Réclames
Trappistine (Rouchon, vers 1860)
En 1844 et 1851, Jean-Alexis Rouchon (1794-1878) dépose deux brevets d'invention pour «l'application de l'impression sur papier peint à l'impression en couleur des affiches ». De ses sont sorties, entre 1845 et 1870 environ, les premières affiches illustrées & imprimées en couleurs, destinées à la rue. Auparavant, les rares affiches commerciales illustrées étaient monochromes ou coloriées et leur affichage souvent limité à l’intérieur des boutiques. Les gravures sur bois de Rouchon se caractérisent par leurs couleurs intenses et leurs grandes dimensions, proches de l’imagerie populaire. L’imprimerie de Rouchon resta cependant une entreprise isolée et l’affiche n'a connu un développement vraiment spectaculaire qu’à la fin du XIXe siècle. En 1881, une loi
importante est votée le 29 juillet, qui interdit l'affichage libre et impose de coller les affiches sur des emplacements réservés à cet effet. Ceux-ci peuvent être de simples panneaux ou de véritables petites constructions (kiosques, colonnes Morris…). C'est à partir de ce moment que Jules Chéret (1836-1931), en s’appuyant sur une autre technique d’impression, la lithographie en couleurs met au point l'affiche moderne.
Le mot "trappistine" signifie tout à la fois une "religieuse qui suit les règles de la Trappe" et "la liqueur élaborée par les trappistes. Les mécanes du haut et les linéales du bas, toutes deux blanches, cernent sur deux bandeaux noirs le dessin. Les moines, la montagne, le nom (la trappe) sont gages de tradition et de savoir-faire séculaire dans l'esprit du consommateur. Le dessinateur fait ainsi appel au domaine rationnel de l'amateur de liqueur qui préfèrera la qualité éprouvée à la nouveauté hasardeuse. Dans ce type de publicité, on suppose que le consommateur est avant tout un être doué de raison dont l'acte d'achat dépend d'un jugement mûrement réfléchi pour satisfaire au mieux ses besoins. L'objectif de ce type de publicité est donc d'informer en mettant en évidence le besoin à satisfaire.