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Histoire de la presse

Libération

Libération

La naissance de Libération se place sous le signe de la novation en matière de presse et sous celui d'un engagement politique radical. C'est en effet au cœur de l'agitation gauchiste des années soixante-dix que le titre est créé par une poignée d'ex-soixante-huitards de tendance maoïste et proches de la Gauche prolétarienne, issus de l'agence de presse Libération et de l'agence photographique Photolib. Posé sur les fonts baptismaux par Jean-Paul Sartre et héritier direct de la Cause du peuple (périodique dirigé par Sartre), Libération est dans les kiosques le 18 avril 1973. Serge July en est le principal animateur.
Outre son ancrage politique très à gauche, Libération se singularise et s'identifie symboliquement par son fonctionnement autogestionnaire, fondé sur le strict partage, entre les membres de la rédaction, des tâches matérielles et intellectuelles, et sur l'égalité des salaires. À ceci s'ajoute son profil journalistique et technique : sur le plan rédactionnel, après de difficiles débuts (34 000 lecteurs en 1974, 18 000 en 1975), ce format du " demi-quotidien " réussit à s'installer durablement dans le paysage médiatique français, grâce à sa typographie moderne, sa mise en page, son style écrit-parlé, sa nouvelle manière de titrer et, " génériquement ", à sa " rhétorique de la désinvolture " (Michel Truffet). Mais, en 1980, il n'est toujours tiré qu'à 35 000 exemplaires.

En 1981, dans un contexte où les quotidiens souffrent de plus en plus d'une profonde et durable crise de diffusion, Libération traverse une grave crise financière et idéologique interne. Sa parution est suspendue entre le 21 février et le 13 mai. Bien que s'affrontant à un nouveau concurrent de gauche - le Matin de Paris (1977-1988), qui profite de la dynamique socialiste de conquête du pouvoir -, Libération nouvelle formule se relance durablement. Son tirage atteint 195 000 exemplaires en 1988. Autour de Serge July (directeur de la publication) un conseil des sages et une société de financement veillent à la bonne gestion du journal ; la publicité, jusqu'alors refusée, fait son apparition ; l'information critique et le reportage l'emportent sur la polémique.
Les exigences d'un marché quotidien de plus en plus difficile, l'échec d'une édition lyonnaise (Lyon Libé, 1993), la pression concurrentielle d'une presse magazine pléthorique et la bonne forme du Monde, contraignent Libération à se remettre encore en question : Sa recapitalisation en 1996 (après l'ouverture du capital en 1987), la densification de son contenu, le reflux de son ton polémique et la mise en place, en plusieurs étapes, de nouvelles formules éditoriales (suppléments, cahiers centraux livres ou multimédia, emploi…, rubrique " Portraits ") lui permettent de s'installer, à partir de 1994, dans une fourchette de 169 000 à 173 000 lecteurs.

Photo : la une sur la mort de Sartre