Réclames
Vedette (1972)
Figure paradoxale de la publicité, la Mère Denis connut une célébrité aussi rapide que tardive. En 1972. L’enseigne Vedette, voulant symboliser la qualité du travail exécuté par ses appareils, cherchait une lavandière authentique, à l’image forte et sympathique. Le choix de la Mère Denis mettait en valeur la vaillance, le bon sens, l’expérience, la ruralité, l’amour du travail bien fait et une certaine authenticité. Sixième enfant d’une famille de paysans humbles, Jeanne LE CALVE était née le 9 novembre 1893 à Kerallain, près de Pontivy, dans le Morbihan. Placée en ferme dès l’âge de 11 ans, elle avait été mariée à 17 ans, avait eu cinq enfants et avait été pendant 27 ans, garde-barrière.
Après la mort de deux de ses enfants, sa séparation d’avec son mari puis sa démission de la Compagnie des Chemins de Fer (elle perdait ainsi tous ses droits à une pension), elle eut l’idée de laver le linge des autres : En toutes saisons, Jeanne alla ainsi de familles en familles, elle «batouilla » à son lavoir sur la Gerfleur, la rivière qu’elle aimait tant mais dont l’eau était si glaciale l’hiver… La Mère Denis avait 70 ans lorsqu’elle s’arrêta de laver le linge des autres. Ce n’est que 9 années plus tard, en 1972, qu’un ami et voisin, Pierre BATON, publicitaire parisien, lui ouvrit les portes du succès et de la célébrité. Au fil des campagnes et des spots télé de la marque d’électroménager VEDETTE, la Mère Denis acquiert une fantastique notoriété, qui lui donna le statut d’un personnage public. Le slogan « Comme la Mère Denis, les machines à laver Vedette rincent en profondeur » , et la réplique « c’est ben vrai ça » deviennent culte. Les Français s'éprennent de cette figure de l'avant société de consommation, tout en achetant les lave-linge de la société de consommation. La mère Denis fait figure de passeuse d'une époque à l'autre et d'un pas à un autre.
En 1976, à l'occasion d'un livre qui paraît sur sa vie, elle participe à à l’émission télévisée « Apostrophes », et « Paris Match » la consacre comme la personnalité la plus marquante de l’année. Les campagnes publicitaires se suivent avec succès. En 1982, la Mère Denis est connue par plus de 80% des fFrançais et la marque VEDETTE est à la 2ème place sur le marché.
En 1983, lorsque la mère Denis « prend sa retraite », VEDETTE s’engage à lui verser une rente viagère, la mettant ainsi définitivement à l’abri des soucis matériels. Devenu le personnage à la fois publicitaire et réel le plus connu dans le monde de la publicité, la mère Denis a coulé des jours calmes et heureux dans une maison de retraite près de Pont Lévêque. Elle est décédée le 17 janvier 1989, dans sa 96ème année, au prieuré de St Hymer.
• Serge Grafteaux, La Mère Denis, l'Histoire Vraie de la Lavandière la plus célèbre de France, Editeur Jean-Pierre Delarge,
• CABU, Votez Mère Denis, Albin Michel - 1981