à l'écriture selon Proust, en ce qu'il restitue à sa manière une musique retrouvée, un temps retrouvé. Il recrée en outre un chant intérieur, cette mélodie intime dont, à l'image de Vinteuil, tout artiste est habité. Ainsi, le véritable théâtrophone de Proust, c'est son imagination. »